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Affaires

«Le transport, l’énergie et l’eau concentrent 70% des investissements en infrastructures en Afrique»

Le cabinet est sollicité par trois types d’acteurs : Etats et établissements publics, développeurs privés et prêteurs. La maîtrise des aspects réglementaires et techniques et l’expertise financière sont nécessaires pour un accompagnement optimal des opérateurs dans leurs projets d’infrastructures en Afrique.

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DLA PIPER 1

Saad
El Mernissi
Associé en charge des projets infrastructures & énergie à DLA Piper

Donnez-nous d’abord un petit aperçu sur le cabinet DLA Piper ?

DLA Piper est parmi les plus grands cabinets d’avocat d’affaires avec plus de 4200 avocats présents dans 40 pays à travers plus de 90 bureaux. Le bureau de Casablanca, créé il y a deux ans, compte aujourd’hui 15 personnes.
La démarche du cabinet est d’accompagner ses clients avec une équipe basée à Casablanca tout en bénéficiant de l’appui du réseau international notamment du réseau africain.

Justement, vous accompagnez quelle clientèle et sur quels métiers ?

Le champ de compétence du bureau de Casablanca s’articule autour de quatre axes. Le premier axe comprend le droit des sociétés, les opérations de fusions acquisitions et le droit immobilier. Le second axe touche aux contrats commerciaux, au droit du travail et à la compliance. Le troisième axe comprend le contentieux et l’arbitrage et enfin le dernier axe, dont j’ai la charge, touche aux projets d’infrastructures et d’énergie.

Sur cette pratique que nous appelons «Projets», nous accompagnons trois types d’opérateurs: les Etats et entreprises publiques, les développeurs privés et les prêteurs.
Avec les premiers, nous identifions l’encadrement et la structuration juridique du projet d’infrastructure et nous procédons à la rédaction de la documentation d’appel d’offres (règlement d’appel d’offres et documentation de projet). Ensuite nous accompagnons l’autorité publique dans la sélection des candidats et nous procédons à la finalisation, la documentation de projet et le suivi.
Pour les développeurs, nous effectuons une revue du cadre juridique du pays, la préparation de la soumission à l’appel d’offres, la négociation de la documentation avec la partie publique et le suivi du projet. Enfin, nous accompagnons les prêteurs dans la revue de l’ensemble de la documentation de projet en axant notre analyse sur la bancabilité et nous procédons à la rédaction de la documentation de financement et des sûretés.

En dehors de la partie juridique, quelle est la valeur ajoutée du cabinet aux opérateurs?

L’apport majeur que nous offrons aux opérateurs est la connaissance approfondie du secteur. Chaque membre de l’équipe a une expérience importante du secteur que ce soit sur le type de projet (énergie conventionnelle et renouvelables, projets miniers, dessalement, portuaire, transport urbain…) ou le type d’opérateurs (secteur public, investisseurs privés, banques commerciales, institutions financières internationales…). Chacun des acteurs du secteur a des impératifs qui lui sont propres. En plus de la maîtrise du volet réglementaire, nos équipes sont très sollicitées sur le volet structuration de l’opération mais également sur le volet financier. Ce dernier point est majeur compte tenu du mode de financement des projets d’infrastructure qui sont dits sans recours ou à recours limité et qui de ce fait lie le remboursement du crédit à la génération cash-flow tout au long de l’exploitation du projet.

Votre cabinet est très porté sur les projets d’infrastructures et de l’énergie.

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur le potentiel de l’investissement en infrastructures en Afrique ?

A l’heure où nous parlons, la moitié de la population africaine n’a pas accès à l’électricité sachant que cette ressource conditionne le développement du continent et qu’un tiers des Africains n’a pas accès à l’eau potable. Ces besoins ne vont qu’en s’accroissant compte tenu de la forte croissance démographique et du phénomène d’urbanisation grandissant des populations africaines. C’est dire tout le potentiel de projets d’infrastructures sur le continent. Ceci se fait ressentir en premier lieu sur le secteur de l’énergie (production et distribution d’électricité, ressources naturelles, secteur minier…) mais aussi celui de l’eau (potable et pour irrigation) et le secteur des transports (ports, aéroports, transport urbain et réseaux ferroviaires). D’ailleurs, aujourd’hui ces trois domaines vitaux pour les populations à l’échelle du continent concentrent 70% des investissements en infrastructures.

Vous êtes présents sur plusieurs mégaprojets au Maroc et dans le continent. Quels en sont les plus emblématiques et comment vous voyez les perspectives ?

Au niveau de DLA Piper Maroc, notre spécificité tient au fait que nous avons un associé et une équipe dédiés pour les projets d’infrastructures composée de collaborateurs de cinq nationalités différentes (égyptienne, ivoirienne, irlandaise, française et marocaine).

Notre équipe a été impliquée dans de nombreux projets ces dernières années au Maroc notamment pour le financement du Parc éolien de Tarfaya qui reste à ce jour le plus grand parc éolien en exploitation d’Afrique ainsi que sur le financement de la centrale à charbon de Safi, le plus grand investissement privé dans le secteur au Maroc. Nous sommes également partie prenante de plusieurs opérations dans le secteur minier pour la valorisation du patrimoine minier marocain et l’accompagnement des investisseurs. Nous avons également été impliqué dans la structuration et le financement de l’usine de dessalement d’Agadir.

Notre cabinet accompagne de nombreux projets d’infrastructures en Afrique dans le secteur de l’énergie, des mines, des ressources naturelles. Nous accompagnons également des opérateurs marocains dans leur développement africain comme l’OCP pour la mise en activité de son importante usine d’engrais en Ethiopie pour un investissement de 2,2 milliards d’euros.
Concernant les perspectives, le développement reste majoritairement dédié au secteur de l’énergie et notamment des énergies renouvelables. Le Maroc a pris des engagements forts en ce sens pour atteindre en 2030 le chiffre de 52% de l’énergie électrique produite au Maroc qui doit provenir des énergies renouvelables. Pour le reste du continent africain, les énergies renouvelables s’imposent comme une évidence non seulement en termes de développement durable mais aussi comme choix économique compte tenu de la baisse des coûts des installations notamment pour le photovoltaïque mais également en termes de gestion du réseau de transport et de distribution d’électricité en permettant d’électrifier des zones sans les raccorder au réseau national (off-grid). Les opérateurs marocains ont toutes leur place dans ce développement notamment à travers l’entrée du pays au sein de la CEDEAO et l’essor de la place financière de Casablanca.