Affaires
Le marché du poids lourd est plongé dans le marasme
En dehors de deux opérations exceptionnelles à l’actif de Scania et Hyundai, l’activité est au point mort. Les entreprises continuent de reporter leur décision d’investissement dans les flottes, faute de visibilité. La difficulté de l’accès au financement est aussi pour beaucoup quant à cette léthargie.

Après avoir essuyé une baisse de 5% en 2013, tous segments confondus, le marché du poids lourd montre des signes de reprise. Du moins d’après les chiffres du Groupement du poids lourd et de la carrosserie (GPLC). Les ventes sont certes en recul de 1,19% à fin août, mais elles sont bien meilleures qu’à la même période de l’année précédente avec -14,16 par rapport aux huit premiers mois de 2012. Les ventes des petits tonnages (3,5 à 7,9 tonnes) portent sur 1050 unités, en augmentation de 14% par rapport à l’année dernière. Mieux, le segment des 26 à 32 tonnes a progressé de 45% avec 60 unités de plus qu’en 2013. Derrière ces bonnes performances, la réalité est tout autre. Les opérateurs sont unanimes à affirmer que l’activité est au plus bas. «Nous avons passé le mois le plus catastrophique de l’année. Nous n’avons pu réaliser aucune vente», explique le directeur commercial d’un des leaders du petit et moyen tonnage. Un autre opérateur corrobore ce constat en expliquant que le redressement observé de l’activité est surtout le résultat de quelques «opérations flottes», c’est-à-dire des opérations ponctuelles non récurrentes. «Sur le segment 26 à 32 tonnes, il y avait une seule opération importante à l’actif de Scania qui a livré à la mairie de Casablanca une soixantaine de camions bennes pour la collecte des ordures. Idem sur celui du 3,5 à 7,9 tonnes avec Hyundai qui a équipé une société de lait à Marrakech dont le parc est en cours de renouvellement suite à sa reprise par de nouveaux actionnaires», confie notre source. A l’image de cette dernière opération, les opérateurs font remarquer que la majorité des ventes effectuées depuis le début de l’année sont des renouvellements indispensables à la bonne marche de l’activité des entreprises ou organismes concernés.
Manque de visibilité
Par contre, «il n’y a plus de demande pour l’amélioration des caractéristiques des véhicules de la flotte ou pour son extension», témoigne un distributeur. Les comités de direction seraient en train de reporter leur décision d’investir dans les flottes quand ils en ont le choix. Les entreprises n’ont donc pas de visibilité et manquent de confiance quant à la bonne tenue de l’activité économique. «Une grande société connue de la place vient de reporter pour la troisième fois sa décision de renouveler son parc, même si celui-ci est dans un état lamentable», confie un opérateur.
Cela dit, la difficulté d’accès au financement bancaire n’est pas pour arranger les choses. Les professionnels rapportent à ce titre qu’il devient quasiment impossible de financer son parc à crédit, vu les conditions appliquées par les établissements de crédit, notamment les sociétés de leasing. Celles-ci demandent des garanties personnelles, souvent la caution des associés, comme garantie. «Les sociétés de crédit-bail ne suivent plus. Elles retiennent des garanties rédhibitoires pour la majorité des clients, ce qui ne profite pas à l’activité du secteur. Pire, quelques-unes demandent même des hypothèques, pratique qui, en plus de soulever des doutes quant à sa légalité, est très exagérée, sachant que le bien financé reste propriété de la société de leasing», s’insurge le directeur commercial.
