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Le Souss-Massa-Draࢠse dote d’un plan de développement à  long terme

Une première dans l’histoire des régions : le Souss-Massa-Draâ élabore un plan de développement sur la base d’une étude stratégique réalisée par
Mc Kinsey.
Fer de lance de l’avenir de la région : le tourisme, l’agriculture et la pêche.
70 chantiers sont identifiés, dont 10 feront l’objet d’un traitement prioritaire.

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Comment faire de la région Souss-MassaDraâ une région prospère et de sa capitale, Agadir, une destination phare dans les pays de la zone euro-méditerranéenne ? Réponse concrète dans le plan d’action décliné, lundi 31 mai 2004, par les responsables de la région, lors d’une réunion tenue au siège de la wilaya d’Agadir.
C’est, en effet, un vrai travail de ratissage total du potentiel de développement de l’économie de la région de Souss-Massa-Drâa qui a été présenté par le président du Conseil régional, Aziz Akhannouch et le wali de la région Mohammed Ali Ghannam, sur la base d’une étude réalisée par l’un des plus prestigieux cabinets d’études stratégiques, Mc Kinsey, en l’occurrence. Une première pour une région !
L’étude, qui a coûté 9 millions de DH, et impliqué plus de 300 personnes entre administratifs, opérateurs économiques et élus locaux, a passé au crible tous les leviers de croissance pour les prochaines années, mais aussi les faiblesses, avant d’établir une stratégie pour toute la région. L’approche adoptée, ainsi que les idées qui la sous-tendent, ne manquent pas d’originalité dans la mesure où le diagnostic est réalisé à la fois par secteur (30 secteurs ont été identifiés), par zone géographique (la région a été découpée en 10 zones), et par domaine d’action (30 domaines d’action ont été retenus). Résultat : un listing de 70 dossiers pour une mise à niveau totale de la région Souss-Massa-Draâ. Chaque dossier constitue d’une certaine manière un tout, en soi, car précaution a été prise pour qu’il n’y ait pas de chevauchements, ni d’interférences négatives entre ces projets. Mais, et l’on s’en doute, mener de front 70 chantiers en même temps, et au même rythme, constitue un travail de titan. Ceci d’autant que l’ambition qui est bien là peut se heurter à l’insuffisance des moyens, financiers ou autres, ce qui a incité les promoteurs de l’étude à rester réaliste.

Première région exportatrice de produits agricoles

Aussi, pour rester les pieds sur terre, une dizaine de dossiers ont été retenus pour être suivis de façon prioritaire. Il s’agit de la gestion des ressources hydriques, de l’agriculture extensive, du désenclavement aérien de la région, de la valorisation de la pêche, d’une politique fiscale et budgétaire efficace, de la création d’une plate-forme agro-technologique et de micro-entreprises autour du secteur du tourisme et, enfin, du dossier de l’autoroute Marrakech-Agadir dont la bonne nouvelle est tombée dès mardi 1er juin, avec l’annonce du démarrage des travaux en septembre 2005, décidé par SM le Roi.
Pour comprendre ces choix, il faut revenir aux secteurs locomotives de l’économie locale, en l’occurrence l’agriculture moderne, le tourisme et, dans une moindre mesure, la pêche, qui constituent le socle de l’activité de la région. Souss-Massa-Draâ est la première exportatrice de produits agricoles du pays, Agadir est la première station balnéaire, et la pêche mérite un traitement meilleur qu’elle n’en bénéficie actuellement. Les trois secteurs réclament un développement plus volontariste, condition pour que les équilibres économiques et sociaux, déjà fragiles, ne soient pas rompus.
Prenons l’exemple du tourisme. Agadir accueille aujourd’hui quelque 650 000 touristes par an, soit 4
millions de nuitées. Le tourisme dans la région mobilise 150 000 emplois et crée une valeur ajoutée de 7 milliards de DH. Selon le scénario optimiste retenu par l’étude, la région peut recevoir en 2015 1,5 million de touristes, soit 8,6 millions de nuitées, générant une valeur ajoutée de 15 milliards de DH pour 250 à 300 000 emplois. Ce scénario – l’étude fait aussi une projection moins optimiste et une autre pessimiste – est réalisable car, avec les projets en chantier dans le cadre du plan Azur, le potentiel de croissance est important à condition qu’il soit soutenu par d’autres mesures, et en premier lieu celui de désenclaver la région par air et par terre.

Encouragement à la création d’activités de niches

Avec le démarrage de la compagnie charter de Royal Air Maroc, d’ici à la fin de l’année en cours, et d’une manière générale l’ouverture du ciel, en dehors de Casablanca, les vols directs sur Agadir à partir des marchés émetteurs devraient se multiplier. Actuellement, Agadir reçoit 69 rotations par semaine, et selon l’étude de Mc Kinsey, le nombre de rotations devrait être porté à 269 en 2010. Mais il s’agit, pour la destination, de savoir s’insérer dans la politique du gouvernement qui cherche à développer avec les tour-opérateurs (TO) étrangers les vols point à point, comme cela s’est fait avec Globalia, qui va programmer deux vols supplémentaires sur la ville à partir de juillet prochain. De même que le voyagiste TUI devra programmer trois vols réguliers à partir d’octobre prochain. Il s’agit donc pour la région de faire du lobbying en présentant des projets solides et bien ficelés financièrement pour le développement de la région. Ainsi, l’extension de l’aéroport d’Agadir Al Massira, à l’horizon 2010, devient impérative, sinon il risque de constituer un goulet d’étranglement par sa capacité réduite et par les coûts de stationnement qui restent élevés. Cet aéroport accueille aujourd’hui un million de passagers alors que, non loin de là, les Iles Canaries en accueillent 15 millions. A cet effet, les autorités locales de la ville et les élus sont en contact avec les responsables canariens pour récupérer une partie de ce flux, à partir de la mise en place d’une navette.
Pour cela, il faut encourager la création de petites entreprises dont l’activité est liée au tourisme. Dès les jours qui viennent, un appel à manifestation d’intérêt sera lancé par le conseil de la région pour inciter à la création de micro-entreprises. D’une part, il s’agit de développer des petites niches liées aux activités sportives nautiques, aux sports dits extrêmes, aux centres de remise en forme, etc. D’autre part, il s’agit d’initier des activités pointues comme des projets d’industries cinématographiques, à l’instar de ce qui se fait déjà à Ouarzazate, de moderniser l’artisanat, et de mettre en valeur les richesses culturelles et celles de l’arrière-pays, notamment en favorisant les liaisons routières. Cette multitude d’activités devra être accompagnée par une politique en matière de formation aux métiers du tourisme et par la construction d’infrastructures sanitaires de niveau.
Car, en dehors du tourisme, le message à retenir est que, d’une manière générale, les potentialités de la région sont énormes, mais que si elle reste enclavée, les problèmes peuvent rapidement s’aggraver : mort de la petite agriculture extensive, chômage , exode rural, et donc problèmes sociaux. C’est à la prévention de ces problèmes que les élus et les autorités de la région Souss-MassaDraâ se sont aujourd’hui attelés.
Un comité de pilotage général, présidé par le wali et le président de la région, se charge du suivi, selon la priorité du dossier, avec les comités thématiques et techniques. Une structure légère (5 à 6 personnes) sera mise sur pied pour chaque projet

Le diagnostic a été réalisé à la fois par secteur (30 secteurs ont été identifiés), par zone géographique
(la région a été découpée en
10 zones), et par domaine d’action
(30 domaines d’action ont été retenus).
Résultat :
70 chantiers pour une mise à niveau totale de la région.