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Le marché du GPS peine à décoller au Maroc
Il s’en vend environ 10 000 unités par an contre un objectif de 100 000 il y a quelques années . La mentalité des Marocains, le prix et le manque de précision dans la cartographie sont parmi les freins soulevés par les professionnels. Mettre en place les infos trafic pourrait dynamiser le secteur.
Le marché du GPS au Maroc n’aura pas tenu ses promesses. Les espérances très optimistes des professionnels qui avaient tablé sur plus de 100 000 unités par an ont vite fait place à des attentes plus modestes. Globalement, le marché est estimé par acteur du secteur à environ 10 000 unités par an pour un chiffre d’affaires entre 15 et 25 MDH. Chiffre dérisoire si on le rapporte au parc automobile existant et aux 120 000 nouveaux véhicules mis désormais en circulation chaque année. Pourtant, à son arrivée sur le marché, le GPS a créé un fort engouement de la part des investisseurs qui se sont empressés de sortir leur produit sans prendre en considération la qualité générale de la solution proposée. Cette précipitation a été derrière une grosse vague de déception qui a accompagné le GPS au Maroc. «Le plus important dans le GPS est la qualité et la précision de la cartographie et donc sa mise à jour régulière. Si j’entre une adresse dans le GPS et qu’il ne la connaît pas ou qu’il la connaît mais la place mal sur la carte, le produit n’est d’aucune utilité pour l’usager», explique Hassan Tazi, gérant de GPSMaroc qui commercialise la solution MyWay. A Rabat et Casablanca, par exemple, le passage du tramway implique un changement dans les sens de circulation non seulement des rues et avenues sur son sillage mais également dans 5 ou 6 carrefours plus loin.
Le GPS fait également face à la concurrence de plus en plus marquée des smartphones et des GPS in-dash (intégrés aux voitures), sans oublier le marché informel qui fleurit également sur ce secteur. Ce qui a poussé certains fournisseurs de services à mettre la clé sous le paillasson après avoir vu leur produit se faire pirater sans vergogne.
L’autre raison derrière les résultats mitigés du GPS est le comportement marocain face à l’orientation et à la navigation. «Le Marocain peut se permettre d’arriver à un rendez-vous en retard et sait que quoiqu’il arrive il lui suffit de baisser sa vitre pour demander son chemin», lance sur le ton de la plaisanterie Sâad Filali, DG de Movitec.
Les ventes aux entreprises représentent 80% du marché
«Ce sont plus les personnes qui se déplacent en dehors de leur ville qui optent pour ces systèmes de navigation», ajoute-t-il. La commercialisation du GPS pour particuliers reste donc assez compliquée car elle demande énormément d’efforts, que ce soit en termes de communication et de sensibilisation ou en termes de moyens mis en œuvre pour assurer une qualité de la cartographie. Tous ces efforts nécessitent des investissements conséquents et les sociétés spécialisées en navigation GSP ne peuvent rentrer dans leurs frais que grâce au marché B2B qui représente pour la plupart des cas plus de 80% de l’activité. Radicalement différent du marché de la navigation pour particuliers, on y propose des solutions complètes comme le tracking qui consiste à équiper toute la flotte du client de traceurs qui vont lui permettre de connaître en temps réel l’itinéraire, la vitesse, les temps d’arrêt, la consommation et autres informations relatifs au parcours. Ou il peut encore être utilisé sur le terrain dans le cadre d’enquêtes géomarketing pour relever les points d’intérêts, qu’ils soient réseaux bancaires, réseaux de points vente, stations-services…
Les appareils se vendent à moins de 1 000 DH pour l’entrée de gamme
Il n’empêche que pour les particuliers, on est loin de l’engouement, et ce, malgré la baisse des prix des terminaux GPS qui restent tout de même hors de portée de certaines bourses. On peut se procurer un appareil entrée de gamme à moins de 1 000 DH et ce prix peut facilement augmenter pour atteindre 5 000 DH pour les appareils les plus chers. «Sous sa forme actuelle, le marché est extrêmement éparpillé et reste trop petit pour investir lourdement», explique Saâd Filali. Proposer de nouveaux services comme les infos trafic sera peut-être la seule alternative pour relancer l’intérêt du GPS. «Aujourd’hui, il n’y a toujours pas de données sur le trafic routier au Maroc.
On a grand besoin d’avoir une base de données qui proposera des informations complètes, fiables et capables de les remonter en temps réel», déclare Hassan Tazi. Possible à mettre en place grâce à un partenariat entre le public et un prestataire privé, cette base de données peut avoir des applications multiples dans plusieurs domaines différents. Cette dynamique a fait ses preuves dans de nombreux pays et permet au gouvernement, une fois ces bases de données créées, de les exploiter pour offrir des services à forte valeur ajoutée aux citoyens. Une idée des plus simple à mettre en œuvre, notamment pour fluidifier la circulation et éviter les bouchons.