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L’agroécologie se fraye un chemin dans les campagnes marocaines

Créée en 2005, Terre et Humanisme Maroc est la première association au Maroc à avoir initié plusieurs communautés d’agriculteurs et de paysans à l’agroécologie. Cette technique permet aux petits exploitants de migrer vers le bio.

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L’agroécologie s’impose doucement mais sûrement au Maroc. C’est «pour nous bien plus qu’une simple alternative agronomique. Elle est liée à une dimension profonde du respect de la vie et replace l’être humain dans sa responsabilité à l’égard du vivant», peut-on lire sur une citation empruntée à l’agriculteur et à l’essayiste français Pierre Rabhi sur le site de Terre et Humanisme Maroc (THM). Créée en 2005, cette association est la première au Maroc à avoir initié plusieurs communautés d’agriculteurs et de paysans à l’agro-écologie en s’inspirant de l’expérience de sa consœur Terre et Humanisme France et des idées de son fondateur Pierre Rabhi. Elle a à ce jour formé une cinquantaine d’animateurs et compte 200 adhérents, quelque 1000 sympathisants et autant de partenaires privés et d’institutionnels nationaux et internationaux (universités, Haut commissariat aux eaux et forêts, l’Agence de développement social et l’ONU).

Formations régulières, initiation des paysans à l’agriculture biologique, promotion de l’agriculture urbaine, création de fermes pédagogiques et de village écologie, projets dédiés aux femmes et aux jeunes ruraux, TMH multiplie les initiatives et les projets aux quatre coins du Royaume. Tout comme d’autres collectifs d’agroécologie dans le monde, son credo est d’instaurer une agriculture écologiquement et socialement plus responsable.

En clair, il s’agit de promouvoir un ensemble de pratiques agricoles et de systèmes de production qui s’appuient sur les fonctionnalités offertes par les écosystèmes. A titre d’illustration, l’agroécologie promeut la diversification des cultures, la réduction au minimum, voire l’élimination des intrants chimiques, l’expérimentation de nouvelles techniques dans les milieux arides et vulnérables face à la désertification. «Aujourd’hui, pas mal de gens qui vivent en campagne ne sont plus paysans. Ils ne profitent pas de ce que peut apporter leur environnement par manque de moyens ou du fait de la prédominance de certaines idées reçues. Cela fait que l’état de nos campagnes est désolant. L’agroécologie permet de répondre à plusieurs problématiques», explique le directeur par intérim de THM, Med Rossi El Hassani Kawtar.

Le programme de recrutement de porteurs de projets ouvert aux urbains

A la question de savoir est-ce que la production agricole issue de l’agroécologie est considérée comme bio, notre interlocuteur précise que ce n’est pas le cas. «Bien qu’elle soit naturelle et durable, la production issue de l’agroécologie ne peut pas être considérée comme bio si elle n’est pas labellisée. Toutefois, c’est un outil pour aider les paysans à migrer vers le bio», détaille notre source.

L’un des projets en cours est la mise en place d’un label autour d’un système participatif de garantie de l’agroécologie au Maroc. «Si les productions labellisées bio sont généralement destinées à l’export, ce label permettra aux petits agriculteurs d’écouler sur le marché local auprès des consommateurs désireux de consommer les produits agroécologiques», explique Med Rossi El Hassani.

En plus de cibler principalement les ruraux, THM vise via son programme «Porteurs de projet» les personnes issues du milieu urbain qui n’ont pas de formation agricole préalable, mais qui ont un projet personnel ou collectif de mise en valeur de terrain ou de parcelle agricole.

Notons que THM organise le 15 mars 2018 la 2e édition du Forum de la terre et de l’humanisme dans sa ferme agroécologique située à Douar Skoura près de Benguerir sur le thème : «Agricultures durables en Afrique: Consicence sociale, opportunité économique, nécessité écologique».