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L’agriculture marocaine aujourd’hui : ce qui est produit dans chaque filière

71% de la superficie agricole utile occupée par des exploitations de moins de 5 hectares. A peine 1,4 million d’hectares en périmètre irrigué.
Un hectare en céréaliculture présente un rendement annuel de 2 000 DH.
Les agrumes, l’olivier et le maraîchage montent en puissance depuis 1998.

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L’importance du secteur agricole se manifeste par sa contribution notable, à la formation du PIB national (entre 15 et 20% selon la conjoncture climatique) et à la création d’emplois (40%), notamment en milieu rural où l’agriculture reste le principal employeur (80%) et source de revenu (1,5 million d’agriculteurs).
Au cours des dix dernières années, le taux de croissance annuel moyen du PIB agricole a été de +3,98 %. La croissance a enregistré des variations importantes à cause des années de sécheresse (une année sur deux). Bien qu’en deçà des attentes, les performances enregistrées restent appréciables, mais différenciées selon les produits et les marchés.  
L’évolution de la valeur de la production montre une amélioration en termes constants de 20 milliards de DH sur les dix dernières années, attribuée principalement aux bonnes performances de l’arboriculture fruitière, du maraîchage, de la production laitière et du secteur avicole. Notons que ces performances ont été enregistrées dans un contexte de baisse significative de l’investissement agricole aussi bien public que privé.
Jusqu’à présent, le tissu des acteurs agricoles reste fragile et le poids de l’agriculture agit souvent négativement sur la croissance, la balance commerciale et le développement du monde rural. Et pour cause, 71% de la surface agricole est composée de terrains de moins de 5 hectares où la céréaliculture est dominante (70% de la SAU). La culture de céréales étant caractérisée par un rendement très faible (2 000 DH/ha), une consommation énorme en eau  et, donc, en prime, une forte sensibilité aux aléas climatiques.
Depuis au moins trois décennies, le Maroc a connu une dégradation du niveau des précipitations qui s’amplifie du nord vers le sud. Il est à rappeler que 80% du territoire national est situé en zone semi-aride et aride. Des situations de stress et déficit hydrique dans plusieurs bassins hydrauliques entraînent une surexploitation des ressources.
Les zones irriguées qui couvrent 1,4 million d’ha, soit 15% de la superficie agricole, participent pour 45% de la valeur ajoutée agricole, et beaucoup plus en année sèche. Ce patrimoine, bien qu’inégalement réparti sur le territoire national, constitue des pôles de développement qui contribuent de manière significative à renforcer et stabiliser la sécurité alimentaire du pays et à améliorer les conditions de vie en milieu rural.
L’agriculture nationale permet de couvrir partiellement ou totalement  les besoins du marché local en produits alimentaires. Les taux de couverture des besoins nationaux par la production locale ont été consolidés à 20% pour les huiles, 43% pour le sucre, 55 % pour les céréales, 90% pour le lait et 100% pour les viandes. En effet, les céréales, les huiles végétales et les graines oléagineuses, le sucre et les produits laitiers constituent 66% de la valeur moyenne des importations agricoles.
Les exportations alimentaires, quant à elles, représentent 19% des exportations globales du pays, soit 22 milliards DH. Elles sont composées essentiellement d’agrumes, de légumes frais et de conserves végétales, qui contribuent avec respectivement 20%, 20% et 16% dans la valeur moyenne des exportations agricoles.

Céréales

La superficie moyenne réservée aux céréales au cours des dix dernières années s’élève à 5 millions ha. Cette culture est pratiquée dans 1,4 million exploitations dont plus d’un million petites et près de 300 000 grandes. Le nombre de journées de travail généré par la production des céréales est évalué à 25 millions.
La performance réalisée en année favorable (90 millions quintaux) démontre les progrès réalisés par ce secteur sur le plan technique. Cette performance est encore plus marquée au niveau des zones pluviales à haut potentiel céréalier et de l’irrigué (30 q/ha et 55 q/ha respectivement). Chez certains céréaliculteurs maîtrisant l’ensemble des composantes de l’itinéraire technique, les rendements peuvent atteindre jusqu’à 80 q/ha. Malgré cela, le secteur qui demeure fortement tributaire des aléas climatiques (90% superficie en bour) continue à impacter significativement l’évolution du PIB agricole et l’économie nationale en général. De plus, la filière céréalière ne génère pas suffisamment d’emplois ni de revenus comparativement aux autres filières (5 à 10% de l’emploi agricole alors qu’elle s’étend sur 75% de la superficie agricole).
On notera, en revanche, que la sécurisation de l’approvisionnement du pays en céréales a été consolidée grâce à l’amélioration du régime de commercialisation du blé tendre ainsi que l’amélioration du système de protection à la frontière et la modulation des tarifs douaniers en fonction des fluctuations des cours mondiaux.

