Affaires
Le marché privé du médicament fléchit de 1% en volume
Le chiffre d’affaires des 10 premiers mois de l’année est estimé à 7,54 milliards de DH. Le marché public est pour sa part en augmentation continue. La faiblesse du pouvoir d’achat des Marocains et la distribution de médicaments gratuits dans les centres de santé sont pointés du doigt.

Situation mitigée du marché privé du médicament au Maroc. D’après les chiffres d’IMS Health technology, il est estimé à fin octobre 2016 à 7,54 milliards de DH, en hausse de 1%. En volume (nombre de boîtes vendues), il a par contre fléchi d’autant. Cette évolution peut être due à la commercialisation de médicaments plus chers et notamment l’introduction des industriels de nouvelles molécules. Cela peut aussi être expliqué par «un meilleur accès aux médicaments qui traitent les pathologies lourdes telles que la cancérologie, la sclérose en plaques, l’hépatite C ou encore la polyarthrite…», ajoute une pharmacienne qui précise que «seules quelques pharmacies proches des centres d’oncologie et des cliniques bénéficient de ce segment de marché». Selon la même source, la distribution gratuite de médicaments dans les centres de santé, même à des patients bénéficiant d’une couverture médicale, et le sentiment de baisse du pouvoir d’achat qui prévaut chez toutes les classes sociales ne sont pas étrangers à l’atonie du marché. «Même les médecins enregistrent une baisse au niveau des consultations», constate-t-elle.
Le taux de pénétration du générique est toujours faible
La baisse des prix n’a donc pas eu l’effet escompté sur le marché privé. On en déduit que les médicaments (22% des dépenses de santé au Maroc) restent relativement chers. Le générique, plus abordable que le princeps, est encore peu consommé, s’il n’est pas tout simplement disponible pour certaines affections. Son taux de pénétration n’est que de 35% au Maroc contre 90% en Allemagne et 80% aux Etats-Unis.
A en croire les professionnels, le marché public est par contre en nette augmentation en 2016. Et pour cause, l’Etat achète les médicaments dont il a besoin par le biais d’appels d’offres, privilégiant naturellement le moins-disant sans pour autant lésiner sur la qualité. Les producteurs marocains et les multinationales soumissionnent à leur guise aux offres de l’Etat. Le prix est très bas certes, mais les marchés sont conséquents. Pour trouver de nouveaux débouchés, l’industrie pharmaceutique marocaine se tourne vers l’Afrique. Dans la même veine, elle attend beaucoup du contrat programme du secteur qui tarde à se concrétiser. En attendant, les laboratoires espèrent au moins une réduction des délais d’octroi des AMM (autorisations de mise sur le marché) qui étaient de plusieurs années avant le décret —remplaçant celui de 1997— publié au Bulletin officiel en 2015. Ce texte entré en vigueur en février dernier est censé simplifier la procédure et doit permettre de ramener le délai à 10 mois à compter de la date de dépôt du dossier. «Il faut savoir que chaque AMM crée 10 à 12 emplois», fait remarquer un professionnel. En somme, plus c’est rapide, mieux c’est pour l’économie.
