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Le déficit commercial s’aggrave de 24% en un an seulement !

Les importations ont totalisé 321.25 milliards de DH contre 154.8 milliards pour les exportations. Les phosphates, le textile et les voitures industrielles et de tourisme se portent bien à  l’export. Les factures pétrolière et alimentaire continuent de peser très lourd.

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Le déficit commercial sera abyssal en 2011. A fin novembre, il a déjà atteint 166,45 milliards de DH, d’après les chiffres provisoires de l’Office des changes. Cette situation est due essentiellement à la nette progression des importations, beaucoup plus importante que celle des exportations. Elles sont en hausse de 19% par rapport à la même période de 2010, à 321,25 milliards de DH. Sur la même période, le Maroc a facturé aux clients étrangers 154,8 milliards de DH, en augmentation de 15,5%. Pour mesurer l’aggravation du déficit, il faut savoir que durant les onze mois de 2011, nous avons déboursé 32 milliards de DH supplémentaires par rapport à la même période de l’année dernière pour régler nos importations nettes, soit une hausse de 24%. Ce montant est l’équivalent du cinquième de la valeur du total de nos exportations à fin novembre 2011.
Si les importations ont nettement progressé, c’est principalement à cause de l’explosion de la facture des produits pétroliers. Le Maroc a dû débourser 81,6 milliards de DH pour faire face à sa demande durant les onze premiers mois de l’année. Cette demande est certes en constante augmentation, mais c’est la flambée des cours mondiaux qui est à l’origine de l’alourdissement de la facture. En effet, la valeur de ces produits s’est envolée de 34% pour représenter près du quart de nos importations.

+63% pour les phosphates et dérivés

Autres marchandises qui ont plombé la balance : les demi-produits dont la valeur a atteint 70 milliards de DH, en hausse de 23%. Les produits alimentaires n’ont pas été en reste ; ils ont crû de 29%, passant à 33 milliards de DH en raison de la progression de la valeur de nos achats en blé (+ 34%), sucre (+ 53%) et en maïs (+ 24%). Là aussi, le marché mondial a vécu de fortes tensions qui risquent de persister en 2012, d’après les prévisions de nombreux experts.
Seuls les produits finis de consommation n’ont pas augmenté de manière importante : 55 milliards de DH (+10,8%).
Heureusement encore qu’en parallèle, les exportations ont enregistré une croissance de 15,5% que l’on doit surtout aux ventes du groupe OCP, grâce notamment à la hausse de la demande mondiale conjuguée à celle des cours à l’international. Les expéditions de dérivés de phosphates et des phosphates ont en effet progressé de 63%.
La bonne surprise est venue du textile dont les professionnels prédisaient pourtant, il y a tout juste quelques semaines, une baisse des exportations. Leur conjecture s’était basée essentiellement sur la baisse des commandes observée ces derniers temps. Visiblement, rien de cela ne s’est produit et les ventes à l’étranger de ce secteur se sont bien maintenues en dépit d’une crise aiguë sur le marché vers lequel on expédie la grande part de nos exportations du textile, en l’occurrence l’Union européenne. Celles-ci ont progressé de 5% pour les vêtements confectionnés, avec des recettes qui se sont élevées à 16,7 milliards de DH, et de 7% pour les articles de bonneterie pour une valeur de 6,84 milliards de DH.

Chute des produits alimentaires à l’export

Pour leur part, les produits électriques et électroniques continuent sur leur lancée et enregistrent une progression à l’export respectivement de 8% (12,3 milliards de DH) et de 2,7% (4,72 milliards de DH).
D’autres industriels confirment leur dynamisme sur les marchés étrangers. Il en est ainsi des producteurs de voitures industrielles et de tourisme dont les exportations ont enregistré une hausse vertigineuse, soit respectivement 64% et 77%. C’est effectivement en cherchant à développer ces secteurs à plus grande valeur ajoutée et en diversifiant son offre que le Maroc pourrait circonscrire son déficit commercial, même s’il a encore besoin d’importer massivement du matériel et des demis produits pour s’équiper et faire tourner la machine industrielle.
A l’inverse, et à l’exception de la tomate fraîche dont les exportations ont crû de 6%, la plupart des produits alimentaires perdent de plus en plus du terrain sur les marchés étrangers. Les agrumes qui constituaient il y a peu la force de frappe du secteur, accusent une régression spectaculaire de 25%. Celle-ci est due, selon les professionnels, aux conditions climatiques, précisément à une campagne tardive qui n’a pas favorisé une récolte à temps et qui a eu des répercussions néfastes sur l’opération de commercialisation à l’étranger. A cela s’ajoutent les effets de la crise que traversent la plupart de nos principaux clients de l’Union européenne et la Russie, en particulier, où la demande s’est nettement rétractée. Les exportateurs de produits halieutiques n’ont pas été mieux lotis puisque leurs ventes ont durement chuté. Les exportations de poissons en conserves ont reculé de 18% et celles des poissons frais de 17%. La pénurie de la matière première et la rude concurrence de pays asiatiques ont mis un frein à la vitalité de ce secteur. Et la situation risque de transformer le pays de producteur exportateur à importateur de ce genre de produits.