Affaires
Le tourisme, catalyseur de la croissance en Afrique
Le nombre de touristes devrait continuer de croître de 5% par an, jusqu’à atteindre 134 millions en 2030. L’Egypte, le Maroc, l’Afrique du Sud et la Tunisie ont enregistré les arrivées de touristes internationaux les plus importantes durant la période 2011-2014.

«Le tourisme au service d’une croissance transformatrice et inclusive». Tel est le thème du Rapport 2017 de la CNUCED sur le développement économique en Afrique présenté, le 5 juillet à Rabat, lors d’une conférence de presse organisée par le Centre d’information des Nations Unies. En Afrique, le secteur du tourisme s’est fortement développé. Le nombre d’arrivées de touristes est ainsi passé de 24 millions en 1995-1998 à 48 millions en 2005-2008, pour atteindre 56 millions en 2011-2014. Entre 2010 et 2030, ce nombre devrait croître de 5% par an jusqu’à atteindre 134 millions en 2030. En 2015, le continent a accueilli 4,4% des arrivées mondiales de touristes et bénéficié de 2,3% des recettes touristiques mondiales. En 2011-2014, l’Afrique du Nord était la principale destination touristique du continent, enregistrant le plus grand nombre d’arrivées de touristes internationaux et la plus grande part de ces arrivées (47%), suivie par l’Afrique Australe (22%) et l’Afrique de l’Est (20%).
Durant la période 2011-2014, l’Egypte (9,9 millions), le Maroc (9,8 millions), l’Afrique du Sud (9,2 millions) et la Tunisie (6,8 millions) ont enregistré, en moyenne, les arrivées de touristes internationaux les plus nombreuses. Ces quatre pays ont accueilli 64% de l’ensemble des arrivées au cours de la période 2011-2014. En 2015, le Maroc a été le seul pays africain à recevoir plus de 10 millions de touristes internationaux.
Quatre touristes internationaux sur 10 sont africains
Les recettes d’exportation du secteur, qui comprennent les dépenses de tourisme récepteur et les services de transport international de voyageurs, ont plus que triplé, passant en moyenne de 14 milliards de dollars sur la période 1995-1998 à 41 milliards de dollars de 2005-2008, puis à 47 milliards de dollars de 2011 à 2014. De ce fait, entre 1995 et 2014, les recettes d’exportation du tourisme ont progressé de 8,9% par an. Sur la période 2011-2014, le secteur touristique a attiré 26 milliards de dollars d’investissements en moyenne (1,8% du PIB) et une trentaine de milliards de dollars en 2016.
La contribution totale du tourisme à l’emploi est de plus 21 millions sur la période 2011-2014, soit près de 7,1% de l’emploi total (environ un emploi sur 14 dans le continent). Même si elle est importante, cette part reste inférieure à la moyenne mondiale (un emploi sur 11).
Quant à la contribution totale du tourisme au PIB de l’Afrique, elle est passée, en moyenne, de 69 milliards de dollars en 1995-1998 à 166 milliards de dollars en 2011-2014, soit de 6,8% à 8,5% du PIB. Cette contribution est inférieure à la moyenne mondiale (10% du PIB).
Libéralisation des transports aériens pour développer le tourisme intra-régional
En ce qui concerne le tourisme intra-régional, sur 10 touristes internationaux, quatre sont originaires du continent. Bien qu’elle soit en hausse (34,4% en 2010 contre 40,3% en 2013), cette part demeure inférieure à la moyenne mondiale (près de quatre touristes internationaux sur cinq sont originaires de la même région). En Afrique du Nord, deux touristes internationaux sur 10 sont africains et, en Afrique subsaharienne, deux sur trois sont originaires du continent.
Afin que le tourisme intra-régional soit au service de la croissance économique du continent, le rapport recommande aux gouvernements africains de prendre des mesures pour libéraliser les transports aériens, promouvoir la libre-circulation des personnes, garantir la convertibilité des monnaies et, surtout, reconnaître la valeur du tourisme africain et l’intégrer dans leurs plans de développement. Ces mesures stratégiques pourraient produire des effets assez rapides et concrets. A titre d’exemple, la libéralisation de l’espace aérien africain pourrait créer 155000 emplois, entraîner une augmentation du nombre de passagers de près de 5 millions, contribuer à hauteur de presque 1,3 milliard de dollars au PIB du continent et se traduire par un gain d’un milliard de dollars pour les consommateurs. Les communautés économiques régionales doivent également élaborer des projets conjoints de développement des infrastructures et d’investissement, par exemple en favorisant les investissements transfrontaliers dans les hôtels, les aéroports et les routes.
A noter que le premier Plan décennal de mise en œuvre de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine prévoit l’application intégrale d’une stratégie africaine pour le tourisme, ainsi que la création d’une organisation africaine du tourisme. Il fixe comme objectif le doublement au moins de la contribution du tourisme au PIB réel entre 2014 et 2023. La réalisation de cet objectif nécessite cependant une croissance plus importante et plus rapide du secteur.
