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Le Maroc a son «Googlemap» de l’agriculture : 20 millions d’hectares numérisés et mis à  jour

Le SIG permet d’avoir des informations précises sur les parcelles agricoles ainsi qu’une visualisation satellitaire avec une précision de 2,50 m. Un système de suivi des prix au quotidien pour mieux réguler les marchés.

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SIG 2011 10 12

Un simple clic et vous voilà informé sur les prix des fruits et légumes dans toutes les régions du pays. Un autre clic et il est possible de connaître le genre de culture pratiquée dans un lopin de terre, aux environs de souk El Arbaâ, dans le Gharb et même de connaître le nom de l’exploitant. Qui l’aurait imaginé ? Vendredi 30 septembre, le département de l’agriculture a annoncé la mise en place de deux plateformes technologiques consacrant la modernisation du système d’information relatif à l’agriculture marocaine. Deux grandes innovations ont donc été réalisées. Il y a d’abord le système baptisé «Asâar» qui permet le suivi au quotidien des prix de gros et de détail des fruits et légumes et la comparaison entre plusieurs régions (voir encadré). Mais c’est surtout l’achèvement du système d’information géographique (SIG) agricole qui est la plus marquante. Pendant trois ans, et grâce à une collecte d’informations très pointue sur le terrain les agents du département ont renseigné non seulement des états sur les parcelles agricoles en elles-mêmes, mais également les parcours pastoraux  et même des terres relevant du domaine forestier, en rapport avec l’agriculture. Le tout a été «apposé» sur des cartes satellitaires qui permettent une précision de l’ordre de 2,50 m.
Résultat de ce travail gigantesque : la numérisation, de 20 millions d’hectares de terres, soit bien loin des 7 millions d’hectares de superficie agricole utile existante au Maroc.
Cela veut dire qu’à travers un suivi satellitaire et des logiciels, on peut zoomer sur une parcelle de terrain donnée sur l’ensemble du pays pour en connaître la superficie, le type de culture, le rendement, l’âge du verger, et même l’espacement entre les plants et arbres. On peut également connaître l’emplacement des puits, les ressources en eau et jusqu’au nom du propriétaire exploitant. En tout 48 variables renseignées. Il s’agit là d’un outil d’une grande précision au niveau national, régional, communal et selon les différents découpages agricoles.

Un outil pour l’estimation des superficies en cas de catastrophe ou d’invasion de criquets

Question : qui peut accéder à ces informations ? Selon le département de l’agriculture, l’essentiel du contenu est du domaine public, mais pour des raisons de confidentialité, les requérants, selon leur nature, pourraient se voir imposer des restrictions, comme par exemple les données personnelles de l’exploitant.
En tout état de cause, et à l’inverse du système d’observation des prix, la plateforme SIG n’est pas consultable sur internet. Et pour cause, le système sur lequel elle repose est assez sophistiqué et il faut soit se rendre au centre de géomatique du ministère, soit faire la demande pour avoir une sortie papier.
Autre question : à quel usage ce bijou technologique est-il destiné ? Là les réponses sont diverses. En effet, en plus du suivi des campagnes agricole, il constitue aussi un moyen tout à fait fiable pour estimer les superficies de zones sinistrées en cas de catastrophe (sécheresse, inondations, invasion de criquets). Par ailleurs, cela servira de pivot pour le contrôle des subventions du FDA (Fonds du développement agricole). On peut imaginer le temps gagné sur le support papier et les déplacements lourds en coûts et en logistique pour le contrôle sur place … Le SIG peut aussi être utilisé comme un moyen de validation des subventions ou de mise en œuvre des renouvellements des vergers, notamment. Il peut aussi générer de manière automatique des documents imprimables (états de synthèse, des reportings ou enfin des tableaux de bord) à chaque phase d’un dossier.
Mieux encore, on l’utilise pour le calcul automatique des subventions aussi bien pour l’agrégation que pour les autres aides au financement. Corrélativement, les utilisateurs sont informés de l’état d’avancement ou d’instruction de toute demande en temps réel, tout comme il peut se muer en un espace de sensibilisation des agriculteurs.
Plus globalement, c’est un précieux outil d’aide à la décision et d’information des éventuels investisseurs, par exemple, mais pas seulement. Le ministère de l’intérieur, par exemple, peut y avoir recours pour l’observation des terres collectives et le département de l’eau y trouvera son compte en matière d’évolution des ressources hydriques.

Com’ese

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