Affaires
Le groupe Delassus veut mettre de l’ordre dans ses filiales en difficulté
Un plan de redressement est en préparation pour SCA Clémentine et Delassus SA, respectivement spécialisées dans la floriculture et le conditionnement des agrumes.
Le groupe Delassus réfléchit à la restructuration de deux de ses filiales, SCA Clémentine, unité spécialisée dans la production et l’exportation de la fleur coupée (principalement de l’œillet), et Delassus SA, spécialisée dans le conditionnement et l’exportation d’agrumes. Contactés par La Vie éco, les responsables du groupe expliquent qu’«il s’agit d’une restructuration juridique du groupe afin de consolider les intérêts de la famille, et que cela n’a rien à voir avec des difficultés financières». Ils précisent toutefois que, à l’instar des autres opérateurs du secteur agricole, le groupe n’échappe pas aux risques liés aux aléas climatiques. Mais comme dans toute entreprise, on comprend bien que le fond du problème reste une rentabilité plus ou moins faible ou des charges croissantes qui génèrent en fin de compte des risques de déséquilibre financier.
Des sources bien informées confient que SCA Clémentine, la seule entreprise du secteur à avoir survécu, souffre depuis plusieurs années en raison, entre autres, des aléas climatiques et de la vétusté de l’outil de production que ses nombreux atouts (microclimat favorable, proximité du marché européen où la demande reste forte…) n’ont pas permis de contrebalancer. Pour subvenir aux besoins de cette filiale, la famille aurait apporté pas moins de 50 MDH durant ces dernières années.
Plusieurs scénarios destinés à maintenir l’équilibre financier de l’entreprise sont sur la table. Le premier, sans doute le plus douloureux à mettre en exécution compte tenu du coût social et de la possible dégradation de l’image du groupe, consiste à se désengager totalement de la floriculture. La deuxième option est d’augmenter progressivement d’une dizaine d’hectares la taille de l’exploitation, actuellement de 90 ha, pour améliorer la rentabilité. Dans le troisième schéma, il est préconisé la continuité de l’activité grâce à un apport financier des associés dédié aux investissements, notamment dans des variétés plus productives, et au renforcement du fonds de roulement.
Dans tous les cas de figure, les associés seront appelés à apporter leur contribution. Il faudra en effet réunir entre 30 et 60 MDH pour remettre l’entreprise sur les rails ou la liquider.
Beaucoup moins touché, Delassus n’en est pas moins à l’abri. Depuis 2007, son activité évolue en dents de scie. La baisse des quantités conditionnées et des exportations devrait entraîner une dégradation de la situation financière.
Des investissements significatifs seront indispensables
Les chiffres tirés des publications légales que nous avons pu consulter font état d’un résultat net d’un peu plus d’un million de DH en 2011, mais le tableau actuel ne se prête pas à l’optimisme. La société pourrait même, si la situation n’évolue pas, se retrouver dans le rouge, comme en 2005 et 2006 durant lesquelles les pertes cumulées se montaient à 13 MDH, même si le résultat d’exploitation devrait rester positif. Corrélativement, les besoins en fonds de roulement iront en s’accroissant.
Au regard de cette situation, trois pistes sont explorées, dont la première est l’adoption d’un plan social pour alléger les charges. L’hypothèse de travail porte sur le départ d’une trentaine de personnes, ce qui se traduirait par une économie annuelle de 1,5 MDH. L’entreprise devrait toutefois débourser au moins 3 MDH au titre des indemnités de départ et devrait trouver des ressources nouvelles pour financer son fonds de roulement.
Le deuxième schéma con-siste à coupler le premier à l’augmentation des capacités frigorifiques, compte tenu de la concentration, sur une très courte période, des petits fruits qui constituent maintenant le gros du volume collecté.
Quant à la troisième voie, elle porte sur l’arrêt de l’activité de conditionnement et le maintien de la commercialisation. Dans ce cas, l’activité de conditionnement de Delassus serait regroupée avec celle de Pack Souss, autre entreprise du groupe, dans une seule station d’une capacité de 45 000 tonnes, toutes variétés comprises. Des investissements conséquents, environ 70 MDH, dit-on, seront requis pour accompagner la mutation. De plus, à l’instar des deux premières solutions, les conséquences sociales liées au regroupement de l’activité dans la région d’Agadir ne seront pas des moindres pour la région de Béni-Mellal où la station emploie une main-d’œuvre conséquente (autour de 400), d’après les données du secteur.
Il revient aux associés de décider du sort de ces deux entreprises au regard de la pertinence des solutions préconisées. On ne sait pas encore si le choix est définitivement arrêté ou si d’autres pistes sont en cours d’exploration. Mais il est sûr qu’au vu des montants déboursés jusqu’à présent, principalement pour remettre à flot SCA Clémentine, les actionnaires ne voudront pas tergiverser.