SUIVEZ-NOUS

Affaires

Le marché du factoring en perte de vitesse depuis 3 ans

La tendance s’est accentuée en 2017 avec une chute de l’encours des financements des sociétés spécialisées de 29,2% sur les 9 premiers mois de l’année. La dégringolade s’explique par la montée du risque et un arbitrage de la clientèle en faveur d’autres modes de financement.

Publié le


Mis à jour le

Factoring

Le marché de l’affacturage redescend sur terre. Après avoir affiché des croissances record jusqu’à il y a 3 ans, il a amorcé une baisse qui s’est accentuée en 2017. L’encours de financements des sociétés spécialisées a en effet chuté de 29,2%, à 3,3 milliards de DH entre le début de l’année et fin septembre dernier, selon les dernières statistiques de Bank Al-Maghrib. Et encore ! si l’on intègre les réalisations des départements bancaires dédiés à l’affacturage qui portent actuellement l’encours à au moins 10 milliards de DH, la chute pourrait être encore plus prononcée, avance un professionnel.

Plusieurs raisons justifient cette dégringolade avec en première ligne la montée du risque. «Avec le dérapage des délais de paiement et les problèmes grandissants de solvabilité des entreprises, les factors se montrent nécessairement plus sélectifs sur les créances financées», expliquent les professionnels. «Même si le flux d’affaires en jeu est important on ne suivra pas s’il s’agit d’une structure mal notée», explicite un directeur de département affacturage au sein d’une banque. Les opérateurs jouent à ce point la prudence que certains d’entre eux ne financent plus les créances que si elles sont couvertes par une assurance-crédit. Celle-ci à son tour est loin d’être évidente à décrocher dans l’actuelle conjoncture qui rend nécessairement les assureurs crédit plus frileux.

A côté de cela, les opérateurs rapportent que la clientèle elle-même se détourne du factoring, lui préférant de plus en plus d’autres modes de financement. «La tendance concerne de grands consommateurs historiques», rapportent les professionnels. Le groupe Lafarge-Holcim Maroc a par exemple abandonné ce mode de financement après la fusion, selon les échos du secteur. Un autre exemple notable concerne l’ONEE qui semble jeter son dévolu sur la titrisation. Ce dernier mode de financement fait de l’ombre à l’affacturage pour des raisons de coûts. «La titrisation coûte deux fois moins cher et donne accès à des volumes de financement plus importants», concède le directeur d’une société de la place. Aussi, à choisir entre le factoring et les lignes de financement spot, les entreprises s’orientent vers les deuxièmes qui sont renouvelées avec moins de contraintes administratives… Sans compter que les banques consentent des efforts particulièrement marqués sur le tarif des lignes de financement court terme. 

Ne pas en déduire que l’horizon est bouché pour le factoring. Les établissements continueront de mettre en avant ce mode de financement, d’abord parce qu’il apporte un flux supplémentaire d’activité qui est toujours bon à prendre. «Plus que cela, il permet à la banque de couvrir ses arrières en matière de risque, puisque à travers les créances financées elles ont de la visibilité sur l’activité commerciale de leurs clients, ce que ne permettent pas les lignes d’engagement à blanc», avoue un professionnel. Cela fait dire aux opérateurs que l’actuelle méforme du factoring n’est que passagère.