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Affaires

Le Maroc entend attirer 10% de touristes italiens en plus cette année

Les T.O. italiens intéressés par la station Saïdia. Un accord déjà  signé avec l’ONMT, d’autres sont en vue.
Le marché italien reste marqué par la crise économique en Europe.
Fès, Marrakech et Agadir escomptent des taux de croissance significatifs.

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C’est dans une ambiance bien morose qu’a démarré la Bourse internationale du tourisme de Milan (BIT), l’un des quatre rendez-vous majeurs du tourisme européen. En dépit des stands rivalisant d’ingéniosité, sur les 5,5 ha dédiés à la manifestation, les professionnels ne se bousculent pas au portillon au cours de ce jeudi 19 février, jour d’ouverture de la manifestation. Crise économique en Europe ? Crise touristique également, comme le prédisait d’ailleurs, fin janvier, l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) qui table sur une stagnation du marché mondial (925 millions de touristes en 2008) dans le meilleur des cas, si ce n’est une récession de l’ordre de
1 à 2%. Et encore, il s’agit là de calculs moyens, tous pays émetteurs confondus, car, dans le détail, l’Europe constitue, avec les Etats-Unis, l’un des continents qui connaîtront les plus fortes baisses. Il n’était donc point étonnant, ce jeudi-là, de constater que les rencontres B to B entre voyagistes, hôteliers ou encore Centre régionaux de tourisme (CRT) marocains avec les tour-opérateurs italiens se sont fait plutôt rares, pour ne pas dire inexistants. «On s’attendait certes à un salon peu animé, mais il faut dire que c’est un peu plus triste que prévu», avoue Saïd Mouhid, directeur du CRT de Casablanca.
Il faut dire que, pour la capitale économique casablanca, les touristes italiens constituent un marché de taille non négligeable en accaparant, au titre de l’année 2008, 18% des 163 000 arrivées aux postes frontières (en hausse de 3% par rapport à 2007). Ils le sont également pour des destinations comme Fès, Marrakech ou encore Agadir, dont les CRT étaient représentés, parmi la vingtaine d’exposants, au sein du stand Maroc. En effet, quand on sait que ce sont, selon les chiffres communiqués par l’Office national marocain du tourisme (ONMT), neuf millions d’Italiens qui voyagent à l’étranger chaque année, que ce soit pour vacances ou pour affaires, il y a de quoi espérer gagner quelques milliers de visiteurs transalpins en plus, en dépit de la conjoncture défavorable. Et cela d’autant plus que le Maroc compte sur l’ouverture de la station balnéaire de Saïdia, prévue en juin prochain, pour séduire une clientèle qui affectionne particulièrement les destinations méditerranéennes connues pour leurs eaux aux températures clémentes. «Les T.O. que nous avons rencontrés à ce sujet étaient tous très intéressés par Saïdia», s’enthousiaste Hamid Addou, DG de l’ONMT. Ce dernier aura d’ailleurs profité du salon pour finaliser un accord avec Ventagglio, qui s’est engagé à programmer la station dans ses destinations estivales au titre de l’année 2009. Eden Viaggi, autre T.O., lui, a déjà imprimé ses brochures pour la saison à venir, mais, tout aussi intéressé, il se montre disposé à l’insérer dans ses catalogues pour l’année 2010. Enfin, le salon aura également été l’occasion de renforcer les liens avec Alpitours, partenaire touristique traditionnel du Maroc, sur le marché italien.

Fès et Marrakech, connectés à Milan par vol direct
Il est à rappeler que pour attirer des T.O., et depuis quelques années déjà, l’ONMT mise sur les contrats de co-marketing. Un procédé qui consiste, pour l’office, à partager avec ses partenaires étrangers 50% des frais liés à la promotion d’une destination particulière ou du pays. Un résultat qui a déjà donné ses fruits en de nombreuses occasions et, avec un budget promotionnel augmenté à 550 MDH cette année, l’office devrait être relativement plus à l’aise. Le marché italien sera-t-il sensible à ces arguments ? «Nous le pensons, puisque le produit est bon. Les réactions que nous avons, en rapport avec Saïdia, sont toutes positives, elles devraient logiquement avoir des retombées, que ce soit cette année ou les prochaines années. Un salon du tourisme c’est aussi du travail sur le long terme», rassure M. Addou. Il faudra cependant compter avec les atouts marketing d’autres pays, à l’instar de l’Egypte qui propose carrément au T.O. de partager les éventuels déficits résultant de sièges d’avions non remplis. Autrement dit, chaque pays se bat avec ses armes.
Cela dit, il n’y a pas que Saïdia sur laquelle les espoirs sont mis. Dans les objectifs au titre de l’année 2009, le Maroc compte réaliser avec le marché italien un taux de croissance supérieur de 10%, soit bien plus que les 7% projetés, tous marchés confondus. Il y a donc lieu de miser également sur le tourisme culturel ou exotique. D’ailleurs, dans le cadre de l’émergence du tourisme individuel, qui voit le voyageur concocter son propre package sur Internet, deux compagnies low cost ont connecté le Maroc à l’Italie. Easyjet avec une connexion Milan-Marrakech et Ryanair avec un Milan-Fès. De quoi donner le sourire aux directeurs de CRT, ainsi qu’aux voyagistes et aux hôteliers qui ont déboursé quelque 30 000 DH chacun pour avoir leur place dans le stand Maroc. Avec quels résultats ? «S’il n’y a rien de concret dans l’immédiat, les contacts sont toujours utiles, il faut du suivi par la suite», résume Jalil Madih, DG de l’agence Alizés travel.  2009, si c’est pas sûr… c’est quand même peut-être.