SUIVEZ-NOUS

Affaires

«Le fonds MNF II permettra de financer plus de start-up technologiques dès 2017»

Le montant de 100 millions de dirhams alloué à MNF I a été entièrement investi. Le fonds réalisera ses premières opérations de désinvestissement dès 2017. Des bailleurs de fonds internationaux sont approchés pour contribuer au fonds MNF II.

Publié le


Mis à jour le

MNF II

Maroc Numéric Fund est un fonds institutionnel créé en 2010 pour accompagner les start-up qui évoluent dans le secteur technologique. Il est porté par l’Etat à travers MITC, la société gestionnaire du Technopark, mais inclut également quatre actionnaires, à savoir BMCE Bank of Africa, Attijariwafa bank, Banque Populaire et CDG Développement. Après 6 ans d’activité, ce fonds doté de 100 millions de dirhams a été entièrement investi et arrive ainsi à échéance. Un second fonds, MNF II, plus important que le premier, est attendu pour bientôt.

Après six années d’existence, vous avez investi dans 17 start-up. Avez-vous atteint vos objectifs ?

En effet, MNF détient 17 participations. Nous avons dépassé nos objectifs fixés initialement à 15 participations. Le fonds est d’une taille de 100 MDH. L’enveloppe dédiée à l’investissement a été complètement engagée. A noter que la période d’investissement est arrivée à terme à la fin du mois de septembre. Compte tenu des réalisations encourageantes et tangibles du fonds MNF I, un fonds MNF II qui prendra le relais du premier est en cours de structuration et devrait être opérationnel au cours du premier semestre 2017. Nous bénéficions de la confiance des actionnaires historiques et sommes en train d’approcher des bailleurs de fonds internationaux potentiels. MNF investit dans deux segments : le capital amorçage pour lequel le ticket est évalué de 1 à 4 MDH et le capital risque qui bénéficie d’un ticket plus important évalué entre 4 et 8 millions. On intervient toujours en participation minoritaire tout en ayant un rôle actif sur les décisions importantes de la vie d’une entreprise (revue de stratégie, budget et toute autre orientation importante) tout au long de la période d’investissement, compte tenu de notre participation aux organes de gouvernance des entreprises investies. Nous sommes dédiés majoritairement au financement des projets dans le secteur des technologies de l’information, sachant qu’une poche de 20% peut être allouée à d’autres secteurs plus généralistes comme les green tech ou la biotechnologie.

Deux ans après le démarrage, vous avez décidé de ne plus financer les projets majoritairement dans le commerce électronique et consacré 20% de vos investissements aux technologies vertes. Maintenez-vous cette stratégie pour MNF II ?

Dès 2012, le secteur du e-commerce est arrivé à saturation. Par conséquent, les niveaux de rentabilité attendus n’étaient plus attractifs. Les investissements de MNF ont dès lors été orientés vers des secteurs plus pointus à plus forte valeur ajoutée. A partir de 2013, le potentiel de croissance des sociétés investies est devenu plus important et la qualité du portefeuille meilleure. La stratégie du prochain fonds devrait être à peu près similaire à celle du premier.

Avez-vous réalisé des plus-values suite à des cessions de vos participations dans des start-up ?

Nous accompagnons les sociétés pour une période moyenne de 5 ans. En somme, 2/3 des sociétés dans lesquelles nous avons investi sont en ligne ou ont dépassé les objectifs assignés. Pour le moment, aucune sortie n’a été enregistrée. Mais on prévoit en 2017 de belles réalisations. Deux sociétés ont déjà bénéficié d’un second tour de table, avec des niveaux de valorisation plus importants que les premiers. Une troisième est en cours. En tout cas, la plus-value finale du fonds ne peut être réalisée qu’à la cession de nos parts. Deux cessions ou entrée de nouveaux fonds dont un à l’international sont attendues en 2017.

Avez vous essuyé des échecs ou fait de mauvais choix ?

On s’est retiré de quatre sociétés pour des raisons particulières. On peut citer les trois premières. MyDeal pâtissait d’un marché saturé avec la présence d’un nombre important d’opérateurs. Nous nous sommes aussi retirés de la société Soukaffaires compte tenu d’une forte concurrence due à l’arrivée de deux mastodontes (Avito et Bikhir qui ont fusionné depuis) qui injectaient massivement en budget marketing et publicité. Pour le cas de la société Méolink, les objectifs initiaux n’ont pas été atteints vu que le marché marocain de la domotique n’était toujours pas arrivé à maturité. MNF est en cours de retrait de la 4e entreprise. Dans les cas de Soukaffaires et Mydeal, nous avons accusé une perte. Dans le cas de Meolink, une partie de notre investissement a pu être récupérée.

Votre processus de sélection est strict. 17 start-up ont bénéficié de financements sur 400 dossiers présentés. Selon quels critères ont-ils été sélectionnés ?

Le critère humain est très important. L’équipe qui porte le projet doit être complémentaire, maîtriser son marché et partager avec MNF la même vision stratégique et économique à moyen terme. L’innovation du produit ou du service est également regardée. Nous avons une vision globale sur l’innovation: qu’elle soit technologique, relative au mode de commercialisation, au business model ou à la manière d’utiliser le produit ou le service. Enfin, des barrières à l’entrée du produit doivent exister pour que le service ou le produit proposé ne soient pas facilement duplicables. En somme, le marché dans lequel opère l’entreprise doit présenter un réel potentiel de croissance qui justifie l’entrée du fonds.

Quelles sont les dernières initiatives prises par MNF ?

On a mis en place depuis juillet dernier un club de business angels en collaboration avec la Fondation OCP. Certains des projets qui nous sont soumis ont certes un potentiel de croissance intéressant, mais ne sont pas éligibles au financement de MNF. Pour ce faire, nous avons constitué un club de business angels qui compte aujourd’hui une dizaine d’entrepreneurs. Ces derniers peuvent apporter un financement situé entre 100000 DH et 1 MDH. Il inclut un mentoring de qualité de la part des business angels avec une revue éventuelle de la stratégie, l’accès à des donneurs d’ordre de renom via leur portefeuille. Les business angels peuvent apporter des tickets individuels de près de 200 000 dirhams en moyenne. Ces tickets peuvent être plus importants s’ils se constituent en pool d’investisseurs dans le cas d’un intérêt pour un dossier. Nous agissons sur le volet d’étude des dossiers et de la sélection. Cela nous permet de garder ce vivier d’entreprises au sein de MITC Capital que l’on suit de près et qui pourrait susciter une intervention éventuelle du fonds dans le cas de seconds tours de table. On a présenté au total 8 entreprises à ce jour. Un dossier a reçu un investissement. Le deuxième est en cours d’investissement.