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«Le Maroc doit adresser des territoires où il existe une profondeur de marché importante»

• L’offre marocaine tourne autour des services CRM et ITO, qui restent des activités à faible valeur ajoutée.
• Le continent africain est le marché à adresser, pour des secteurs tels que la finance, les télécommunications, l’agriculture et l’immobilier.

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• L’offre offshoring est limitée au Maroc. Quels sont les services que le pays devrait développer ?
Le Maroc propose actuellement une offre étoffée autour des services CRM et ITO, qui restent des activités plutôt à faible valeur ajoutée. Cela dit, la filière de l’offshoring/outsourcing ne se limite pas uniquement à ces deux activités. D’autres, peu connues, composent la filière, à l’instar du BPO ou du KPO (Knowledge Process Outsourcing) / EPO (Engineering Process Outsourcing). Ces dernières sont souvent des activités à plus forte valeur ajoutée que les premières. Certaines entreprises évoluent déjà au Maroc autour de ces activités, tels que Altran (ESO) ou Infomineo (KPO), mais cela reste très marginal, compte tenu de la taille du marché mondial
Il faut noter que l’ITO, qui accapare le gros de la filière au niveau mondial, affiche actuellement un ralentissement de sa croissance. Mais le potentiel de gain de parts de marché pour le Maroc reste très important. En revanche, les BPO, KPO et ESO connaissent une croissance très soutenue à deux chiffres. Pour ne pas rater ce train, le Maroc doit se donner des ambitions fortes et se mettre à l’œuvre dès à présent pour jouer les premiers rôles au niveau international.

• Dans le contexte mondial actuel, quels sont les pays que le Maroc doit viser pour développer la filière Offshore ?
Pour développer une filière de taille significative à l’échelle du Maroc et en faire un pilier de son économie, le Maroc doit adresser des territoires d’envergure où il existe une profondeur de marché importante. Pour des secteurs tels que la finance, les télécommunications, l’agriculture et l’immobilier, le continent africain est le marché à naturellement adresser.
En revanche, pour le marché des services qui englobe l’outsourcing, le Maroc doit se tourner en priorité vers le marché européen, et, par proximité linguistique, vers les pays francophones (France, Belgique, Luxembourg et Suisse). Ces pays représentent ensemble un PIB d’environ 4 000 milliards d’euros, soit 1,6 fois le PIB de tout le continent africain.

• Quels leviers faut-il actionner pour le développement de cette filière ?
Nous identifions 5 grands facteurs clés de succès, dont la capacité à «télétravailler». En effet, avec la crise du Covid-19, nous vivons une expérience inédite sur notre manière de travailler. Cet épisode a fait sauter le verrou du travail à distance et ne sera point une limite pour les décideurs européens, surtout au regard d’un coût plus faible dans les pays du Sud pour un niveau de service similaire. Le seul prérequis étant de disposer des outils de collaborations adéquats et d’une connexion internet de qualité. Ces conditions technologiques sont à la portée de toutes les entreprises au Maroc.
Il faudra également disposer d’un vivier de ressources compétentes et en augmentation continue. L’enjeu est d’avoir la capacité de porter ces offres à l’international. Cela passe par l’accélération de la formation de profils en lien avec ces nouveaux besoins / métiers. Par ailleurs, les niveaux de «turn-over» des ressources sont élevés dans ces filières. D’où l’importance de retenir les ressources en sein des entreprises au Maroc, en leur offrant les conditions de travail, de salaire et d’avancement adéquats.
A côté, l’offre d’offshoring marocaine doit être intensifiée, pérennisée et orientée sur les marchés les plus pertinents. Le Maroc, avec l’appui des entreprises qui constituent cet écosystème, pourrait même être à la manœuvre pour la création d’évènements et salons autour de ces thématiques, directement dans les pays ciblés, et en priorité les pays européens francophones.
Il s’agit en outre d’accompagner les potentiels champions maroco-marocains. Il existe aujourd’hui des acteurs d’envergure fondés et développés par des Marocains. De belles entreprises qui tireraient profit d’un accompagnement des pouvoirs publics. L’un des principaux enjeux de ces acteurs est de disposer d’une force commerciale, à même d’adresser l’Europe, soit via une équipe basée au Maroc, soit en allant s’allier à des acteurs de taille intermédiaire (via des acquisitions, Joint-Ventures…) déjà présents sur ces marchés et disposant d’un «track record» de clients locaux. Pour ces champions marocains, l’ouverture de leur capital à des fonds d’investissements internationaux pourrait également être un accélérateur, car ils permettraient d’ouvrir les portes des sociétés de leur portefeuille et leurs carnets d’adresses étoffés.
Enfin, parmi les acteurs déjà présents au Maroc, nous constatons une prédominance des captives (filiales offshore d’entreprises internationales). Le lancement d’un dispositif de recherche actif de partenaires internationaux, soit pour la création au Maroc de filiales à 100%, soit pour des partenariats stratégiques avec des champions marocains permettrait de développer la filière Offshore au Maroc.
Sur ces 2 derniers facteurs, Ailancy, grâce à notre présence à la fois au Maroc et en France, sommes sollicités par ce type d’acteurs pour les assister dans la recherche de partenaires soit au Maroc pour des entreprises françaises, soit en France par des entreprises marocaines.


Ailancy est un cabinet indépendant spécialisé en conseil en management et couvre un large éventail de secteurs d’activité : Banque de détail, BFI gestion d’actifs, Assurance, Transformation et innovation digitale, et industrie et services.