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L’autoproduction d’électricité peine à  décoller : à  peine 0.5% de l’énergie nette appelée

La loi de 2009 a relevé le seuil d’autoproduction de l’énergie électrique de 10 à  50 MW. Mais la petite taille des installations et la faiblesse du prix de rachat proposé par l’ONE empêchent le développement de cette source de production.

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energie eolienne Electricte 2013 02 06

Le Maroc importe, nous le savons tous, la quasi-totalité de ses besoins en énergie. Ce n’est pas étonnant, dans ces conditions et vu le renchérissement des prix des matières premières, que la facture énergétique de 2012 atteigne les 100 milliards de DH. Mais dans cette facture, il n’y a pas que des produits pétroliers. Sur les onze premiers mois de 2010, le Maroc a importé 15,5% de l’énergie électrique nette appelée durant cette période, soit 4 423 GWh. Pourquoi ? Parce que, d’une part, la production d’électricité hydraulique a énormément baissé (-24%), et, d’autre part, le recours aux moyens de secours que sont les turbines à gaz, en raison de son coût exorbitant, a été réduit de deux tiers (-67%) par rapport à l’année précédente. Il fallait donc, pour satisfaire la demande, importer de chez les voisins, en particulier du voisin ibérique.

Ce qui est frappant lorsqu’on examine les sources d’où provient l’électricité consommée durant les onze mois de 2012, c’est de constater que l’apport des tiers nationaux, c’est-à-dire la part de l’électricité vendue à l’ONE par les industriels produisant cette énergie pour leur consommation propre, ne représente que…0,5% de la demande exprimée. Ce n’est évidemment pas nouveau, il faut s’empresser de le préciser. La raison en est que, d’une part, la législation, jusqu’en 2010, limitait la puissance installée pour ces industriels à 10 MW maximum, et, d’autre part, le coût de rachat du kWh par l’ONE était inférieur de 50% à celui vendu par le même ONE.

Il faut savoir en effet que lorsqu’un industriel installe sa propre centrale pour autoproduire de l’électricité, il peut arriver qu’il ne consomme pas la totalité de ce qu’il a produit. Dans ce cas, le surplus est injecté dans le réseau national ; l’électricité n’étant pas stockable, c’est bien connu. Le problème est que, d’une part, ce sont de petites installations,  et, d’autre part, le prix de rachat offert par l’ONE, comme déjà indiqué, est inférieur de moitié au prix de vente du kWh ONE. Ce sont là, de façon sommaire, les raisons qui expliquent la faiblesse de l’apport des tiers à la production nationale d’électricité.

Un potentiel de cogénération de 400 MW

Au fond, la véritable raison réside dans le fait que l’autoproduction d’électricité et la cogénération (procédé de production simultanée de chaleur et d’électricité) sont très faiblement développés au Maroc, contrairement à un pays comme l’Espagne, par exemple, où la part de l’électricité provenant de la cogénération est très élevée. En France, la puissance électrique installée rien qu’en cogénération, était, en 2003 déjà, équivalente à la puissance installée totale du Maroc en 2012 ! Et ce parc d’équipements en cogénération avait produit en 2003 l’équivalent de toute la consommation du Maroc en 2011. Bien évidemment, cette électricité n’était pas toute consommée, une bonne partie est injectée dans le réseau EDF (électricité de France). Ceci pour souligner l’importance de ce gisement dans la production d’électricité sans qu’il y ait besoin de mobilier des investissements publics, sachant que le coût d’un MW installé oscille entre 8 et 10 millions de DH, selon la technologie utilisée.

Il y a environ une dizaine d’années une étude, réalisée par l’opérateur électrique espagnol, Union Fenosa, et un bureau d’études marocain, Citech Ingénierie, avait montré que l’industrie marocaine disposait d’un potentiel de cogénération estimé alors à 400 MW. Cela veut dire que 4 milliards de DH d’investissements auraient pu être évités si ce potentiel avait été exploité. Encore fallait-il encourager ces industriels à investir dans la cogénération ou l’autoproduction d’électricité, en mettant en place un cadre législatif et réglementaire adapté et, pourquoi pas, une fiscalité appropriée.

C’est désormais fait pour le cadre législatif avec la loi de 2009 sur l’autoproduction qui a relevé le seuil autorisé de production d’énergie électrique de 10 MW à 50 MW. Outre ce relèvement du seuil, le prix de rachat du Kwh autoproduit, contrairement au passé, a été laissé à la libre négociation des partenaires, c’est-à-dire l’autoproducteur et l’ONE. Mais compte tenu du coût élevé du KWh autoproduit, l’ONE, déjà en difficulté financière comme tout le monde le sait, ne peut pas offrir un tarif intéressant. Déjà que l’office fait office de caisse de compensation en vendant quasiment à perte l’électricité qu’il produit lui-même, comment peut-il en outre acheter un KWh autoproduit à un prix qui est forcément élevé !