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Le tapis marocain séduit l’Amérique et tente de retrouver son attrait en Europe
En vingt ans, les exportations ont été divisées par quatre en raison de la concurrence asiatique. L’Allemagne continue à absorber 70% de nos ventes.
Le plan de relance a commencé par la revalorisation du tapis rural.
n Une première collection prête en septembre.
L’objectif est de porter les exportations à 500 000 m2 d’ici 2015.
A près le lancement, en 2007, de la marque Tissli, le secrétariat d’Etat chargé de l’artisanat a entamé la mise en œuvre d’un plan de relance des exportations du tapis marocain et de redynamisation du marché local. Ce plan, pour lequel un budget de 125 MDH a été dégagé, prévoit ainsi la promotion et la revalorisation des deux types de tapis (rural et citadin) ainsi que la diversification des débouchés.
Pour la première année de ce plan qui s’étendra sur sept ans, entre 2009 et 2015, l’accent a été mis sur le tapis rural, en l’occurrence ceux du Haouz, de Chiadma, d’Essaouira, de Marrakech et de Bejaâd. «Le plan prévoit un programme de formation au profit des noueuses dans le but de permettre l’anoblissement du tapis, d’innover en matière de design et d’améliorer la qualité de la matière utilisée», explique-t-on au secrétariat d’Etat chargé de l’artisanat qui aidera à commercialiser certaines collections. La première collection du tapis de Bejaâd sera prête en septembre prochain. Suivront les collections du Haouz et de Sidi Bouhi en octobre et novembre.
En 2010, les actions de promotion porteront essentiellement sur les tapis du Haut et Moyen-Atlas (Ouarzazate et Khénifra) qui présentent d’importantes opportunités d’exportation sur le marché européen, italien et autrichien en particulier ainsi que sur le marché américain. Ces actions, conjuguant effort de créativité et authenticité du tapis rural, ont permis une revalorisation du prix sortie usine de ces tapis qui atteint
aujourd’hui entre 1 000 et
1 500 DH le m2 pour un prix de vente final du tapis estimé entre 24 000 et 27 000 DH chez les galeristes new-yorkais.
Pour le tapis citadin, le plan de relance prévoit, en collaboration avec les coopératives de Rabat, Salé et Kénitra, la mise en place d’une marque de certification qui sera développée avec le laboratoire de l’Ecole supérieure des industries textile et de l’habillement (Esith). «Un cahier des charges déjà élaboré fixe les normes (types de laine utilisés et les techniques de filature) auxquelles doivent répondre les manufactures afin d’obtenir le label Maroc qui leur sera délivré par l’administration», explique-t-on au secrétariat d’Etat chargé de l’artisanat.
Parallèlement à ces actions, les entreprises pourront bénéficier d’un programme de mise à niveau géré par l’Agence nationale pour la promotion de la PME (ANPME) auquel un budget de 30 MDH a été alloué.
Des actions pour dynamiser le marché local
Autre projet actuellement à l’étude : la création d’une Bourse de la laine jusqu’ici vendue à la toison. Développé conjointement avec les éleveurs, ce programme permettra l’amélioration de la qualité de la laine et, en fin de compte, celle du produit final.
Cette branche d’activité avait bien besoin de ce coup de pouce parce que depuis 20 ans, ses exportations, en l’absence d’une stratégie commerciale, ne cessaient de dégringoler, passant de 2 millions de m2 en 1989 à 400 000 aujourd’hui -sur une production de 800 000 m2- pour un chiffre d’affaires de 70 MDH, selon les dernières statistiques du département de l’artisanat. Le principal débouché reste le marché allemand qui continue à absorber 70% de nos exportations. Sa demande portait essentiellement sur le tapis amazigh. Mais dès la fin des années quatre-vingt, le tapis marocain a fait les frais de la concurrence des tapis asiatique, iranien et népalais.
L’arrivée de la Chine sur le marché allemand, à la fin des années 90, a forcé la baisse de la valeur des exportations parce qu’il fallait s’aligner sur ses prix qui n’excèdent pas 12 euros le m2. L’objectif du plan de relance est donc de briser cette tendance et de porter les exportations à 500 000 m2 en 2015 et le chiffre d’affaires à 200 millions de DH, notamment grâce à la revalorisation du prix de vente qui était tombé jusqu’à 18 ou 20 euros/m2. L’ambition était de le hisser à 80 ou 100 euros sur le marché européen. Une barre qui est déjà dépassée pour certains produits vendus sur le marché américain.
En dehors de la promotion du tapis à l’export, le plan de relance vise également la dynamisation du marché local pour lequel l’offre est estimée à 400 000 m2, alors que les consommateurs marocains optent de plus en plus pour le tapis manufacturé. Des actions sont programmées pour présenter et valoriser les tapis de chaque région du Royaume dans le cadre d’expositions qui auront lieu d’ici 2015 dans différentes villes du pays.