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Les bénéficiaires du RAMED déplorent la non-prise en charge totale des dépenses de médicaments
Le régime ne couvre que les médicaments à usage hospitalier, l’ambulatoire est supporté par les patients. D’après une étude des étudiants de la Faculté des sciences juridiques et économiques Hassan II de Casablanca, 20% des médicaments nécessaires en cas d’hospitalisation ne sont pas disponibles.

Le médicament est la principale source d’insatisfaction des bénéficiaires du Régime d’assistance médicale pour les économiquement démunis (RAMED). L’étude d’évaluation de l’expérience pilote de Tadla-Azilal révèle que le médicament est cité dans 76% des cas parmi les prestations non disponibles et que 35% des personnes sondées affirment acheter eux-mêmes leurs médicaments. Autre conclusion à retenir : 70% des bénéficiaires du régime porteurs d’affections de longue durée et d’affections coûteuses prennent en charge leurs traitements.
Dans le même sens, une étude réalisée par des étudiants de la Faculté des sciences juridiques et économiques Hassan II de Casablanca fait apparaître que les Ramédistes supportent actuellement le quart de la dépense médicament. Un taux qui pourrait être, selon l’étude, amélioré s’il y a une estimation réelle des besoins en médicaments et en cas d’utilisation rationnelle des médicaments selon des protocoles thérapeutiques précis. Mais, pour l’heure, selon un spécialiste du dossier, «il est impossible de procéder à une estimation des dépenses globales du RAMED et encore moins des dépenses liées aux médicaments. Sans compter que les protocoles thérapeutiques ne sont que partiellement disponibles».
Quoi qu’il en soit, l’étude des étudiants révèle que la dépense médicament atteint 300 DH par patient. Cette dépense est de 100 DH en pédiatrie et de l’ordre de 1500 DH en réanimation. Elle porte essentiellement, soit à hauteur de 76 %, sur le Paracétamol et le reste sur les produits d’anesthésie. A la sortie de l’hôpital, les patients bénéficiaires supportent en moyenne une dépense de médicaments de 200 DH. Le montant atteint 500 DH dans le cadre d’une chirurgie.
Les hôpitaux manquent de moyens
La question est maintenant de savoir si l’achat des médicaments par les patients couverts par le Ramed n’est pas incompatible avec le principe de base du régime qui est d’assurer une prise en charge totale de ses bénéficiaires. L’Agence nationale de l’assurance maladie (ANAM) rappelle que l’article 121 de la loi 65-00 régissant le régime de la couverture médicale de base précise que parmi les prestations garanties par le régime figurent les médicaments et produits administrés pendant les soins dans les hôpitaux. Par conséquent, en dehors de l’hospitalisation, les patients doivent acheter leurs médicaments nécessaires aux soins ambulatoires. Et l’agence de régulation de citer l’article 123 de la loi
65-00 qui souligne que «la prise en charge totale ou partielle ne peut intervenir que pour les maladies et blessures nécessitant une hospitalisation, des soins ou des examens pratiqués dans les hôpitaux, établissements publics de santé et services de santé relevant de l’Etat». Il est clairement établi que l’hôpital ne fournit que les produits à usage hospitalier. Mais là encore, les structures publiques de santé sont défaillantes car, selon l’étude, 20% des médicaments nécessaires en cas d’hospitalisation ne sont pas disponibles !
Justifiant l’indisponibilité des produits médicamenteux, l’agence de régulation de l’AMO évoque le problème du financement du régime d’assistance médicale. Pour l’heure, les hôpitaux ne disposent toujours pas d’un budget dédié au RAMED. Ce qui rend difficile, dit-on à l’ANAM, toute évaluation précise du budget et de la dépense médicament. Les hôpitaux font des efforts, poursuit-on à l’agence, pour garantir les médicaments vitaux et essentiels, mais il est difficile d’assurer à 100% les besoins.
Pour remédier à cette défaillance, des sources proches du dossier estiment qu’il faut «accélérer la mise en place d’un organisme gestionnaire du RAMED afin de maîtriser les dépenses et les budgets en vue de garantir l’accès aux médicaments». Le chantier est, apprend-on auprès de l’ANAM, bien avancé. L’agence a bouclé l’étude et a proposé quatre scénarios qui devront être discutés avant la prise d’une décision définitive par le gouvernement.
