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L’aquaculture peine à  décoller mais le potentiel existe bel et bien

Le secteur ne produit que 1 500 tonnes de poisson, soit 0,2 % de la pêche nationale

Contraintes techniques et difficultés de commercialisation brident son développement.

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Après plus de 15 ans d’existence, l’aquaculture au Maroc en est encore à ses balbutiements. Ainsi, sur une vingtaine de projets autorisés par le ministère des Pêches entre 1990 et 2002, seuls quelques-uns ont été concrétisés. La production est de l’ordre de 1 500 tonnes, soit 0,2 % de la pêche nationale.
En effet, les contraintes demeurent multiples. Et elles sont d’abord d’ordre technique. Trois formes d’élevages existent : en mer, dans un milieu protégé, lagune ou estuaire ; dans des bassins proches de la mer en pompant l’eau et, enfin, dans des cages en offshore.
La première technique est la moins capitalistique mais les sites pour ce type d’élevages sont limités. Les techniques de pompage sont, quant à elle, très coûteuses en frais de gestion car elles sont consommatrices d’énergie électrique alors que celle-ci est plus chère au Maroc que dans les pays concurrents.
Quant aux cages, elles sont placées uniquement en Méditerranée car la houle y est moins forte que dans l’océan Atlantique. Malgré cela, les risques d’endommagement des cages suite à des tempêtes restent présents comme cela a été démontré par le passé.
Les éleveurs sont par ailleurs confrontés à des problèmes de commercialisation. D’ailleurs, Marost et Aqua M’diq, qui gèrent les deux élevages de poissons marins sur la Méditerranée, connaissent depuis quelques années des difficultés financières. Et pour cause, du fait d’une spécialisation poussée dans l’élevage du loup et de la daurade, à l’image de ce qui se fait dans d’autres sociétés européennes, elles se sont retrouvées en situation de surproduction. Et comme dans l’Union européenne l’aquaculture bénéficie de subventions importantes de la part de la commission et parfois même de subventions régionales des Etats, comme c’est le cas en Espagne et en Grèce, lesdites sociétés ont du mal à faire face à la concurrence qui a, de surcroît, fait chuter le prix du loup et de la daurade sur le marché européen.

Les éleveurs veulent des clarifications à propos de l’occupation du domaine maritime
Malgré cette situation difficile, le ministère des Pêches maritimes espère toujours aider au développement de l’aquaculture. A cet effet, des études sont réalisées par l’INRH (Institut national de recherche halieutique) pour une diversification des espèces produites en élevage et une identification des sites optimums. Dans un premier temps, ces études contribuent à l’élaboration des plans d’aménagement du littoral. Celui de la baie de Dakhla est déjà ficelé.
En revanche, les résultats des études scientifiques exigent du temps, car elles dépendent des phases naturelles de reproduction et de croissance des espèces.
Pour le moment, on peut noter que le développement de l’aquaculture dépend du nombre de sites propices et de l’adéquation espèce-site-technologie. Ainsi, la recherche au niveau de l’INRH est axée sur l’identification et la classification des sites potentiels et sur la maîtrise de la reproduction des poissons marins en milieu contrôlé (voir encadré). Depuis 1992, les essais ont porté sur des coquillages : la moule et l’huître. Selon l’INRH, «l’objectif est d’inciter au developpement de la conchyculture limitée depuis les années 50 à l’ostréiculture, avec cinq parcs à huîtres basés à Oualidia».
Concernant la pisciculture marine, les études ont visé la diversification des élevages avec des essais de thon rouge et de pagre en offshore.
Dans tous les cas, les professionnels estiment que le secteur ne peut disposer d’une bonne visibilité que si une loi éclaircit les règles du jeu en termes d’occupation temporaire du domaine public maritime ou encore d’importation en admission temporaire des intrants