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Affaires

Le pouvoir d’achat grimpe dans l’ordre des préoccupations

Les 35-54 ans et les femmes sont plus sensibles à  la question du pouvoir d’achat . L’inflation est pourtant au plus bas depuis quatre à  cinq ans. Le souci pour la sécurité reste présent.

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Le débat suscité par le contrat programme qui engage l’Etat et l’ONEE a visiblement laissé des traces. Même si la majorité des ménages est à l’abri de toute hausse des prix -si effectivement le niveau de consommation reste inchangé-, la peur du contraire est manifeste. En tout cas, dans les discussions privées, l’augmentation du coût de la vie revient souvent au premier plan, surtout à la veille du Ramadan. Le baromètre La Vie-éco/Egenvalue du mois de juin confirme bien cette perception. Ils sont effet 16% des personnes sondées (pour des raisons pratiques, l’enquête est cette fois-ci limitée à Casablanca) au cours de la première semaine de juin à avoir placé le pouvoir d’achat en tête de liste des préoccupations contre 7% en avril. De la 12e place, il remonte ainsi à la 7e. La crainte est plus diffuse chez les personnes âgées de 35 à 54 ans (21,5%) et chez les femmes (17,6%). Ce qui est normal. On sait en effet que c’est en général durant cette période de la vie que les charges sont pesantes (enfants encore scolarisés, crédit logement à payer…) et que la gent féminine se réserve l’exclusivité des courses familiales.
Le sentiment de ne plus pouvoir combler le même niveau de besoins est pourtant en net décalage avec les chiffres officiels. Depuis la début de l’année, l’indice des prix à la consommation calculé par le Haut commissariat au plan (HCP) montre qu’il n’y a pas péril en la demeure : à fin mai 2014, il a même reculé de 0,3% par rapport au même mois de 2013. Et sur l’ensemble des 5 premiers mois de l’année, il n’a progressé que de 0,4%. On est pratiquement dans une situation de stabilité des prix. Sauf qu’une valse des étiquettes au cours d’une courte période peut faire naître le sentiment que tous les prix montent inexorablement. Il reste que le pouvoir d’achat n’est pas seulement apprécié du coté des prix; une baisse des revenus peut avoir le même résultat. Au Maroc, il est pourtant clair que sur ces dernières années, les salaires ont progressé plus rapidement que les prix (www.lavieeco.com). Mais quand les aspirations dépassent le poids du portefeuille, les frustrations apparaissent très vite.

La corruption n’est plus un sujet tabou

En revanche, sur plusieurs autres points, les appréciations de l’échantillon sont immuables. L’emploi, l’accès aux soins, la qualité de l’enseignement, les conditions de logement et la corruption occupent dans l’ordre les 5 premières places sur l’échelle des préoccupations avec respectivement 47%, 44%, 36%, 32% et 25% des personnes interrogées qui les inscrivent en tête de liste.  Nous avions souligné à la première publication du baromètre que les 4 premiers points cités seront difficiles à déloger parce qu’ils correspondent au minimum requis pour vivre correctement. Le niveau des préoccupations reste élevé, quels que soient la classe d’âge et le sexe.
Quant à la corruption, elle n’est plus un sujet tabou. Et le fait d’en parler librement contribue à la faire reculer, sachant que les pouvoirs publics ne peuvent rester insensibles aux plaintes des populations. Il en va de même pour la sécurité des personnes et des biens classée en 6e position (21%). A ce propos, les différentes mesures prises par les autorités de même que les sorties médiatiques sont certainement rassurantes, même si elles n’ont pas fait disparaître définitivement le sentiment de peur souvent entretenu par des faits délictueux, spectaculaires mais très isolés. Naturellement, les femmes (23%) sont plus soucieuses des potentiels risques que les hommes (19,5%). Le souci de la sécurité est aussi très présent chez les 55 ans et plus (25%). Casablanca n’est toutefois pas un «far-west». Un peu plus de 70% des sondés jugent leur sécurité et celle de leurs biens très sûre et plutôt sûre. En somme, on se met sur ses gardes même s’il n’y a pas de danger imminent.

Les questions sociétales reléguées au second plan

D’autres sujets, non moins importants, sont relégués au second plan. La place de la famille dans la société est placée en queue de liste juste après la place de la femme dans la société. Ce qui veut dire que le débat de fond sur ces sujets est circonscrit au sein des cercles associatifs et des instances officielles. On s’étonne aussi que la sécurité routière ne soit citée en premier que par 4,6% de l’échantillon alors que les drames se produisent tous les jours. Est ce parce que le fatalisme est bien ancré, que les campagnes de sensibilisation n’ont rien donné, ou que les gens ne veulent entendre que ce qui les intéresse ?

En tout cas, l’enquête montre que de plus en plus de personnes sont bien au courant de la baisse des prix des médicaments : 36% de l’échantillon au lieu de 28% dans le précédent sondage. Et parmi ces personnes, la quasi-totalité juge la décision crédible. Le programme de logement pour la classe moyenne du gouvernement est aussi bien suivi : 70% de  la CSP A et plus de 50% des C et D se disent informés. Presque tous croient aux promesses. Bref, quand il y met toute sa volonté, l’Etat peut rendre ses actions visibles.