SUIVEZ-NOUS

Affaires

Le déficit du compte courant baisse à 3,6% du PIB en 2017

Les balances des services et des revenus secondaires ont réalisé des soldes excédentaires, en hausse de 5,5 milliards de DH et de 4,7 milliards respectivement. Mais les revenus primaires et les échanges de marchandises ont vu leur déficit s’aggraver de 3 milliards et 2,4 milliards.

Publié le


Mis à jour le

L’un des principaux comptes extérieurs du Maroc, le compte courant de la balance des paiements, a connu une amélioration sensible au titre de l’exercice 2017. Son solde déficitaire s’est en effet allégé de près de 5 milliards de DH, en s’établissant à -38 milliards de DH au lieu de -42,8 milliards en 2016, selon les indications de l’Office des changes. Par rapport au PIB, le déficit recule de 0,6 point à 3,6% contre 4,2% un an auparavant.

Comme le montrent les statistiques de l’Office des changes, ce résultat provient d’une évolution contrastée des principales balances du compte courant. D’une part, les balances des services et des revenus secondaires, toutes deux structurellement excédentaires, ont dégagé des soldes positifs respectivement de 5,5 milliards de DH et de 4,7 milliards de DH. D’autre part, les revenus primaires (constitués surtout des revenus issus des IDE) et les transactions sur les marchandises, structurellement déficitaires cette fois, ont vu leur solde négatif s’aggraver respectivement de -3 milliards de DH et de 2,4 milliards de DH.

La balance des services, avec un solde positif de 71,95 milliards de DH, est tirée principalement par les postes voyages et services de télécommunications. Celle des revenus secondaires, qui a dégagé un solde excédentaire de 85,26 milliards de DH, repose pour plus de 86% sur les envois des MRE. Ce sont donc ces deux balances qui, par leurs résultats, ont pesé sur l’atténuation du déficit courant. A cette précision près que les échanges de marchandises, principal responsable du déficit courant, ont réalisé en 2017 un résultat certes négatif, mais moins prononcé qu’en 2016. D’ailleurs, le taux de couverture des importations par les exportations s’est amélioré de 1,8 point à 56,8%. C’est que les exportations, tirées par les phosphates et dérivés, l’automobile, l’agriculture et l’agroalimentaire, le textile et cuir, l’aéronautique, entre autres, ont augmenté de 10,1% à 248,5 milliards de DH, soit 22,8 milliards de plus que l’exercice précédent. Les importations, elles, ont progressé de 6,5% à 437,3 milliards de DH, soit 26,7 milliards de plus qu’en 2016. Pour l’essentiel, cette progression s’explique par l’augmentation de 27,4% des achats de produits énergétiques, soit 56% de la hausse totale des importations.

Ponction sur les avoirs de réserves, les flux net des IDE…pour financer le déficit courant

C’est ainsi que depuis 2007, les excédents dégagés par les balances des services et des revenus secondaires ont été chaque année “aspirés” par le déficit commercial, sans que cela suffise à combler le déficit courant. Il faut à chaque fois puiser dans le compte financier de la balance des paiements et, au besoin, dans les avoirs de réserves de l’Institut d’émission pour financer ce déficit. En 2017, par exemple, explique l’Office des changes, les 38 milliards de déficit du compte courant ont été financés par les flux nets de capitaux au titre des investissements directs étrangers, des  crédits commerciaux, des prêts et une ponction sur les avoirs de réserves.

Entre 2001 et 2007, pour mémoire, ce compte était excédentaire, et les excédents pouvaient représenter jusqu’à 4,3% du PIB, soit +18,2 milliards de DH, comme ce fut le cas en 2001. Mais avec la crise financière puis économique qui a frappé les principaux partenaires du Maroc à partir de 2007/2008, couplée à un fort renchérissement des prix des produits énergétiques, les besoins de financement de l’économie que traduisent les déficits du compte courant ont commencé à devenir de plus en plus importants, avant de culminer à 9,5% du PIB en 2012, soit -80,65 milliards de DH.

Outre les facteurs exogènes, les déficits courants enregistrés depuis 2007 sont aussi liés au modèle de croissance du Maroc fondé principalement sur la demande intérieure, en particulier sur sa composante consommation. Il se trouve que cette demande intérieure est satisfaite à plus de 40% par les importations. Autrement dit, pour soutenir la demande intérieure, donc la croissance, il ne fallait surtout pas réduire les importations.

A l’évidence, cette situation pose le problème de l’offre domestique, à la fois en quantité et en qualité ; surtout dans le contexte d’une économie ouverte. Ce qui a amené à mettre au point la stratégie de relance des métiers mondiaux du Maroc, dont les résultats commencent à se faire sentir. C’est un fait que, depuis 2012, le déficit du compte courant est sur une courbe descendante, se repliant même à 2,1% du PIB en 2015, soit le plus bas niveau depuis 2008. A 3,6% du PIB en 2017 contre 4,2% en 2016, ce déficit se situe désormais à un niveau soutenable.