Affaires
Les agences bancaires de moins en moins rentables
Leur nombre a doublé pour passer de 2 422 agences en 2006 à 4 780 en 2013 n Cette politique d’extension s’est accompagnée d’une détérioration des revenus générés par point de vente. Les deux tiers du personnel déployé en agences sont affectés à des tà¢ches de traitement et seulement 21% exercent du conseil commercial.
Même si le modèle de banque de détail au Maroc est donné en exemple à l’échelle de tout le continent, il reste perfectible à bien des égards. Pour sûr, les établissements de la place ont déployé un effort considérable pour étendre leur réseau sur les dernières années. Ils ont doublé le nombre de leurs agences entre 2006 et 2013 avec un parc qui passe de 2 422 agences à 4 780, selon une analyse récemment dévoilée du cabinet français Nouvelles Donnes. Tous les acteurs sont sur ce rythme de doublement, à l’exception de la Société Générale qui affiche une croissance moindre de «seulement» 60%. Mais il est intéressant de noter que cette politique d’extension volontariste a eu comme revers une détérioration des revenus par point de vente. C’est ainsi qu’Attijariwafa bank est passée d’un produit net bancaire (PNB) par agence de 11 MDH en 2006 à 9 MDH en 2013. Le PNB par point de service passe chez BMCE Bank de 10 à 8 MDH. Plus notable encore, Crédit du Maroc et Crédit Agricole voient leur PNB par agence fondre du tiers, passant de 9 MDH à 6 MDH tandis que la casse est plus prononcée encore pour le CIH dont les revenus par agence sont divisés par deux, passant de 12 MDH à un peu plus de 6 MDH. Au final, seule la Banque Populaire s’en sort indemne de cette course à l’extension de réseau avec un PNB par agence qui se maintient autour de 9 MDH entre 2006 et 2013. Une résilience que les spécialistes de Nouvelles Donnes justifient par le fait que la banque au cheval est implantée dans des régions à pression concurrentielle relativement faible, ce qui permet à ses agences de devenir rentables plus rapidement.
Les tâches administratives ne sont pas automatisées
Hormis ce cas particulier, si les banques nationales n’ont pas encore pleinement récolté les fruits de leurs efforts, c’est essentiellement parce qu’elles n’ont pas encore insufflé une culture de gestion commerciale à leurs équipes. En termes clairs, les nouveaux points de service restent jusqu’à l’heure encombrés par des tâches de traitement qui ne contribuent pas à améliorer les niveaux de revenus. Le cabinet français livre un ensemble d’indicateurs intéressants à l’appui de ce constat. Près des deux tiers de l’effectif déployé en agence au Maroc est affecté aux guichets et à des tâches de traitement et de contrôle tandis que seulement 21% des ressources sont affectés au conseil commercial. A titre de comparaison, en France 60% des agents déployés sont des commerciaux tandis que seuls 20% opèrent dans les guichets, sachant que le traitement et le contrôle sont automatisés. Autre champ d’optimisation, le tiers des ressources humaines employées dans les banques au Maroc sont installées au siège, ce qui ne laisse que deux tiers qui peuvent être déployés en agence. En France, la proportion de ressources au siège a pu être ramenée à 20%. En somme, même si le marché national semble saturé, les ressources à en retirer restent non négligeables, pourvu d’approfondir la démarche commerciale.
