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Le ministère de l’agriculture renforce sa stratégie de lutte contre les aléas climatiques

L’équipement des surfaces se trouvant à  proximité des 12 barrages en construction déjà  enclenché. 20% des superficies destinées à  la céréaliculture seront reconvertis à  l’arboriculture. Semences et plants certifiés seront généralisés et la mécanisation renforcée.

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L e ministère de l’agriculture et de la pêche maritime a fait clairement de la lutte contre les aléas climatiques une de ses priorités majeures. Dans un pays semi-aride à aride et où les ressources en eau sont limitées, toute cette stratégie ne peut faire l’économie de la rationalisation de l’utilisation. Il est avéré que sur les 9 à 10 milliards de m3 d’eau qui vont à l’irrigation, 60% sont gaspillés. Le programme national d’économie d’eau en irrigation (PNEE) prévoit une économie de près de 1,5 milliard de m3 par an. Cela va être assuré par le raccordement de 395 000 ha à la grande hydraulique. Il s’agit d’un programme scindé en deux. D’un côté, les agriculteurs (175 000 ha) vont se raccorder individuellement au réseau existant. D’un autre côté, le ministère compte en faire de même pour 220 000 ha recensés après des études.
Le système de subvention va de 80% à 100% pour les exploitants qui ont moins de 3 ha. Le périmètre irrigué actuel est de 1,46 million d’hectares et le patrimoine hydro-agricole contribue pour 45% de la valeur ajoutée agricole. Et puis, dans le cadre de la valorisation des surfaces, l’Etat a engagé des programmes d’accompagnement se rapportant à l’aménagement hydro-agricole des périmètres d’irrigation en équipant de nouvelles superficies à l’aval des nouveaux barrages. On parle de près de 144 000 ha dont près de 109 000 ha déjà réalisés à l’aval des barrages et 35 200 ha associés aux onze grands barrages en cours de réalisation.
Dans la même veine, il y a aussi la nécessité de repenser les surfaces agricoles, selon leur nature, leur vocation et la probabilité de les cultiver pour en tirer les meilleurs rendements. «Il est plus opportun de reconvertir certaines superficies céréalières en d’autres cultures plus viables dans des zones fortement exposées au risque climatique», indique Ahmed Bentouhami, directeur du développement des filières agricoles.

L’introduction des produits d’assurance constitue un levier de taille

Il explique que «le choix est de reconvertir un million d’hectares en arboriculture fruitière, tout en se concentrant sur les 4 millions de céréales pour en tirer un meilleur profit en adaptant les plantations au changement climatique comme le prévoient les Plans agricoles régionaux».
Parmi les autres leviers, les plus importants pour accroître la productivité, figure le développement de la mécanisation. On prévoit, par exemple, d’ici  2020, d’arriver à 80 000 tracteurs, portant l’indice de mécanisation à 1 CV/ha (contre 0,4 CV/ha aujourd’hui). A cet effet, 700 MDH ont été mobilisés en 2010. En parallèle, le ministère de l’agriculture, s’appuyant sur l’assistance technique du Fonds des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a réalisé une étude prélude à l’élaboration d’une stratégie nationale de mécanisation. Les axes de cette stratégie portent sur le renforcement du cadre institutionnel et réglementaire pour la coordination, la concertation et le pilotage, notamment en matière d’aide de l’Etat et de financement, la promotion d’une agriculture durable répondant aux objectifs du Plan Maroc vert, le renforcement du partenariat public/privé dans le domaine de la mécanisation…
Le ministère travaille aussi sur la professionnalisation de l’encadrement et de l’orientation des agriculteurs à travers la création de l’Office national du conseil agricole, la valorisation des produits et le renforcement des axes recherche-formation-enseignement et le développement de l’agrégation.
Il y a aussi des actions corollaires comme l’amélioration de l’utilisation des engrais pour atteindre 6 millions de tonnes au lieu du million actuel et une carte de fertilité des sols cultivés aidera à la prise de décision. L’utilisation des semences et plants certifiés est plus que jamais à l’ordre du jour avec des objectifs de 100% pour la betterave et la canne à sucre, 45% pour les céréales (soit 2,8 millions de quintaux) et 10 à 30% pour les autres cultures.
Par ailleurs, les contrat-programme et les interprofessions sont d’autres moyens pour mettre à niveau les filières agricoles. Depuis le début de l’exécution du Plan Maroc vert, 15 interprofessions agricoles ont été constituées, dont 10 pour les filières végétales (agrumes, olivier, arboriculture, palmier-dattier…) et 5 pour les filières animales (viandes rouges, lait, aviculture, apiculture).
Mais dans la stratégie de développement de l’agriculture dans le pays, on ne saurait oublier la grande avancée avec la mise sur le marché des premiers produits d’assurances pour protéger les agriculteurs contre les aléas climatiques. En effet, avec ces premiers produits, ce ne sont pas moins de 332 000 ha qui ont été assurés au titre de l’actuelle campagne. On projette d’en assurer un demi million d’hectares en 2013 pour arriver à un million en 2015.