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Le contrat programme logistique piétine, le privé invite l’Etat à  revoir les objectifs à  la baisse

Sur la dizaine de zones logistiques prévue, seule celle de Zenata est en cours de réalisation. Faute de DG, l’Agence nationale de développement des activités logistiques n’est pas encore opérationnelle. Des acteurs privés jugent le marché trop étroit pour attirer les investisseurs dans ce domaine.

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SNTL ZENATA 2012 04 20

La mise en oeuvre de l’ambitieux contrat programme logistique, signé en avril 2010 par l’Etat et la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) s’avère compliquée.

Les objectifs de croissance additionnelle du PIB de 3 à 5 points dès 2015 et de réduction des coûts logistiques de 20% à 15% du PIB paraissent aujourd’hui irréalisables aux yeux des professionnels qui se demandent, étant donné l’avancement des chantiers, si les pouvoirs publics n’ont pas vu trop grand. En effet, à l’exception de la zone logistique de Zenata (une des 6 prévues dans la région), en cours de réalisation par la Société nationale de transport et de logistique (SNTL) et ses partenaires que sont la Caisse de dépôt et de gestion (CDG), l’Office national des chemins de fer (ONCF) et l’Agence nationale des ports (ANP) sur une superficie de 323 hectares, on ne peut pas dire que les projets avancent dans les autres régions où sont prévues des zones multi flux, et en priorité dans le Nord du pays.

Ces zones ne peuvent être créées dans l’immédiat, dans la mesure où il revient à l’Agence nationale de développement des activités logistiques (AMDL) de planifier et de définir le schéma directeur d’implantation de ces zones, à commencer par la réalisation des études. Or, l’agence dont la mission consiste aussi à régulariser cette activité est, depuis sa création, une coquille vide. Son directeur qui devrait être issu du secteur privé n’est toujours pas nommé. Et il semble bien qu’une telle nomination, susceptible d’accélérer le processus, n’aura pas lieu avant la promulgation de la loi organique relative à la nomination des dirigeants des établissements et entreprises publics, aujourd’hui en examen au niveau du Parlement, ce qui risque de prendre du temps. De plus, le futur directeur de l’agence devra disposer d’un minimum de temps pour recruter son équipe, mobiliser le foncier (2 000 ha) et trouver une partie du financement (environ 58 milliards de DH), le tout à l’horizon 2015. Le Grand Casablanca a pris de l’avance uniquement parce que le chantier de Zenata a été ouvert à l’initiative de l’Etat, dès la signature du contrat d’application sectoriel et régional le concernant.

Au ministère de l’équipement et du transport, on indique que le foncier pour l’aménagement de ces zones, qui constituent l’épine dorsale de la stratégie logistique nationale, est quasiment identifié. Mais, du côté du secteur privé, on se plaît à rappeler que le problème ne réside pas tant dans l’identification des terrains que dans l’assainissement du foncier qui prend du temps. Dans le cas présent, une source proche du dossier affirme que, dans le meilleur des cas, cela prendrait un à deux ans, ce qui nous rapproche de l’échéance de 2015. D’où le scepticisme des opérateurs privés.

Le foncier et le financement, principaux obstacles

Cette même source souligne qu’avec la crise actuelle, et à supposer que les obstacles du foncier soient levés, il se poserait malgré tout un problème de financement. Certes, au ministère de tutelle, on affirme encore qu’une partie du financement a été mobilisée, soit 2,4 milliards DH sur les 18 milliards que représente la quote-part de l’Etat. Mais pour le reste, soit les 40 milliards de DH d’investissements privés, il est évident que la difficulté paraît insurmontable, en raison de la taille du marché et de l’insuffisance de la demande intérieure. Les investisseurs privés nationaux dans le secteur se rendent bien compte aujourd’hui que la construction de plateformes logistiques se heurte de front à un problème de commercialisation. Des projets réalisés ici et là n’ont pas trouvé preneur, du moins pas entièrement en raison de l’étroitesse du marché. En effet, à l’exception de certains secteurs pointus (mines, hydrocarbures, etc.), il n’y a pas de grandes entreprises marocaines qui ont la taille nécessaire pour occuper et rentabiliser les plateformes logistiques, et ceci est d’autant plus vrai dans le secteur de la distribution qui, malgré un développement remarquable depuis une dizaine d’années, reste encore dominé par les circuits traditionnels.

Finalement, la stratégie logistique nationale ne devrait-elle pas être revue à la baisse, du moins pour ce qui est de la construction d’infrastructures surdimensionnées par rapport à la taille du marché ?