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Les cimentiers ont investi 600 MDH dans l’éolien depuis 2005 et ne comptent pas en rester là
Lafarge dispose d’une capacité de 32 MW à Tétouan et renforce la couverture de ses besoins grà¢ce à un contrat d’achat d’énergie éolienne avec Nareva. Ciments du Maroc est en phase de construire un parc éolien à Safi et un autre devrait suivre. Holcim en phase finale pour négocier un contrat d’achat d’énergie éolienne portant sur une capacité de 50 MW.
Il devait bien finir par s’y mettre. Le cimentier Holcim Maroc est en phase de conclure un important contrat d’achat d’énergie éolienne avec un spécialiste du secteur. Le top management de l’entreprise communique au compte-gouttes sur la question, les négociations étant dans leur phase finale, mais l’on sait que pour un premier pas dans l’alimentation de cette énergie renouvelable l’entreprise voit grand : elle veut bénéficier d’une capacité de 50 MW !
La filiale locale du géant suisse rejoindrait en cela Lafarge et Ciments du Maroc (Cimar) qui se sont déjà dotés de parcs éoliens, respectivement depuis 2005 et l’année dernière, pour un investissement de 596 MDH, et qui comptent à leur tour creuser le sillon des énergies renouvelables.
En effet, Cimar est en phase d’implanter un nouveau parc éolien d’une capacité de 10 MW dans la ville de Safi. Les travaux devraient être lancés avant fin 2012 pour une mise en service début 2014. Et avant même de mettre sur les rails ce chantier, la filiale de l’italien Italcementi annonce être en phase d’étudier les possibilités pour localiser et installer un site supplémentaire.
L’éolien permet à Lafarge d’économiser 10 MDH par an
Parallèlement, l’entreprise a lancé un ballon d’essai en mettant en œuvre un parc pilote de concentration d’énergie solaire au niveau de son usine d’Aït Baha. Si les essais s’avèrent concluants, le cimentier pourrait à terme commencer à alimenter ses usines au Maroc avec du solaire.
L’objectif est en fait simple pour l’opérateur : il s’agit d’exploiter pleinement les possibilités offertes par le cadre réglementaire au Maroc, lequel plafonne actuellement l’autoproduction à 50 MW. S’il porte sa production d’énergie renouvelable à ce dernier seuil, Ciments du Maroc serait en mesure de couvrir 30% de ses besoins en énergie, moyennant un total d’investissements de 900 MDH. Pour l’heure, la filiale exploite un parc éolien de 5 MW au niveau de Laâyoune, d’un investissement de 100 MDH, mis en service en octobre dernier et qui devrait à terme satisfaire 80% des besoins de son centre de broyage local.
Quant à l’antenne locale du français Lafarge, elle ne fait pas état pour l’heure d’investissement direct à venir en la matière. Cependant, l’entreprise, qui a été précurseur dans son secteur, a signé avec Nareva Holding, filiale énergie et environnement de Sni, un contrat d’achat d’énergie éolienne pour alimenter ses usines de Bouskoura et de Meknès à l’horizon 2014. L’opérateur a visiblement réorienté sa stratégie d’investissement dans les énergies renouvelables puisqu’auparavant, il s’impliquait en propre dans la mise en place de parcs éoliens. C’est ainsi qu’il a inauguré en septembre 2005 son parc éolien à Tétouan de 10 MW, cette dernière capacité faisant office de plafond d’autoproduction réglementaire à l’époque. Avec le relèvement de ce plafond à 50 MW, Lafarge Maroc a procédé à deux extensions de son parc. La première a été réalisée fin 2008 pour rajouter 10 MW de capacité. La seconde a été effectuée en juin 2009 et a porté sur un additionnel de 12 MW de capacité. En tout, le parc éolien de l’opérateur est doté actuellement d’une capacité de 32 MW ayant nécessité un investissement total de 496 MDH et qui satisfait 60% des besoins en électricité de l’usine de ciment locale de l’opérateur.
L’on se doute bien que tous ces investissements génèrent des économies non négligeables pour les opérateurs surtout que l’énergie représente près des deux tiers du coût de production des cimentiers. Si l’on prend l’exemple de Lafarge, son parc de Tétouan lui permettrait d’économiser 10 MDH par an, selon le management de l’entreprise. Ceci sans compter la manne des crédits carbone, dont profite aussi Lafarge Maroc qui est parvenu à faire certifier son parc comme mécanisme de développement propre. A cela il faut rajouter les produits de revente de l’énergie autoproduite à l’Office national de l’électricité (One). En effet, la production d’énergie éolienne étant liée à la présence du vent et à son intensité, il arrive que des excédents qui peuvent être importants soient dégagés par moment. Ce sont ces quantités qui sont cédées à des prix fixés par la réglementation sur l’autoproduction : 50% du tarif aux heures pleines et de pointe, et 40% en heures creuses. Selon les opérateurs, ces tarifs restent peu incitatifs. Ils gagneraient donc à être revus à la hausse pour améliorer la rentabilité des parcs éoliens, suggère-t-on.
Outre un investissement notable dans les énergies renouvelables, d’autres initiatives vertes peuvent être mises à l’actif des cimentiers. Citons entre autres les actions de réduction de la pollution de l’air et de réhabilitation des carrières, les programmes de plantation d’arbres destinés à servir d’écran végétal et de puits de carbone ou encore le recours aux pneus déchiquetés et aux huiles usagées en tant que combustible de substitution.