Affaires
Leasing : croissance bridée depuis 8 ans
La croissance annuelle moyenne de l’activité plafonne à 4% depuis 2009, contre un rythme de plus de 20% auparavant. Pour redécoller, le secteur doit élargir son terrain de chasse et s’intéresser à l’agriculture et aux énergies renouvelables, selon Bank Al-Maghrib.

Après une croissance miracle qui a duré plus d’une décennie, le marché du crédit-bail a considérablement ralenti la cadence sur les dernières années. Depuis 2009, le secteur a enregistré une croissance annuelle moyenne limitée à 4%. Si l’on s’intéresse spécifiquement à l’exercice 2016, le marché a même fait du surplace avec une progression de seulement 0,6%, à 14 milliards de DH. La chute est brutale par rapport à la période 1995-2008 où le crédit-bail a aligné chaque année en moyenne une progression de la production de plus de 20%.
Les spécialistes font peu de mystère des raisons de ce tassement.
Des acquis considérables malgré tout
«Il s’explique essentiellement par une conjoncture économique difficile, résultant de la faiblesse de la croissance économique dans la zone euro, principal partenaire du Maroc, et la volatilité du cycle agricole», justifie-t-on auprès de Bank Al-Maghrib, lors des premières Assises africaines du leasing organisées en début de semaine par l’Association professionnelle des sociétés de financement (APSF).
Cependant, même si la progression du secteur n’est plus ce qu’elle était, le chemin parcouru reste appréciable. La forte croissance d’avant 2008 et les hausses grappillées par la suite ont fait passer le leasing au Maroc à une tout autre échelle. Son encours, dépassant les 43 milliards de DH à fin 2016, est 6 fois plus important que le stock enregistré en 2000. Aussi, alors qu’il ne finançait que 8% de la formation brute de capital fixe (correspondant à l’effort d’investissement au niveau national), il en représente actuellement autour de 15% (une part restée quasiment constante depuis 2010). Autre signe que le secteur a gagné en poids auprès des entreprises, le financement moyen accordé par dossier a crû sensiblement. Sur les dix dernières années, il a augmenté de 25% pour le crédit-bail mobilier et de près de 50% en matière de crédit-bail immobilier pour s’établir à 455 000 DH et près de 5 MDH respectivement.
Pour autant, le secteur reste bien en dessous de son potentiel. «Le leasing ne s’est pas encore pleinement imposé en tant qu’instrument de financement alternatif notamment auprès des TPME», tranche BAM. Pourtant, les établissements (6 sociétés actuellement, toutes filiales de banques) allouent déjà plus de la moitié de leur portefeuille de financements à cette catégorie d’entreprises, selon les estimations de l’institution. Mais le fait est que le leasing représente à peine 27% des crédits d’investissement accordés aux entreprises par l’ensemble des établissements de crédit. Qui plus est, en décortiquant la structure des ressources financières des entreprises, ce mode de financement se positionne bon dernier bien après l’autofinancement, les dettes fournisseurs et les dettes bancaires.
L’Afrique et la finance participative ouvrent des voies de développement
Pour replacer le secteur sur le chemin de la croissance afin qu’il atteigne sa dimension naturelle dans l’économie nationale, les spécialistes recommandent aux sociétés d’élargir leur terrain de chasse. L’on ne peut pas dire que les sociétés soient souvent sorties des sentiers battus. En effet, le secteur est resté cantonné pendant longtemps au crédit-bail mobilier et la première opération de crédit-bail immobilier remonte à tout juste 1992, suite à quoi les opérateurs se sont petit à petit mis à la location de fonds de commerce, le lease-back… A présent, de nouvelles perspectives s’ouvrent avec la création des banques participatives qui devraient proposer une variante conforme à la Charia du leasing, l’Ijara Mountahia Bitamlik. Au-delà, pour élargir leurs horizons, les sociétés gagneraient selon BAM à s’intéresser à deux secteurs spécifiquement. Il s’agit, d’une part, pour les établissements de crédit-bail dont les financements au secteur agricole restent faibles, d’apporter des solutions de financement adaptées aux agriculteurs surtout que les banques n’ont pas toutes trouvé leur voie vers cette clientèle. D’autre part, les sociétés gagneraient à se positionner pour apporter leurs concours financiers aux projets d’investissements basés sur les énergies propres. Le développement de leur activité sur tout le marché africain reste évidemment aussi une voie prometteuse pour ces sociétés, sur les pas de leurs banques mères. Et c’est à dessein que les professionnels nationaux ont été les chefs de file de la création de la fédération africaine du leasing constituée le 9 mai dernier. Entre autres objectifs, ce regroupement veillera à l’harmonisation des législations et des réglementations en matière de leasing des Etats africains.
