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Les agences de voyages peinent à s’adapter au e-tourisme

Le manque de moyens et d’accompagnement est cité comme une des principales causes du retard en matière de digitalisation. Atlas Voyages a mis en place une interface pour mieux vendre la destination Maroc aux tour-opérateurs internationaux. Monarch Travel réalise déjà 50% de son chiffre d’affaires grâce au canal digital.

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l’heure de la suprématie des GAFA, le Maroc est à la traîne, surtout dans la digitalisation du secteur du tourisme. «Au moment où le touriste est ultra-connecté, où les techniques du e-tourisme sont de plus en plus innovantes, le professionnel marocain du voyage est très lent dans le processus d’adaptation. Faute de moyens et d’accompagnement, les agences de voyages marocaines peinent à se digitaliser», déclare Taoufik Madih,  président de l’Association des agences de voyages de la région Marrakech-Safi. Booking, Expedia, Airbnb, Liligo.com ont tous pris une longueur d’avance. «Les plateformes internationales occupent l’espace à cause de l’absence d’opérateurs nationaux forts et digitalisés», remarque Ali Benaddou, DG de l’agence de voyages Monarck Travel et sa version digitale Monackclick.

La tendance mondiale est au e-tourisme. En France, et d’après l’étude du cabinet français Raffour Interactif sur les tendances e-tourisme et marché voyageurs 2016-2017, 77% des Français ont préparé leurs voyages ou courts séjours en ligne en 2016. 49% ont réservé en ligne tout ou partie de leurs vacances en payant intégralement en ligne. Booking.com monopolise 40% des ventes réalisées par les OTA (Online tourism agency). Cette tendance se maintient. Au Maroc, peu d’agences de voyages se digitalisent. Sur les 2200 entreprises qui opèrent au Maroc, rares sont celles qui s’y sont mises.

Un site de réservation pour 600 hôtels locaux

Atlas Voyages a tenté l’expérience récemment. Cette société, qui réalise entre 40% et 45% de son chiffre d’affaires grâce au marché national, a lancé au quatrième trimestre 2017 son API (application programming interface), une interface d’échange de contenu qui offre en temps réel les produits aux TO européens et internationaux. L’objectif est de mieux vendre la destination Maroc. «Nous avons commencé le développement de ce système en 2014 et 2015 pour un lancement en fin 2017. L’avantage de l’API est d’offrir plus de flexibilité, d’offres, de meilleurs prix et des circuits dynamiques à thèmes tels que le surf… Avec ce système, on espère d’ici 2020 multiplier par 5 nos ventes par internet pour atteindre 50% du total», déclare Aziz Chérif Alami, vice-président stratégie et innovation du groupe Atlas Voyages.

Aujourd’hui, l’agence de voyages réalise 10% de son chiffre d’affaires via internet. «D’ici 2023, on espère doubler le volume d’affaires global grâce au canal internet qui nous permet de nous connecter à plus de supports de vente en Asie, au Moyen-Orient et en Afrique. L’effet est similaire à une ouverture massive de points de vente partout dans le monde», explique M. Cherif Alami. Le groupe mettra également en service un comparateur de prix des vols en dirham et un site de réservation de 600 hôtels au Maroc destiné aux nationaux. Et ce, pour concurrencer Booking.com très prisé par les touristes nationaux.

Booking est difficilement détrônable

L’idée est pertinente et sera appréciée par l’Etat pour une raison simple : «Les nuitées réservées à travers Booking.com au niveau national sont encaissées en dirham. Par contre, la commission octroyée à la plateforme est en devise, ce qui engendre une perte pour le Maroc», remarque Ali Benaddou. C’est pourquoi Monarchclik (créée depuis 2011) qui se veut une online travel agency (OTA), développe à son tour son site de réservation en ligne appelé bookit. «Ce site est en phase test pour le moment. Il se positionne sur le marché international, mais sera aussi utilisé par les Marocains qui auront la possibilité de payer leurs nuitées à l’hôtel et d’annuler leur réservation sans frais», précise M. Benaddou.

Taoufik Madih n’est pas aussi optimiste quant à la puissance des plateformes locales. Il explique en substance que Booking.com détient le monopole des réservations et sera très difficilement détrônable. Malgré cela, les OTA marocaines osent. Forte de six années d’activité dans le digital, Monarch Travel réalise 50% de son chiffre d’affaires grâce à ce canal. «En 2020, on espère atteindre plus de 70% de notre chiffre d’affaires via le canal online», aspire M. Benaddou dont un tiers de ventes proviennent de l’activité nationale. Aujourd’hui, il lorgne une nouvelle phase de développement. La PME va convertir son département online en une nouvelle entité juridique «Web Synergy Travel». «C’est une structure entièrement numérisée dotée de 250 agences affiliées et plus de 20 fournisseurs à l’international connectés en temps réel  qui propose une multitude de produits tels que les hôtels au Maroc et à l’étranger, la billetterie, les circuits, les transferts, les excursions et packages…», précise Samir Ahendouch, coordination et IT manager chez Monarch Travel. Au niveau national, la digitalisation du secteur nécessite avant tout la formation des professionnels. Encore faut-il que l’Etat et l’ONMT concrétisent leur promesse en termes d’accompagnement dans la réussite de la digitalisation.