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Le fort ralentissement de l’inflation pousse au maintien du taux directeur à 2,25%

L’inflation devrait se limiter à 0,6% au terme de cette année avant de remonter à 1,3% en 2018. La croissance devrait atteindre 4,3%. Le déficit budgétaire devrait tomber de 3,5% du PIB, en 2017, à 3,2% l’année suivante.

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Abdellatif Jouahri

«Compte tenu de l’évolution de la conjoncture économique, en particulier la décélération sensible de l’inflation, et à la lumière des projections macroéconomiques pour les huit prochains trimestres, le conseil a décidé de maintenir inchangé le taux directeur à 2,25%», a déclaré Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib, lors d’un point de presse tenu le 26 septembre à Rabat, suite à la troisième réunion trimestrielle du conseil de la banque.

L’inflation a, en effet, fortement ralenti, passant de 1,9% au cours des deux premiers mois de 2017, à 0,2% en moyenne sur les six mois suivants, du fait principalement du repli des prix des produits alimentaires à prix volatils. Sur l’ensemble de l’année 2017, l’inflation devrait ressortir à 0,6%, avant de s’accélérer à 1,3% en 2018. Sa composante sous-jacente devrait, quant à elle, s’inscrire dans une tendance haussière, passant de 0,8% en 2016 à 1,4% en 2017 et à 1,6% en 2018.

Pour ce qui est de la croissance, celle-ci a bénéficié, en 2017, de la bonne campagne agricole, avec une production céréalière qui aurait atteint 96 millions de quintaux, selon les estimations révisées du département de l’agriculture. Après une baisse de 12,8% en 2016, la valeur ajoutée agricole connaîtrait ainsi un rebond de 14,7% en 2017, avant de reculer de 1% en 2018 sous l’hypothèse d’une campagne agricole moyenne. S’agissant des activités non agricoles, celles-ci devraient poursuivre leur reprise, le rythme de progression de leur valeur ajoutée devant passer de 2,2% en 2016 à 2,9% en 2017, puis à 3,5% en 2018. Au total, après un taux de 1,2%, en 2016, la croissance globale devrait s’accélérer à 4,3% en 2017, puis revenir à 3,1% en 2018.

Au niveau du marché du travail, la situation a été marquée par une entrée nette de 107 000 demandeurs d’emploi au deuxième trimestre et une légère baisse du taux d’activité à 47,3%, en comparaison avec la même période de 2016. Parallèlement, l’économie nationale a créé 74 000 postes d’emplois, dont 52 000 dans le secteur de l’agriculture. Il en résulte que le taux de chômage a augmenté de 0,2 point pour s’établir à 9,3%.

Hausse des recettes ordinaires

Sur le volet des finances publiques, l’exécution budgétaire des huit premiers mois de l’année s’est soldée par un déficit de 26,1 milliards de DH, en allègement de 4,7 milliards de DH comparativement à la même période de 2016. Les recettes ordinaires ont, quant à elles, augmenté de 5,7%, reflétant une amélioration des rentrées fiscales ; et les dépenses globales se sont accrues de 1,6%, recouvrant notamment une hausse de la charge de compensation et une baisse des charges en intérêts de la dette et de l’investissement. Tenant compte de ces évolutions, le déficit budgétaire devrait avoisiner 3,5% du PIB en 2017 et 3,2% en 2018.

Au plan des comptes extérieurs, le déficit commercial des biens s’est creusé de 4% sur les huit premiers mois de l’année, en raison notamment d’un alourdissement de 30,2% de la facture énergétique. En revanche, les achats de biens d’équipement ont accusé un léger repli, après une importante hausse en 2016, ramenant la progression des importations à 5,5%. En parallèle, le rythme des exportations s’est accéléré à 6,7%, soutenu par un raffermissement des expéditions des produits agricoles et agro-alimentaires et une reprise des ventes de phosphates et dérivés, tandis que celles de la construction automobile ont reculé de 1%.

Concernant les autres rubriques du compte courant, les recettes de voyages se sont renforcées de 4,9% et les transferts des MRE ont augmenté de 2,7%. Dans ces conditions, et dans l’hypothèse d’une entrée de dons du CCG de 8 milliards de DH en 2017 et 2018, le déficit du compte courant devrait s’atténuer de 4,4% du PIB en 2016 à 3,9% en 2017, pour s’établir à 4% en 2018. Sur la base d’une entrée d’IDE d’un montant équivalent à 3,2% du PIB en 2017 et 3,6% en 2018, les réserves de change devraient s’établir à 5 mois et 22 jours d’importations de biens et services à fin 2017, et à 5 mois et 25 jours au terme de 2018.

Au sujet du report du passage à un régime de flexibilité partielle du dirham, le wali de Bank Al-Maghrib a rappelé que «la décision revient au gouvernement» et que l’apport de la Banque centrale se limite à des études techniques. Il a également affirmé que «la banque est prête à effectuer des études supplémentaires si le gouvernement lui en fait la demande», mais qu’aucune requête n’a, pour l’instant, été formulée dans ce sens.