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Le ministère de l’industrie veut «standardiser» les logements

L’idée est d’harmoniser les dimensions des murs, plafonds, planchers… Cela ouvrirait la voie à une plus grande industrialisation et donc une réduction des coûts et des délais de réalisation et une meilleure qualité.

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Agriculture industrie

Le Maroc gagnerait-il à standardiser ses logements ? C’est la question à laquelle s’intéresse le ministère de l’industrie qui finance une étude sur le sujet, confiée depuis mai dernier au Centre technique des matériaux de construction (Cetemco), en partenariat avec le ministère de l’habitat, la Fédération des matériaux de construction et l’Association professionnelle des cimentiers. Précisons-le d’emblée, l’idée n’est pas de dresser un plan type de logements qu’il s’agirait de répliquer pour fabriquer des habitats à la chaîne. Il est plutôt question de faire que les dimensions des composantes des logements (murs, plafonds, cadres pour fenêtres…) obéissent à une unité de mesure commune (le pas). Selon cette nouvelle manière de faire, appelée dans le jargon «coordination dimensionnelle», «la longueur d’un mur par exemple doit correspondre à un nombre précis de pas au lieu des dimensions aléatoires qui ont cours dans l’actuel système de construction sur-mesure», illustre Said Bouanani, directeur général du Cetemco.
Architectes et entreprises de BTP se montrent réticents
Que gagnerait-on à adopter ce nouveau système ? Selon les initiateurs de l’étude, cet effort d’harmonisation ouvrirait la voie à une industrialisation de la construction. L’idée est que si l’on uniformise les dimensions des composantes des logements, il sera possible de les fabriquer en usine pour les monter au niveau des chantiers. Cela doperait la préfabrication dont la part au niveau national reste très limitée. L’industrialisation de la construction est appelée à permettre une réduction des coûts et des délais de réalisation et garantir une meilleure qualité par rapport au système traditionnel où les composantes du logement sont coulées au niveau du chantier.
Si l’on peut penser que la réflexion autour de ce chantier prendra son temps avant que l’on en voit les résultats, il apparaît au contraire que les initiateurs de l’étude ont établi une démarche pragmatique visant à passer rapidement au concret. Ainsi, dans une première phase déjà achevée, ils se sont attelé à dresser un état des lieux pour, entre autres, identifier les contraintes qui pourraient entraver le projet.
Ainsi, il a été constaté que les architectes pouvaient constituer une poche de résistance, «ces professionnels pouvant voir dans l’harmonisation des composantes du logement des limites à leur liberté de conception», justifie le directeur du Cetemco. Les entreprises de BTP à leur tour pourraient manifester des réticences, étant donné que leur intervention se limiterait avec le nouveau système à un simple rôle de montage de composants au lieu d’en assurer aussi la fabrication, ce qui réduit leur poids dans le processus de construction. Ces opérateurs pourraient aussi faire de la résistance du fait qu’ils devront engager une transformation de leurs structures (changement des méthodes de travail, investissement dans un nouveau type de matériel…). Une dernière contrainte a trait au fait que le procédé de construction le plus répandu à l’heure actuelle au Maroc est celui des poteaux-poutres qui offre généralement peu de possibilités d’harmonisation des dimensions des composantes de logements par opposition au système des murs porteurs.
A l’heure actuelle, les initiateurs de l’étude en sont déjà à finaliser leur copie pour établir un système de coordination adapté au contexte marocain. Pour désamorcer les résistances identifiées en amont, ce système sera soumis à partir du mois prochain au niveau de plusieurs régions à des focus groupes rassemblant les architectes, les bureaux d’étude… Outre recueillir leurs remarques, l’idée est aussi de leur démontrer l’intérêt économique de ce nouveau système. Signalons à ce titre que les initiateurs de l’étude ont simulé les économies qui auraient pu être dégagées sur plusieurs projets existants, notamment de logements sociaux, si ceux-ci avaient profité du nouveau système.
L’étape suivante consistera à élaborer un guide de référence pour la mise en place d’une coordination dimensionnelle au Maroc. Les choses ne s’arrêteront pas là et les initiateurs comptent sur le ministère de l’habitat pour défendre l’intégration des préconisations de ce guide dans les cahiers de prescriptions spéciales (CPS) des marchés publics.