Affaires
Les associations de micro-crédit habilitées à faire de la bancassurance
Al Amana en partenariat avec Wafa Assurance et les Fondations Banque populaire et Ardi s’allient avec la Mamda.
L’expérience de Inaya tentée par certaines associations n’a pas été concluante.
Les associations de micro-crédit et Barid Al Maghrib sont désormais autorisés à distribuer et commercialiser les produits d’assurance, et ce en vertu du décret d’application du code des assurances datant de fin mai et publié dans le Bulletin officiel du 18 juin 2009. Il s’agit, selon la direction des assurances et de la prévoyance sociale (Daps), d’une extension de la bancassurance conformément au principe de mise en place progressive de cette activité, retenu dans le code des assurances.
Ce décret octroie en fait aux associations et à Barid Al Maghrib le statut d’intermédiaires de l’assurance. Sachant que ces deux nouveaux acteurs de la bancassurance étaient, depuis 2006, des distributeurs sur autorisation du gouvernement qui voulait lancer rapidement le régime Inaya, une assurance maladie pour les indépendants (artisans, commerçants et professions libérales).
Désormais, les associations de micro-crédit et Barid Al Maghrib verront donc leur offre s’élargir à d’autres produits d’assurance notamment pour la protection des personnes (maladie, décès et invalidité) et des biens (incendie et vol). Elles devront, pour cela, développer des produits avec des compagnies d’assurance et déposer, au préalable, une demande d’agrément à la DAPS. Parallèlement, elles devront aussi préparer leurs équipes à cette nouvelle activité.
A l’association Al Amana pour le micro-crédit, le chantier est déjà bien avancé. L’association a procédé à la sélection de l’assureur partenaire, Wafa Assurance en l’occurrence, afin de pouvoir, dans les jours qui viennent, lancer les études pour la conception et le développement d’une offre. «Nous pensons que dans six mois, notre offre sera prête et distribuée dans nos 430 points de vente et antennes régionales», promettent les responsables de l’association.Pour sa part, la Fondation Banque populaire de micro-crédit planche sur des projets afin de compléter son offre lancée en 2007 dans le cadre de Inaya, en partenariat avec la Mutuelle centrale marocaine d’assurance (MCMA). La Fondation Ardi de micro-crédit, adossée au Crédit Agricole du Maroc, prépare aussi, pour la rentrée prochaine, un package en partenariat avec la MAMDA-MCMA, sachant que cette fondation avait déjà lancé un premier produit, en partenariat avec la CNIA.
Inaya, trop chère pour les petites bourses
Globalement, le décret du 28 mai 2009 a un double apport : il confère le statut d’intermédiaire d’assurance aux associations et élargit leur offre à des produits de micro-assurance autre que la couverture maladie qu’elles ont toutes commercialisée depuis 2006, lors du lancement de Inaya. Aujourd’hui, ce produit fait l’objet d’un «relifting» afin de répondre au mieux aux besoins de sa cible. Inaya porte sur trois garanties : Chifaa Assassi, couverture de base, Chifaa Moutakamil et Chifaa Chamil. Seule la première a réellement démarré en 2007. A l’exception de la Fondation Banque populaire de micro-crédit, les associations ont refusé de communiquer le nombre de contrats souscrits. Cette fondation déclare en avoir conclu 586 au total depuis 2007, mais ses réalisations annuelles sont sur une tendance baissière.
Cette situation atteste du peu d’engouement pour Inaya. Deux raisons sont invoquées. La première est que l’offre porte essentiellement sur la couverture médicale de base, Chifaa Assassi. La seconde est que le niveau de cotisation est jugé élevé (45 DH/an pour les adultes et 35 pour les enfants) et injustifié puisque l’adhésion n’ouvre le droit qu’à des soins dans le secteur public. Une prestation à laquelle les assurés potentiels de Chifaa Assassi ont droit gratuitement aujourd’hui moyennant un certificat d’indigence. Les associations tireront certainement les enseignements de cet échec pour mettre sur le marché des produits mieux adaptés.