SUIVEZ-NOUS

Affaires

Le marché du mobilier de luxe ne connaît pas la crise

Le marché est très atomisé et la concurrence rude, mais l’activité croît régulièrement. Les fabricants locaux ont développé leur savoir-faire dans le domaine du mobilier contemporain. Le modèle marocain dans un style moderne a beaucoup de succès, même à  l’étranger.

Publié le


Mis à jour le

Mobilier de luxe Maroc 2012 12 03

En dépit de la crise économique, le mobilier de luxe affiche des résultats satisfaisants, aussi bien des particuliers que des promoteurs immobiliers. Selon plusieurs distributeurs, le chiffre d’affaires a régulièrement augmenté durant ces dernières années. En 2011, Carré, une enseigne espagnole, a enregistré une croissance de 25% sur le segment des particuliers et de 15% sur celui de l’équipement des hôtels et résidences. Elle est restée sur le même rythme en 2012. «Cela est dû aux nombreux projets immobiliers lancés dans le pays, dont le haut standing notamment», affirme Jamal Elmkiess, DG de la société. Les clients commandent des articles pour donner une nouvelle vie à leur intérieur et les changent suivant les tendances. Signe de cette bonne santé, l’entreprise qui dispose pour l’heure d’un seul magasin à Casablanca en ouvrira trois autres en 2013. «Ce marché a beaucoup de potentiel surtout en Afrique», assure Jamal Elmkiess ajoutant que son entreprise propose des produits luxueux au prix du moyen standing.

Itqane, autre enseigne de mobilier de luxe, qui a fait de l’art de vivre marocain sa devise, enregistre également une croissance à deux chiffres depuis quelques années. «On essaie d’offrir aux clients des produits adaptés à chaque intérieur et à chaque personnalité», déclare Kamal Mekouar, PDG et fondateur de la société.

Beaucoup d’enseignes offrent du mobilier sur mesure

Ce marché haut de gamme n’est pas facile parce que les décorateurs et architectes d’intérieurs conseillent leurs clients de manière précise pour leur permettre de réussir des espaces définis pour chaque intérieur et chaque usage. Autrement dit, il leur faut des modèles qui correspondent à leur identité, souvent du sur mesure. Il revient donc aux distributeurs de s’adapter à ces exigences. Mais comme dans les moyens et bas de gamme, beaucoup d’enseignes, plus particulièrement les franchisées, importent leurs produits. Impossible de connaître le montant exact mais d’après les chiffres de l’Office des changes, la valeur des importations de sièges, meubles, matelas et articles d’éclairage a atteint 446 MDH à fin septembre 2012 contre 128 millions une année plus tôt. Cela donne une idée sur la taille du marché, également difficile à estimer, vu la multiplication des ouvertures de magasins spécialisés.

Dans ce segment du luxe, l’importation porte essentiellement sur du mobilier très tendance pour toutes les parties de la maison, jardin compris. Rien qu’un fauteuil individuel peut démarrer à 6 000 DH, un dressing à 20 000 DH et une chaise à 3 000 DH. En plus des objets de décoration et des luminaires, meubler un logement nécessite donc un budget conséquent. Comme pour expliquer le niveau des prix, un fabricant souligne que «le mobilier de luxe permet de se sentir bien chez-soi, et de pouvoir oublier la fatigue du travail».  

L’art de vivre marocain s’impose comme une référence

A côté de l’importation, des sociétés locales ont développé leur savoir-faire dans le style design contemporain, et construisent leurs meubles dans leurs propres usines. Ces sociétés ont ainsi l’avantage de mieux répondre aux besoins d’une clientèle très exigeante sur les détails. Par exemple, Jonathan Levy, DG de Demeures et Jardins, société familiale marocaine qui fabrique pour les particuliers, les hôtels, les bureaux et les collectivités, dit ne proposer que du sur mesure. «Les clients sont des personnes qui ont le simple besoin de changer de meubles et à qui on propose des ambiances et décoration», explique-t-il.
Il n’y a pas que du contemporain, le style local est aussi très demandé. «Les salons marocains ont un grand succès auprès du public et leurs ventes affichent de bons résultats», affirme Nouzha Lityeme, directrice marketing d’Artelegno, enseigne totalement marocaine bien connue dans le domaine du mobilier moderne de style italien. Pour Mme Lityeme, «l’objectif est d’offrir des produits haut de gamme qui s’adaptent aux budgets». On n’en est plus aux banquettes et matelas. Le style et l’âme sont bien préservés, mais l’artisanat marocain est revu au goût du jour et se mêle facilement, dans un même espace, à du mobilier contemporain.

En dehors des villas et appartements pour particuliers, la demande de mobiliers traditionnels a été tirée durant ces dernières années par le développement des riads transformés en maisons d’hôtes ou hôtels de charme. Cette demande n’est pas circonscrite au marché local. A ce propos, M. Levy souligne que le produit marocain plaît à l’international et dispose de l’atout d’être vendu à un prix raisonnable. A l’en croire, la demande étrangère est en pleine croissance. «Ce qui prouve que le mobilier de luxe marocain est devenu une référence», commente Kamal Mekouar.