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Le marché des ascenseurs stagne : 2 800 ventes en 2011
Résidentiel, professionnel et secteur public… Tous les segments du marché ont stagné. Les opérateurs estiment que 2012 sera aussi une année morose. Ils militent pour l’obligation d’un ascenseur pour chaque immeuble de trois étages. Le marché de l’entretien échappe aux constructeurs.

Le marché des ascenseurs fait du surplace. Quelque 2 800 appareils ont été écoulés en 2011, soit à peu près le même niveau qu’en 2010, et les opérateurs s’attendent encore à une année 2012 sans croissance.
On est loin des progressions de vente à trois chiffres enregistrées entre 2006 et 2008. Le chiffre d’affaires du secteur est d’autant plus touché que le tassement des volumes est doublé d’une baisse du prix moyen qui est actuellement de 180 000 DH alors qu’il pointait à 260 000 DH en 2010.
Jusqu’à cette dernière date, le marché des ascenseurs a résisté au marasme du segment de l’immobilier résidentiel qui draine toujours 80% des ventes du secteur grâce à la diversité de la demande. Pour rappel, les ascenseurs équipent les résidences de moyen et de haut standing, mais aussi les sièges d’administration, les hôtels, les tours de bureaux ou encore les grands magasins de distribution. Sauf que le ralentissement a fini par rattraper l’ensemble des créneaux en 2011. «Le problème pour le résidentiel est que les programmes continuent d’accuser un retard d’un an en moyenne», précise Abdelhamid Souiri, directeur commercial chez Schindler qui revendique une part de marché de 24%.
Vient ensuite le segment professionnel, en grande partie alimenté par la commande des hôtels. Il a accusé le coup de la méforme du secteur touristique, mais aussi «de la transition gouvernementale qui a poussé les investisseurs à différer leurs projets», ajoute Jorge Ramos, directeur de Otis Maroc. Pour les mêmes raisons de changement du gouvernement, la commande du secteur public, notamment dans le cadre de la construction de sièges d’administrations, a sensiblement ralenti. En fait, «de septembre 2011 jusqu’à avril dernier la demande du secteur public est restée au point mort», révèle un professionnel.
Avec une demande aussi hésitante, l’on se doute bien que la bataille entre la dizaine d’opérateurs (filiales des quatre marques mondiales leaders et six distributeurs) bat son plein sur un marché qui pèse plus de 600 MDH par an. Dans ce jeu de coude, Otis Maroc a mis les bouchées doubles pour faire croître ses ventes de 40% en 2011 et porter sa part de marché de 29 à 37%.
Le parc national est de 25 000 ascenseurs
A côté de la première monte, le marché de l’entretien, avec un parc de 25 000 ascenseurs installés au niveau national pour un chiffre d’affaires de plus de 800 MDH offre de grosses opportunités. Problème : le recours à l’entretien professionnel est loin d’être entré dans les mœurs d’autant plus qu’il n’existe pas de loi en la matière. En effet, «si tout un arsenal réglemente les règles de construction et d’installation des ascenseurs, aucune obligation légale n’existe pour ce qui est de l’entretien», rappelle un professionnel. «Le problème se pose surtout pour les immeubles en copropriété où le syndic des copropriétaires préfère attendre la panne pour contacter la compagnie», souligne un ascensoriste à Casablanca. Cela fait que la maintenance de la moitié du parc d’ascenseurs est assurée actuellement par des artisans, au nombre de 50 au niveau national, en dehors de tout contrat professionnel. Les tarifs mensuels d’entretien proposés par les grandes marques vont de 800 DH par mois pour l’entretien basique d’appareils installés dans des constructions d’une hauteur limitée, à 20 000 DH par mois pour les formules complètes destinées aux ascenseurs à fort trafic (hôtels, banques…).
En l’état actuel des choses, l’essentiel des revenus des opérateurs du secteur continue de provenir des ventes d’appareils neufs. Pour Otis Maroc, par exemple, si l’entretien et la vente d’ascenseurs contribuaient à parts égales au chiffre d’affaires, il y a quelques années, l’entretien ne pèse actuellement que 30% du total. «C’est exactement l’inverse de cette structure de chiffre d’affaires qui est observée sur les marchés matures», note M. Ramos. Dans ce contexte, les opérateurs qui veulent continuer de miser sur la vente d’appareils neufs, militent pour rendre les ascenseurs obligatoires dans tout immeuble de trois étages au lieu de quatre dans la réglementation en vigueur.
