Affaires
Le Budget marocain serait à l’équilibre… sans la compensation
L’enveloppe de compensation cette année représenterait environ 5.5% du PIB marocain.

On ne parle que de cela : le niveau du déficit budgétaire, depuis 2009, va en s’aggravant, entraînant ipso facto un relèvement du taux d’endettement du Trésor et, au-delà, d’endettement public (voir graphe). C’est un fait. Mais avec un déficit budgétaire de 4,5 % du PIB, un endettement du Trésor de 50% du PIB et un endettement public de 61% du même PIB, il n’y a pas vraiment le feu lorsqu’on replace ces indicateurs dans leur contexte : une envolée des prix des matières premières générant un accroissement des charges de compensation ; des réductions d’impôts pour les salariés (à trois reprises depuis 2007) et pour les entreprises, et…cerise sur le gâteau, des revalorisations de salaires. Autrement dit, il y eut ces dernières années un surcroît de dépenses au profit de la consommation.
Si tout le monde sait ce que ces choix ont coûté (une hausse du déficit et de l’endettement), nul n’est en mesure de dire ce que cela aurait coûté si ces choix n’avaient pas été faits. Après tout, pourquoi un Etat s’empêcherait de jouer son rôle de redistributeur de la richesse produite, via la fiscalité ou tout autre type de transfert ! A condition, rétorquera-t-on, d’avoir quoi redistribuer. Tout le problème est là : les impôts au Maroc, très peu de contribuables s’en acquittent ; à la notable exception des salariés, imposés à la source. Les subventions, et autres niches fiscales, en revanche, tout le monde en profite. Il se trouve que l’enveloppe de compensation cette année représenterait environ 5,5% du PIB ; autrement dit, sans les subventions, le Budget serait légèrement excédentaire. De la même manière, en 2010, la compensation a été à l’origine de près de 80 % du déficit budgétaire (qui était de 4,6 %).
Il faut rappeler que lorsque les prix des matières premières étaient à des niveaux raisonnables, des excédents budgétaires ont pu être réalisés. C’était le cas en 2007 et 2008. Il s’agit donc d’une situation conjoncturelle qui s’explique par la hausse des prix des matières premières et non point par une baisse des recettes fiscales.
Si l’on excepte la baisse de 2009 (-7,6%), sans doute liée aux réaménagements fiscaux décidés, à l’impact de la crise ainsi qu’à l’effet de base (2008 ayant connu une explosion en la matière), les recettes fiscales se sont plutôt bien comportées : +18,5% en 2007, +21% en 2008, 3,9% en 2010 et 4,9% à fin juillet 2011 ; et ceci sachant, encore une fois, que seulement une minorité paie l’impôt.
