Affaires
Le marché du poids lourd se contracte de 17% à fin octobre 2015
Le marché est sur une tendance baissière depuis 2009 en raison du tassement des grands chantiers structurants et du suréquipement des opérateurs exerçant dans le transport touristique et du personnel.

Encore une année de baisse pour le marché du poids lourd. Camions, bus et autocars peinent encore à remonter la pente. D’après les chiffres du Groupement professionnel du poids lourd et de la carrosserie (GPLC) arrêtés à fin octobre, les ventes des véhicules industriels camions ont dévissé de 17%, totalisant 2676 contre 3 227 en 2014. Epousant la même trajectoire, celles des bus et autocars ont fléchi de plus de 23%, à 504. Situation inquiétante. Les professionnels rappellent en effet que le marché est sur une tendance baissière depuis 2009 en raison du tassement des grands chantiers structurants lancés dans les années 2000 et du suréquipement des opérateurs exerçant dans le transport touristique et du personnel (bus et autocars). A les en croire, la demande pour l’extension du parc ou l’amélioration des caractéristiques des véhicules se fait très rare. Les entreprises préfèrent reporter leur décision d’investir quand ils en ont le choix. Le manque de visibilité et de confiance quant à la bonne tenue de l’activité économique explique leur réticence.
En deuxième lieu, la montée en force des ventes de l’occasion sur les cinq dernières années explique en partie la régression des ventes du neuf. Aujourd’hui, entre 2 000 et 3 000 unités sont achetées dans ce circuit chaque année, d’après les estimations recoupées des professionnels.
De plus, la difficulté d’accès au financement bancaire fait en sorte que plusieurs opérations d’achat n’aboutissent pas. Les professionnels rapportent à ce titre qu’il devient très difficile de financer son parc à crédit, vu les conditions appliquées par les établissements de crédit, notamment les sociétés de leasing. Ces dernières deviennent de plus en plus prudentes et y vont avec beaucoup de rigueur quant à l’analyse du risque des contreparties. Ce faisant, elles demandent des garanties personnelles rédhibitoires: la caution des associés, le plus souvent.
Le petit tonnage limite la casse
L’allongement des durées de rétention des véhicules est également évoquée en tant que facteur explicatif du marasme. D’après les données recoupées du ministère du transport et de l’équipement et du GPLC, la moyenne d’âge du parc des poids lourds est de 15 ans. Les 55% de l’effectif sont âgés de plus de 10 ans, dont 22% dépassent 20 ans. Ce niveau de délabrement du parc (de 3,5 tonnes jusqu’à 40 tonnes et plus) a, de manière générale, des répercussions défavorables sur le coût et la qualité du transport et de la logistique ainsi que sur l’environnement. Les répercussions sont d’autant plus importantes que le transport routier assure 75% des flux des marchandises à travers le territoire national, selon des spécialistes.
Par gamme, ce sont les ventes du 5 à 8 t qui sont les plus touchées. En dix mois, ce segment n’a écoulé que 471 unités contre 923, soit environ 50% de moins que l’année dernière. Pas mieux lotis, les véhicules 14 à 16 tonnes ont enregistré 290 transactions contre 490 un an auparavant, dévissant ainsi de 41%. Les camions 26 tonnes ne font guère mieux, ne totalisant que 28 ventes contre 45 en 2014. Le petit tonnage (3,5 tonnes) arrive par contre à limiter la casse. Ses ventes ont fléchi de 10%, passant de 467 à 415 unités. Avec la même ampleur de baisse, le segment de 32 tonnes a vu s’écouler 16 unités de moins qu’en 2014 (157 contre 173).
Force est de constater que sur les sept gammes qui composent aujourd’hui le marché, seuls les tracteurs routiers apportent une petite note positive. Avec 976 unités vendues, ils enregistrent une hausse d’environ 25% à fin octobre.
Pour expliquer la résistance du petit tonnage et la bonne tenue des ventes des tracteurs routiers (plus de 32t), les opérateurs avancent des raisons de praticité pour le premier et de coût pour le second. En effet, avec la tendance à installer des plates-formes logistiques dans la périphérie des villes, les petits camions s’imposent en tant que moyen idéal pour circuler dans les centres urbains. S’agissant des tracteurs, le coût de la tonne transportée est significativement plus faible pour une charge utile de 30 tonnes (tracteurs) que pour 8, 15 ou même 20 (segments intermédiaires).
Cela dit, les opérateurs sont très confiants quant aux perspectives. Elles nourrissent de vrais espoirs de reprise. La période 2015-2020 serait une nouvelle étape pour le secteur, selon eux. «Les nouvelles normes techniques qui s’appliquent dorénavant aux poids lourds, la nécessité de renouveler le parc vétuste et les chantiers structurants de l’Etat, notamment avec la stratégie lancée pour les provinces du Sud, les travaux du TGV, le port de Nador ou encore celui de Kénitra, vont certainement améliorer les ventes du secteur», anticipe un professionnel. Notons que la filière des poids lourds et de la carrosserie a signé le 28 juillet un mémorandum avec le ministère du commerce et de l’industrie pour l’implémentation des écosystèmes dans le cadre du plan d’accélération industrielle.
