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« Le Maroc doit trouver de nouveaux relais de croissance »

La mise en place d’assurances obligatoires n’est pas suffisante, les compagnies et les intermédiaires doivent multiplier leurs efforts d’innovation. Le secteur mobilise 109 milliards de dirhams qui contribuent au financement des entreprises et du Trésor. Le marché marocain devra redoubler d’efforts s’il veut conserver à  terme sa position dans la région.

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hassan boubrik

Selon vous, comment évolue le secteur des assurances dans la région MENA ?
Portée par les performances des Emirats Arabes Unis, de l’Arabie Saoudite et du Maroc, la région MENA a réalisé en 2012 une augmentation du chiffre d’affaires de 8,7% par rapport à 2011. Le secteur marocain a pu maintenir pour sa part une cadence de croissance du chiffre d’affaires très appréciable depuis 2002, avec un taux d’augmentation annuel moyen autour de 8%.

Quelles sont les branches les plus porteuses ?
Les branches les plus porteuses du secteur marocain, selon le poids en termes de chiffre d’affaires, sont la branche vie (34%), l’automobile (31%) et la maladie (9%). Selon la contribution dans le résultat, la branche automobile se distingue clairement grâce notamment à des résultats techniques solides.

À combien s’élève l’apport du secteur à l’économie nationale, et comment imaginez-vous son évolution ?
En 2012, le taux de pénétration de l’assurance (part des primes dans le PIB) a atteint 3,1% contre 2,9 et 2,8 respectivement en 2011 et 2010. Par ailleurs, les opérateurs du secteur participent activement, en tant qu’investisseurs institutionnels, dans le financement de l’économie nationale. Le secteur mobilise 109 milliards de dirhams qui contribuent au financement des entreprises et du Trésor.

Quels sont les obstacles que rencontrent les opérateurs du secteur ?
Je ne parlerai pas d’obstacles, mais plutôt de défis que doit relever le secteur. Tout d’abord et en termes de régulation, il s’agit essentiellement d’œuvrer dans les sens du respect des standards internationaux édictés par l’IAIS, que ce soit en matière de solvabilité basée sur les risques, de transparence ou de pratiques de marché. Ensuite et sur le plan économique, il s’agira de trouver des relais de croissance, notamment sur les couvertures peu distribuées (risque habitation, santé…). La mise en place d’assurances obligatoires aiderait à cela, mais ça ne sera pas suffisant, celles-ci se limitant la plupart du temps aux garanties de responsabilité civile. Les entreprises et les réseaux de distribution devront multiplier leurs efforts et innover sur le plan technique et marketing pour assurer une croissance forte pour le secteur. Enfin, il faudra assurer cette croissance dans la rentabilité, avec une tarification adéquate, et l’asseoir sur des fondamentaux techniques solides.

Où en est la réalisation du contrat programme engagé par le Maroc ?
Les différentes mesures envisagées par le contrat programme sont identifiées par le département ministériel et leur mise en œuvre a été entamée au lendemain de la signature de ce contrat. Ainsi, plusieurs réunions ont été tenues avec les différents départements concernés (Justice, Habitat, Santé, Equipement et transport (CNPAC), Finances…). Un projet de texte relatif à une mesure phare qui est l’instauration de l’obligation d’assurance chantier et responsabilité civile «RC décennale» est dans le circuit d’adoption et nous ferons le point prochainement sur l’ensemble des mesures dans le cadre du comité de pilotage, présidé par le ministre de l’économie et des finances.
n D’un point de vue régional, le Maroc a-t-il des enseignements à tirer de ses confrères ?
Nous avons certainement des enseignements à tirer de nos expériences mutuelles et c’est l’un des objectifs du Forum des superviseurs arabes.
Les législations de certains pays ont évolué très rapidement. C’est le cas par exemple de l’Arabie Saoudite dont le cadre légal de l’assurance Takaful pourrait nous inspirer. Nous essayons également de construire un socle commun minimal de contrôle, respectant les principes fondamentaux de l’assurance (ICP) tels qu’édictés par l’IAIS.

Comment réorienter le marché vers une plus forte concentration des réseaux nationaux et régionaux ?
Si vous parlez de réseaux de distribution, nous avons déjà au Maroc comme dans d’autres pays de la région des cabinets de courtage affiliés à des réseaux internationaux. Nous voyons également de plus en plus de cabinets régionaux opérer dans plusieurs pays de la région MENA. Cette tendance devrait se poursuivre à l’avenir et devrait apporter une valeur ajoutée au marché, que ce soit en termes d’expertise sur des risques particuliers ou d’innovation.
S’agissant des entreprises, certaines compagnies marocaines sont d’ores et déjà présentes dans la région, en dehors de notre territoire. Nous encourageons fortement la coopération entre le marché marocain et les autres marchés de la région MENA, particulièrement dans un contexte où, sous l’impulsion de S.M. le Roi, le Maroc ambitionne de faire de Casablanca Finance City un hub financier vers l’Afrique, notamment pour les investisseurs et les opérateurs de la région MENA.
 
Quelles perspectives dressez-vous pour le secteur ?
Le marché de l’assurance dans la région MENA se caractérise par un taux de pénétration faible de 1,3% (contre 6,6% comme moyenne mondiale).
Compte tenu de ses richesses, la région peut prétendre à un taux beaucoup plus élevé. Certains pays sont en train de faire évoluer leurs législations et leurs acteurs de manière extrêmement rapide, ce qui se traduira par une accélération de la croissance de leurs marchés.
Le marché marocain devra, par conséquent, redoubler d’efforts s’il veut conserver à terme sa position dans la région.