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Le secteur Automobile résiste à la crise au Maroc
Si mondialement le secteur de l’automobile est fortement impacté par la crise, ici le marché semble résister.

Si mondialement le secteur de l’automobile est fortement impacté par la crise, ici le marché semble résister. Toutefois, les professionnels sont partagés. D’aucuns prédisent une baisse des ventes de l’ordre de 5% à la fin de l’année, par rapport aux chiffres record de 2012 (plus de 132 000 véhicules écoulés), tandis que d’autres, au regard des statistiques de ces quatre premiers mois de 2013, prévoient une hausse avoisinant les 6%. Soit des ventes cumulées à fin 2013 de l’ordre 125 000 autos pour les pessimistes, ou de 138 000 voitures pour les optimistes. Quoi qu’il en soit, dans les deux cas, on est loin de la croissance à deux chiffres dont le secteur nous avait habituée. Peut-on alors avancer les termes de «repli», «prudence», «attentisme», «stagnation» ? Pas encore. Ceci dit, la menace plane bel et bien. Si les indicateurs sont au vert, ils s’apprêtent à passer à l’orange. On peut même dire qu’ils y sont déjà, étant donné que le parc national est sous-motorisé.
L’orange puis le rouge ? Une hypothèse probable dès lors que l’on scrute les indicateurs macro et micro-économiques. Le pays est traditionnellement arrimé à la Vieille Europe. Lorsque cette dernière s’enrhume, le Maroc éternue. Ses deux principaux partenaires, en l’occurrence la France et l’Espagne, souffrent. Ces deux contrées abritent une importante population de MRE. Ces derniers ne sont pas épargnés par la crise. Résultat : le transfert de devises fond comme neige au soleil. Ici, l’économie est atone. L’octroi de crédits obéit désormais à des règles prudentielles de plus en plus draconiennes.
Dans ce contexte, changer ou acheter une voiture n’est plus une priorité. Les importateurs ont beau se livrer à une guerre des prix effrénée, l’auto qui pourtant n’a jamais été aussi accessible redevient un rêve pour de nombreuses bourses. Dans de pareilles circonstances, il appartient aux pouvoirs publics de stimuler le secteur. Or, la dernière Loi de finances l’a plutôt «plombé» ! Hausse de l’ordre de 50% des vignettes, des frais d’immatriculation, de la TVA sur les autos dépassant 700 000 DH HT… sans compter un carburant sans plomb qui s’enflamme de 2 DH par litre. Cette dernière mesure a d’ailleurs totalement dévalorisé les motorisations essence pourtant moins polluantes que le diesel. Les véhicules d’occasion ont subi une décote impressionnante. C’est comme si ce que l’Etat avait donné aux consommateurs avec le démantèlement douanier (0% de droits de douane sur les véhicules fabriqués dans l’UE), il le reprenait via des «mesurettes» qui engrangent peu d’argent mais qui fragilisent tout un pan de l’économie nationale.
Face à ces tergiversations, les professionnels du secteur manquent de visibilité. Plutôt qu’être considérés comme une fausse poule aux œufs d’or, ils devraient être entendus. Pourquoi l’Etat continue de subventionner le gasoil ? Pourquoi n’encourage-t-il pas l’achat de véhicules dotés de la technologie hybride via un bonus écologique ? Pourquoi les véhicules d’origine asiatique sont-ils encore si lourdement pénalisés par les droits de douane ? Pourquoi les taxis ne sont-ils pas à la fois contraints et incités (et l’un ne peut aller sans l’autre) à renouveler leur parc ? Voilà quatre pistes de réflexion qui peuvent être réglées en 2013 et lancées en 2014. Tout le monde y serait gagnant. Mais de telles mesures bénéfiques à la collectivité et à l’économie semblent paradoxalement plus difficiles à mettre en œuvre…que d’augmenter des taxes. Pourtant, le rôle du politique est de servir le bien commun. Apparemment, on préfère continuer à considérer l’automobile comme une «vache à lait».
