Affaires
Le marché des piscines individuelles en pleine progression
Les piscines sont devenues moins inaccessibles qu’auparavant pour les propriétaires de villas. Les professionnels du secteur souffrent toutefois de la montée des installateurs informels. La création d’une fédération pourrait permettre d’assainir le secteur.

A la vue des prix à l’achat de l’immobilier de ces dernières années, on en reviendrait à penser que l’ajout de l’installation d’une piscine au budget initial n’est que broutille. On n’en est peut-être pas encore là mais, aujourd’hui, s’offrir une piscine lorsque l’on réside en villa n’est plus un luxe. Pour une piscine de taille moyenne, soit 7 x 3,5 m, il faut compter 100 000 DH, toutes taxes comprises, chez le représentant exclusif du français Desjoyaux au Maroc, Aquademar. Si vous préférez quelques tailles au-dessus, soit une piscine de 12 x 6 m, sachez qu’il vous en coûtera 180 000 DH chez l’installateur casablancais, Aquaplus. Autrement dit, de nombreuses familles propriétaires de villas de moyen et haut-standing peuvent désormais se permettre le confort d’une piscine à domicile. Ce qui explique que le secteur est en pleine progression, comme nous ont témoigné les professionnels contactés. «Dernièrement, le secteur des piscines individuelles est devenu émergent, prometteur, moins inaccessible qu’il y a quelques années», résume Kenza Squalli, directrice de projet chez Aquademar. «Autrement dit, le phénomène se banalise pour les propriétaires de villas. Jusqu’à fin août 2011, nous avons eu 120 piscines commandées sur tout le Maroc, ce qui représente pour nous une croissance de 13%», conclut-elle.
Les fournisseurs de matériel vendent également aux plombiers
«L’activité chez les promoteurs immobiliers est en stagnation depuis deux ans, ce qui a mis en suspens une bonne partie de l’activité piscines. Mais la demande chez les particuliers a connu une nette progression en trois ans», confirme pour sa part Nour-eddine Annab, DG de Piscines Groupe GA Maroc. «La promotion immobilière à grande échelle est éphémère, et nous assistons depuis dix-huit mois à de plus en plus de ventes de villas semi-finies, qui laisse le client faire son choix quant aux finitions. A moyen et long termes, le marché de la piscine ne concernera que les particuliers», conclut M.Annab. Ce dernier, dont la société a vendu 480 piscines en 2010, estime le secteur à environ 2 000 piscines par an.
Entre 6 000 et 10 000 DH par an pour entretenir sa piscine
Toutefois, il n’en va pas de même de tous les spécialistes. «Le métier d’installateur de piscines ne me rapporte plus assez pour faire vivre ma société. J’ai été obligé de me diversifier dans la climatisation et d’autres travaux divers», explique Youssef Batti, directeur d’Aquaplus, un installateur multi-marque basé à Casablanca. «Il y a trois ans, je pouvais construire jusqu’à 7 piscines en dur par an. En 2011, je n’ai eu qu’une seule commande», poursuit-il. En cause, selon lui, la concurrence déloyale que mènent les bricoleurs de quartier, tels les plombiers ou électriciens, qui s’improvisent installateurs de piscine. Il s’y ajoute que «les fournisseurs du matériel vendent aussi bien aux professionnels du secteur qu’à nos concurrents de l’informel», explique M. Batti.
«La barrière à l’entrée n’est pas très haute pour prétendre construire une piscine. La différence se fait sur le long terme», constate Mme Squalli. «Etant donné que l’activité n’est régie par aucune réglementation, 90% du marché global au Maroc serait monopolisé par les plombiers», estime Rachid Khayati, PDG de KLK Immobilier. «Et cela concerne aussi bien les piscines individuelles que les piscines pour les complexes immobiliers. La plupart de ces derniers font appel à de réels professionnels de la piscine, mais il en reste qui négligent le professionnalisme», confirme ainsi M. Khayati. La raison est que l’informel n’hésite pas à tout faire pour attirer la clientèle en cassant les prix. Cela peut aller jusqu’à une réduction de 50% par rapport aux tarifs appliqués par les professionnels du secteur, selon Mme Squalli. A moyen et long terme cela comporte un risque non seulement sécuritaire mais également sanitaire. Les problèmes de fuite, les pompes sous-dimensionnées et le manque d’entretien (voir encadré) sont en effet monnaie courante. C’est dire si l’absence de réglementation manque cruellement à la profession. Non seulement les ministères qui seraient éventuellement en charge de cette problématique, comme l’habitat, la santé ou encore l’industrie, n’ont pas encore réagi face à ce problème, mais les professionnels du secteur n’ont également pas encore pris les devants pour se former en fédération. Par ailleurs, le coût d’installation d’une piscine ne s’arrête pas au prix d’achat. La plupart des professionnels proposent un service d’entretien, à l’image d’Aquademar dont l’offre incluant les produits , la maintenance et la main d’œuvre coûte environ 10 000 DH par an. Mais si vous souhaitez vous en occuper vous-même, cela peut vous coûter environ 6 000 DH par an seulement.
