Affaires
Le marché des actifs verts appelé à se développer
Bank Al-Maghrib a élaboré, en collaboration avec le ministère des finances et les acteurs concernés, une feuille de route pour le verdissement du secteur financier marocain. Les épargnants pourraient jouer un rôle central dans le développement du marché.

L’Institut CDG a organisé, le 11 mai à Rabat, une conférence sur «le rôle de la finance dans le verdissement des actifs immobiliers marocains». Consommateur d’énergie, émetteur de gaz à effet de serre et producteur de déchets, à grande échelle, le secteur de l’immobilier est directement concerné par les problématiques environnementales. C’est pourquoi il est appelé à s’adapter continuellement, et ce, par la conception de bâtiments de plus en plus performants, à même de répondre aux exigences du développement durable.
La première émission d’obligations vertes, ou «green bonds», a été lancée par la Banque Mondiale en 2008. Dès lors, le marché n’a cessé de croître pour atteindre un encours de près de 160 milliards de dollars en 2016, contre seulement 15 milliards de dollars en 2013. Au cours de l’année 2016, les émissions d’obligations vertes ont atteint près de 70 milliards de dollars. Ces opérations sont principalement le fait des émetteurs privés dont la part de marché représente environ 60% des émissions. Malgré tout, les obligations vertes représentent moins de 1% du total des émissions obligataires de la planète.
Intervenant à l’ouverture de la conférence, Nizar Baraka, président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), a attiré l’attention sur la difficulté à «drainer des fonds pour le financement de projets d’adaptation en Afrique». Et d’appeler au «rapprochement entre banques multinationales et régionales» pour la création de fonds d’adaptation en faveur du continent. A ce titre, la Banque africaine de développement (BAD) pourrait jouer un rôle clé, notamment à travers la mise en place de mécanismes de garantie.
BAM invitée à rejoindre le «Réseau de la banque durable» de la SFI
Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib, explique, quant à lui, que «les banques marocaines participent d’ores et déjà au financement de programmes de développement d’énergies renouvelables». En effet, certaines d’entre elles ont développé des produits spécifiques, afin d’accompagner les entreprises engagées dans un processus de développement durable ; tandis que d’autres ont pris l’initiative de créer des fonds d’investissement dédiés aux entreprises socialement responsables ou engagées dans des processus d’efficacité énergétique.
Il a également précisé que la Banque Centrale, le ministère des finances et les différents acteurs concernés ont élaboré une feuille de route pour le verdissement du secteur financier marocain. Présentée à la COP de Marrakech, celle-ci retrace les actions permettant aux différentes composantes du secteur de contribuer au respect des engagements du pays, en matière de développement durable et de lutte contre le changement climatique. Le suivi de cette feuille de route sera assuré par un Comité de coordination réunissant les régulateurs et les autorités en charge du secteur financier. Il s’agira de «dresser des bilans d’étape sur les réalisations, d’identifier les difficultés et d’opérer les ajustements qui s’imposent».
A noter que Bank Al-Maghrib a été invitée à rejoindre le «Réseau de la banque durable» de la SFI. Créé en 2012, ce réseau a pour but d’aider les organismes de régulation des pays émergents à développer des politiques de «crédit responsable» et des lignes directrices de gestion des risques environnementaux et sociaux.
Un fonds de 500 MDH de la CDG dédié aux projets énergétiques des PME
Pour sa part, Mustapha Bakkoury, président de la région Casablanca-Settat, a mis l’accent sur l’importance de sensibiliser les épargnants au financement de projets environnementaux, estimant que ceux-ci pourraient jouer un «rôle central dans le développement du marché des actifs verts». De même qu’il a insisté sur la nécessité de «projeter les défis environnement sur l’ensemble des territoires», à travers l’adoption d’une approche qui prenne en compte les spécificités économiques et les impératifs de développement de chaque région.
Quant à Abdellatif Zaghnoun, directeur général de la CDG, il a annoncé la création d’une société de services énergétiques, en partenariat avec l’ONEE et l’Agence marocaine de l’efficacité énergétique. Selon lui, «la création de cette société favorisera l’émergence d’un véritable écosystème constitué d’entreprises couvrant l’ensemble de la chaîne de valeurs» et qui pourra bénéficier de financements internationaux avantageux.
Par ailleurs, la CDG a mis en place une ligne de crédits de près de 500 millions de DH, dédiée au financement de projets d’investissement, portés par les PME, dans le domaine énergétique. Elle a, en outre, tissé des partenariats avec des institutions financières internationales pour le financement de projets verts au Maroc. Enfin, elle a créé un réseau d’investisseurs africains en faveur du développement durable en Afrique, en vue d’orienter l’épargne vers des projets respectueux de l’environnement.
