Affaires
Le marché des chauffe-eau solaires explose,14 275 unités importées en 2007 !
Un marché de 142 MDH dont 40% pour les particuliers et le reste pour les installations collectives
Entre 8 000 et 30 000 DH d’investissement initial et un retour sur investissement en quatre ans.

14 275. C’est le nombre de chauffe-eau à usage domestique utilisant l’énergie solaire qui ont été importées en 2007. Considérant qu’un chauffe-eau coûte entre 8 000 et 30 000 DH à l’installation, ce marché représentait, l’an dernier, au minimum quelque 142 MDH (10 000 DH le prix moyen retenu), soit 40% de plus qu’en 2004.
Les capteurs solaires à application thermique semblent donc de plus en plus populaires. Rien d’étonnant, puisqu’ils permettent d’économiser jusqu’à 70% de la facture énergétique dédiée à la production d’eau chaude sanitaire. «Le retour sur investissement se fait en l’espace de quatre ou cinq ans», indique Naïm Lahlou, directeur général de Citech ingénierie, et ex-président de l’Association marocaine de l’industrie solaire (Amisol). La taille du réservoir, appelé aussi «ballon» dans le jargon professionnel, varie entre 100 et 300 litres.
Au Maroc, presque la totalité de ces équipements solaires sont importés de Turquie, d’Australie et de Grèce. Bien sûr, les modèles chinois ont fait leur apparition sur le marché ces dernières années, mais ils demeurent peu populaires, compte tenu de leur piètre qualité. Le Centre de développement des énergies renouvelables (CDER) a en effet écrémé le marché, en accordant des agréments aux produits de qualité, et des certifications aux installateurs. Une vingtaine de marques sont distribuées sur le marché marocain, dont les plus connues sont Solahart (Australie), Edward’s (Australie) et Giordano (France).
«La fabrication locale est négligeable, et tient plutôt du bricolage», déplore M. Lahlou. Il n’est donc pas étonnant qu’un seul fabricant local Atcoma a obtenu l’agrément du CDER. La société existe au Maroc depuis 1920, mais fabrique des chauffe-eau solaires depuis une douzaine d’années seulement. Entre les systèmes de chauffage au bois et à l’électricité, le solaire représente aujourd’hui quelque 20% de son chiffre d’affaires.
Une garantie pour les résultats solaires
Le marché du solaire se divise en deux catégories: les installations résidentielles et les collectives. Dans le premier cas, la garantie qui s’applique est la même que pour les autres équipements : elle couvre essentiellement les dysfonctionnements ou les bris. Mais pour les hôtels, hôpitaux, centres universitaires et casernes militaires, le CDER a mis sur pied une «garantie des résultats solaires». C’est-à-dire qu’un engagement conjoint et solidaire est pris par les intervenants, dans une installation collective.
Le prestataire de service concerné, le bureau d’études, le fabricant et l’installateur assurent contractuellement au client la production, par l’installation qu’il a acquise, d’une quantité d’énergie solaire annuelle minimale pour le chauffage de l’eau sanitaire, selon des dispositions techniques et financières spécifiques. «S’équiper en solaire représente un investissement considérable, les économies d’énergie doivent l’être aussi», explique M. Lahlou. Et d’ajouter : «Les clients demandent à être protégés et sécurisés sur ce point, et c’est tout à fait normal».
La stratégie semble porter ses fruits, puisque les importations de chauffe-eau solaires pour usage non résidentiel en 2007 étaient en progression de… 225 % depuis 2004 ! Le CDER, pour sa part, poursuit son travail de sensibilisation, notamment à travers le Programme de développement du marché marocain solaire (Promasol), qui permet aux opérateurs d’effectuer des études de faisabilité, en l’occurrence dans les secteurs de l’hôtellerie, des industries.
«Nous avons travaillé sur au moins une douzaine d’études de faisabilité technico-économique», raconte M. Lahlou, consultant pour le CDER. Depuis l’an dernier, les intéressés peuvent aussi bénéficier du Fonds de garantie des efficacités et énergies renouvelables (Fogeer), confié à Dar Ad-damane. Pour obtenir un financement, les projets doivent représenter des investissements variant entre 300 000 DH et 2,5 MDH. La garantie du fonds couvre jusqu’à 70 % du crédit, avec un plafond d’engagement de 1,5 million de DH, le complément éventuel est, de son côté, engagé par Dar Ad-damane.
Reste à intéresser les promoteurs immobiliers et les architectes à intégrer d’office les chauffe-eau solaires dans leurs projets. Car, aujourd’hui, mis à part le haut-standing, le solaire est très peu présent dans les nouvelles constructions. Promoteurs et architectes s’entendent pour dire que des incitations fiscales devraient, comme dans presque tous les autres pays, servir d’élément incitateur.
Une réponse au problème énergétique du pays
Et encore, il faut avouer que ce ne sera jamais la majorité des Marocains qui disposeront d’un chauffe-eau solaire. En effet, les ménages s’installent de plus en plus dans des immeubles, et non dans des résidences individuelles. Or, il est impensable de pouvoir installer sur les toits un chauffe-eau par appartement. Quoi qu’il en soit, le solaire est probablement une partie de la réponse au problème énergétique du pays. Avec 96% de son énergie importée, et un soleil qui brille haut et fort presque tous les jours de l’année, le Maroc serait irresponsable de continuer à utiliser si peu cette énergie.
