Affaires
Le Maroc dessine une nouvelle approche de ses relations économiques sur le continent
17 conventions signées à Bamako et 26 accords de coopération conclus à Abidjan. Investissements industriels, aérien, tourisme, mine, hydrocarbures, finances et logements sociaux figurent parmi les secteurs phare concernés par les partenariats. Le rôle des entreprises privées marocaines est de plus
en plus prépondérant pour accompagner l’Afrique.
La visite royale en Afrique est tournée en premier lieu vers la diplomatie économique. En effet, le Roi Mohammed VI a affirmé devant le parterre d’hommes d’affaires et de décideurs réunis lors du Forum ivoiro-marocain que le temps du «tout politique» est révolu et que seules les actions diplomatiques sous-tendues par une véritable approche économique ont une chance de réussir.
En ligne avec cette vision, la première étape de la tournée royale, en l’occurrence Bamako, a vu la signature de 17 conventions par les officiels et dirigeants marocains et leurs homologues maliens. Ces accords ont été marqués par le rôle de plus en plus prépondérant dévolu au secteur privé. Ainsi, les conventions ont concerné plusieurs domaines, notamment la protection réciproque des investissements, l’élevage, les services aériens, les mines et les hydrocarbures, la formation professionnelle… Un protocole de coopération industrielle a aussi été signé par les deux pays.
Pour sa part, le groupe Addoha a conclu un accord pour la construction d’une cimenterie et de logements sociaux et économiques au Mali, tandis qu’Attijariwafa bank a signé une convention pour la structuration d’un financement pour les producteurs de coton, via sa filiale Banque du Mali. Le groupe marocain Alliances, déjà présent en Côte d’Ivoire et au Sénégal, a signé une convention d’intention avec le ministère malien de la défense pour la valorisation du patrimoine foncier de l’armée. Il entend ainsi reproduire au Mali son expérience réussie au Maroc.
Les décideurs de part et d’autre ont insisté sur la nécessité de promouvoir les échanges commerciaux. Selon l’Office des changes, le Maroc aura exporté vers le Mali quelque 300 MDH en 2012 et en a importé moins de 10 MDH. Toutefois, Bamako représente la deuxième destination des IDE marocains à l’étranger. Le potentiel de croissance des échanges est donc colossal.
Le quart des investissements directs marocains à l’étranger est localisé en Côte d’Ivoire
Par ailleurs, S.M. Mohammed VI n’a pas manqué de mentionner que les pays du continent n’ont plus besoin d’assistance. «Ils ont plutôt besoin de partenariats construits sur un principe d’égalité, de mutualisation des efforts et des ressources qui permettront à chacun de sortir gagnant, de projets qui vont défier sur le terrain la mal-vie, le sous-développement et la précarité», a dit le Souverain, lors de l’ouverture du Forum ivoiro-marocain, qui a réuni des centaines d’hommes d’affaires et de décideurs des deux pays.
Et c’est en marge de ce même forum, étape cruciale de la visite en Côte d’Ivoire, que les officiels et les dirigeants d’entreprises ont signé vingt-six accords de partenariat public-privé et d’investissement. Il s’agit, entre autres, d’un protocole additionnel à l’accord relatif à l’encouragement et à la protection réciproque des investissements (signé à Abidjan le 19 mars 2013), un protocole d’accord en matière de promotion des investissements entre l’Agence marocaine de développement des investissements (AMDI) et le Centre de promotion des investissements en Côte d’Ivoire (CEPICI), une convention concernant la réalisation d’un point de débarquement aménagé dans la localité de Locodjoro/ Abidjan, entre le ministre ivoirien des ressources animales et halieutiques et Aziz Akhannouch, ministre de l’agriculture et de la pêche maritime, un protocole de coopération entre le port autonome d’Abidjan et l’Agence nationale des ports, un avenant à l’accord de coopération dans le domaine du tourisme, et un accord de coopération entre Maroc Export et l’Association pour la promotion des exportations de Côte d’Ivoire (APEX-CI).
A l’instar de son dynamisme au Mali, le secteur privé n’était pas en reste lors du déplacement à Abidjan. Ainsi, le groupe CDG Développement a signé un mémorandum d’entente de coopération en matière de zones industrielles avec l’Agence ivoirienne de gestion et de développement des infrastructures industrielles. De même, le groupe Managem a conclu une convention cadre de collaboration dans le domaine minier avec le gouvernement ivoirien. Palmeraie Développement en a fait de même pour la construction de logements sociaux. De son côté, Attijariwafa bank a exprimé sa volonté d’accompagner les PME ivoiriennes à travers l’accord cadre conclu avec le Fonds africain de garantie pour les Petites et moyennes entreprises (AGF). Toujours dans le domaine du financement, la Banque centrale populaire et la Société financière internationale (SFI- filiale de la Banque mondiale) ont signé une convention de financement de 50 millions de dollars.
Et en vue de booster les échanges commerciaux et le transfert de savoir-faire entre les deux pays, la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI) ont convenu de la création d’un conseil économique Maroc-Côte d’Ivoire. Pour rappel, à fin 2012, les échanges avec la Côte d’Ivoire totalisaient quelque 740 MDH (dont 570 à l’export). Le quart des IDE marocains à l’étranger atterrit à Abidjan.
Les deux autres étapes de la tournée royale en Afrique subsaharienne, la Guinée et le Gabon, sont aussi placées sous le sceau de l’économie.