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L’emploi des jeunes, un casse-tête pour l’Afrique du Nord

L’intégration régionale est citée parmi les bases de la création d’emplois dans la sous-région.

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Le bureau de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) en Afrique du Nord a organisé, du 3 au 6 octobre à Rabat, son 32e Comité intergouvernemental d’experts (CIE) ainsi qu’une réunion d’experts sous le thème : «Emploi des jeunes et développement durable en Afrique du Nord». Cette réunion a pour objectif «d’étudier, d’une part, les défis auxquels sont confrontés les jeunes de la sous-région dans la recherche d’emploi et, d’autre part, les politiques en faveur de l’emploi des jeunes».

D’après les statistiques de l’ONU (Perspectives de la population mondiale), en 2015, 30% de la population mondiale, soit 1,2 milliard d’individus, étaient des jeunes âgés de 15 à 24 ans. En Afrique, les jeunes de 15 à 24 ans représentaient 19% de la population, soit 226 millions de personnes. D’ici à 2030, le nombre de jeunes dans le continent devrait augmenter de 42%, à 321 millions.

Selon Vera Songwe, secrétaire exécutive de la CEA, «l’un des défis majeurs de la sous-région qui continue de freiner les progrès sociaux reste la question de l’emploi, surtout des jeunes et des femmes». Et de constater que «le modèle de développement et le taux de croissance, relativement élevé, que les pays de la sous-région ont connu depuis les années 2000, n’ont pas permis une expansion massive et rapide de l’emploi. Le chômage reste structurellement élevé dans tous les pays et fait apparaître des disparités significatives, selon l’âge, le sexe et la situation géographique».

Système éducatif inadapté

Au Maroc, le taux de chômage est passé de 10,4% à 10,7%, entre les premiers trimestres de 2016 et de 2017. Quant au taux de chômage des jeunes âgés de 15 à 24 ans, il est de 25,5% et devrait atteindre 30% en 2019. Pour ce qui est de l’Algérie, en septembre 2016, le taux de chômage était estimé à 10,5%, au niveau national, et celui des jeunes de 16 à 24 ans à 27%. En Tunisie, au premier trimestre 2017, le taux de chômage se situait à 15,3%, alors que celui des jeunes de 16 à 24 ans s’élevait à près de 35%. Quant à la Libye, en 2016, le taux de chômage national était estimé à 30% et celui des jeunes de 15 à 24 ans à 48,90%. Enfin, en Mauritanie et en Egypte, les jeunes constituaient respectivement 18,5% et 33,4% des chômeurs, en 2016. Au Soudan, ce chiffre était de 22,4%, en 2017. 

La CEA explique ces taux de chômage élevés par l’inadéquation entre le système de formation et les besoins du marché du travail, l’insuffisance des structures économiques qui ne sont pas assez diversifiées pour permettre d’augmenter la valeur ajoutée créée au niveau national, ainsi que le manque d’intégration régionale, aussi bien au niveau du processus de production que de la création d’un réel marché commun.

Pour sa part, le Secrétaire général de l’Union du Maghreb Arabe, Taïeb Baccouche, révèle que «l’UMA a inscrit la thématique de l’emploi parmi ses priorités et travaille sur une stratégie commune dans ce domaine, tant les problèmes auxquels font face les jeunes maghrébins sont semblables : qualité de la formation, inadéquation de la formation par rapport au marché de l’emploi, dynamisation du marché de l’emploi, développement de l’auto-emploi, etc.». D’après lui, «pour créer des emplois, il faut que les Etats créent les conditions appropriées pour que le secteur privé, aussi bien national qu’étranger, investisse». Parmi ces conditions figure la création d’un «marché suffisamment grand pour attirer les investisseurs». C’est ainsi que l’intégration régionale permettrait l’accès à un marché de plus de 100 millions de consommateurs, ce qui dynamiserait les économies de l’Afrique du Nord.