Affaires
Le tapis marocain ne s’exporte plus
Le manque d’innovation et la concurrence des pays asiatiques ont fait chuter la demande
Une réduction des droits de douane sur les intrants a été opérée.
Le tapis marocain est en crise. Selon des chiffres fournis par la plate-forme du commerce international du tapis, qui se trouve en Allemagne, sur les six premiers mois de 2003, les importations de tapis en provenance du Maroc n’ont guère dépassé 142 984 m2 alors qu’elles se chiffraient en moyenne à 1,6 million m2 par an au début des années 1990. Selon les professionnels, la chute de ces exportations concerne un type particulier de tapis dit «tapis de l’Atlas» qui est, malheureusement, le plus vendu. Cette chute a été aussi rapide que son expansion. «Les fabricants qui produisaient 5000 m2 par jour n’en produisent plus que 200, faute de demande», estime-t-on au ministère de tutelle. Plusieurs explications sont avancées pour expliquer cette chute. Selon certains, les problèmes d’inconstance dans la qualité du tissage de l’artisanat marocain ont conduit à leur perte d’attractivité. Pour d’autres, les raisons sont plus complexes et ont trait notamment à une suroffre du tapis de l’Atlas sur les marchés internationaux, qui a abouti à une chute des prix, ce qui a poussé les artisans marocains à lésiner sur la qualité. Les importateurs allemands se sont alors tournés vers d’autres marchés plus fiables, en l’occurrence le Népal . La suroffre a entraà®né une chute des prix et donc une baisse de la qualité La deuxième raison avancée est relative, elle, au mode de fonctionnement selon le principe d’une sous-traitance basique à savoir que les artisans marocains reçoivent les dessins et les spécificités de fils à utiliser. Le manque d’innovation locale a rendu l’offre pratiquement caduque. Troisième explication, cette fois-ci fournie par Mohamed Messaoudi, un expert de l’artisanat marocain, qui temporise en indiquant que les fabricants marocains n’ont pas les moyens de s’imposer face aux négociants étrangers et notamment iraniens qui en sont à la troisième génération dans le métier du négoce du tapis. Enfin, sur le marché local, le tapis artisanal connaà®t, quant à lui, deux types de concurrence : l’installation d’usines spécialisées dans la production industrielle de tapis et l’importation massive en provenance des pays asiatiques après la disparition des prix de référence. Pour aider le secteur, le ministère de l’Artisanat vient d’obtenir une réduction des droits de douane sur les intrants, soit la laine, la soie et la teinture végétale. Les taux sont passés de 57% à 2,5%. Mais cela sera-t-il suffisant ?