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Le ralentissement de la croissance reflète le faible niveau de complexité de l’économie marocaine
Pour contribuer au débat sur le nouveau modèle de croissance à construire, le HCP réalise une étude sur le potentiel de diversification de l’économie, fondée sur une approche nouvelle. Les exportations sont, pour 66%, dominées par les matières brutes, les produits primaires et à faible contenu technologique.
C’est une étude extrêmement pointue que le HCP vient de réaliser sur «Le potentiel de diversification de l’économie marocaine et les nouvelles opportunités de sa croissance». Empruntant à l’Université de Harvard son approche des transformations structurelles des économies, fondée sur les concepts de «l’Espace Produit» et de «la complexité économique», le HCP a analysé dans cette étude la réalité de l’offre exportable du Maroc et, en vue d’identifier de nouvelles opportunités de croissance, évalué son potentiel de diversification en tenant compte de ce qu’il appelle «les capabilités productives» existantes.
Comme l’explique son premier responsable, Ahmed Lahlimi, le HCP a voulu, par cette étude, apporter sa contribution au débat sur le modèle de croissance à construire, partant du constat que l’actuel a montré des signes d’essoufflement depuis des années. C’est un fait, en effet, que depuis 2009/2010, la croissance économique a décéléré, et sa composante non agricole tout particulièrement n’a plus retrouvé le palier de 5% qu’elle avait pu atteindre au cours de la décennie 2000. De sorte que la variation du PIB, depuis, a plutôt été rythmée par la conjoncture dans le secteur agricole.
Les facteurs qui ont été à l’origine de ce retournement de tendance sont maintenant à peu près cernés : le principal moteur de croissance qu’était la demande intérieure au cours de la décennie 2000, en raison de l’insuffisance du financement domestique, se grippait peu à peu. Et la demande extérieure qui devait apporter les ressources manquantes, via les exportations, n’a pas pu véritablement prendre le relais de la demande intérieure. D’où le ralentissement de la croissance économique, et l’apparition puis le creusement des besoins de financement de l’économie, comme nous l’indiquions dans notre précédente édition. Ce résultat, celui d’une croissance faible, est en réalité conforme au contenu et à la complexité de l’économie marocaine, toutes choses qui apparaissent, au bout du compte, dans la dynamique des exportations, nous dit le HCP.
2% des exportations concernent des produits dont l’avantage comparatif est en déperdition
A partir d’une classification des exportations en cinq classes de produits en fonction de leur avantage comparatif (stable, en transition, latent à court terme, latent à long terme, perdu), l’analyse révèle que le pays est parvenu à stabiliser une proportion relativement faible (60% depuis 2010) de ses exportations ayant un avantage comparatif. La part des produits à avantage comparatif en transition est encore plus faible, avec 5% du total des exportations. Les produits latents à court terme, non exportés massivement pour l’instant, mais pour lesquels l’économie a de grandes capacités pour les faire émerger dans le futur, représentent également 5% des exportations globales. Les produits latents à long terme, non exportés significativement là encore, et dont la faisabilité, au regard des capacités actuelles, est faible, ont une part de 9% de l’ensemble des exportations. Enfin, les produits dont l’avantage comparatif est en déperdition, soit parce que les capacités pour les produire n’ont pas été renouvelées, soit en raison de la forte concurrence qu’ils rencontrent sur le marché international, représentent 2% des exportations du Maroc.
Les exportations marocaines sont dominées par les matières brutes
L’examen du contenu technologique de ces produits classés en cinq catégories aboutit à la conclusion que les exportations marocaines sont dominées (66%) par les matières brutes, les produits primaires et les produits à faible contenu technologique. Pis, les produits stables, où le Maroc a réussi à préserver ses avantages comparatifs, sont à près de 90% composés de matières brutes, de produits primaires et à faible contenu technologique. Même constat pour l’avantage comparatif des produits en transition : 94% de ceux-ci appartiennent à la sphère des produits bruts, primaires et à faible contenu technologique. Il en résulte, selon le HCP, que le potentiel de diversification de l’économie marocaine se trouve concentré (à hauteur de 90%) dans la catégorie des produits bruts, primaires et à faible contenu technologique. Le potentiel des nouveaux produits de moyenne et haute technologie représente donc 10%, dont le tiers est à concrétiser sur le long terme.
En termes simples, les opportunités de diversification vers des produits à forte intensité technologique sont encore à l’état de latence. Par contre, estime le HCP, «le Maroc peut devenir plus compétitif mais seulement pour les produits de faible valeur ajoutée, car ils sont plus proches de sa structure» économique actuelle.