Fruits et légumes

La superficie des cultures maraîchères a atteint 260 000 ha en 2008 contre 242 000 ha en 1998. L’arboriculture fruitière, hors agrumes et olivier, occupe actuellement près de 250 000 ha. Le secteur des fruits et légumes génère près de 110 millions de journées de travail dans les exploitations et 35 millions au niveau des activités de conditionnement, de transformation et de commercialisation.
L’apport des fruits et légumes a été déterminant au niveau de la croissance globale du secteur. En effet, les acquis en matière d’accroissement de la production des exportations et de maîtrise de la technologie ont été spectaculaires, renforçant, au passage, le rôle moteur de ce secteur dans l’emploi agricole (20 à 35%). La production maraîchère globale est passée de 4,9 millions de tonnes en 1998 à près de 7,2 millions de tonnes en 2008, soit un accroissement de 47%, la production de primeurs ayant connu pratiquement un doublement au cours de la même période, passant ainsi de 855 000 t en 1998 à 1,7 million t en 2008. Les produits maraîchers ont également enregistré, sur la même période, une bonne performance à l’export avec un taux d’accroissement annuel moyen de 11% sur les dix dernières années. Les fruits et légumes autres que la tomate et pomme de terre sont passés de moins de 50 000 tonnes en 1998 à près de 350 000 tonnes en 2008, soit une croissance annuelle moyenne de 24%.
Cette tendance a été rendue possible grâce aux performances enregistrées sur certains fruits et légumes comme le haricot vert, la courgette, le poivron, le melon, la fraise et le raisin dont les tonnages exportés ont été multipliés par 3 à 8 fois. Ces résultats ne doivent pas, pour autant, faire oublier la concentration trop importante des exportations marocaines sur les marchés européens. Quant aux produits transformés, leurs exportations sont aujourd’hui stabilisées à une moyenne de 225 000 tonnes par an après des années de très fortes fluctuations.

Olivier

Grâce au soutien étatique à la production et à la valorisation, la décennie 1998-2008 a connu une extension des superficies de l’olivier de 170 000 ha, portant ainsi la superficie de l’oliveraie nationale de 500 000 ha à 670 000 ha, soit un accroissement de 34%. Cette superficie est exploitée par près de 350 000 oléiculteurs et procure plus de 15 millions journées de travail. Les extensions ont permis une augmentation de la production des huiles d’olive de 40%, passant de 50 000 à 70 000 t actuellement.
Par ailleurs, les investissements dans ce secteur se poursuivent à un rythme soutenu, que ce soit dans le cadre de projets de partenariat public/privé permettant l’installation de pôles oléicoles intensifs sur plus de 3 000 ha, ou dans le cadre de projets de production intégrée et intensive. Ce développement est appelé à être accéléré sous l’effet conjugué de la croissance de la demande mondiale et nationale sur l’huile d’olive et la nécessaire amélioration de la productivité de la filière.

Filière sucrière

La filière sucrière concerne 80 000 agriculteurs, qui exploitent une superficie de 64 000 ha (en 2007), et procure 9 millions de journées de travail par an.
De 1998 à 2008, la filière a connu de nombreuses réformes dont :
– la privatisation en juillet 2005 des sucreries publiques et leur acquisition par le groupe Cosumar ;
– la revalorisation, à partir de la campagne 2006-07, des prix à la production des cultures sucrières et des primes en fonction des spécificités de chaque région ;
– la signature du contrat programme avec la profession pour la période 2008-2013 avec pour objectif d’augmenter la production nationale de 40 % pour un investissement de 2,3 milliards DH (irrigation, semences, recherche-développement). Le tissu des acteurs a été renforcé notamment par le rôle d’agrégation conféré à la Cosumar.
Notons, enfin, que malgré sa forte intégration, la filière sucrière resterait soumise à la raréfaction croissante des ressources hydriques et à la compétition des cultures de haute valeur ajoutée pratiquée dans les périmètres d’irrigation.

Production de viandes

La production de viande blanche est passée de 270 000 tonnes en 1998 à près de 420 000 tonnes en 2008, soit un accroissement de 56%. La mise à niveau sanitaire du secteur avicole est effectif depuis avril 2007. Le principal levier du développement a été la baisse de la protection des intrants nécessaires à une production intensive créant de la valeur. A cela s’ajoute le rapport des prix entre la viande blanche et la viande rouge en défaveur de cette dernière. De plus, la productivité dans le secteur des viandes rouges ne s’est pas suffisamment améliorée. Cette filière présente de grandes fluctuations, car elle reste dépendante des parcours naturels dans des zones à faible potentiel et à écologie fragile.
L’élevage constitue une activité importante aussi bien sur le plan de sa contribution à la valeur ajoutée que sur le plan de création d’emplois notamment dans les zones difficiles. Le nombre de journées de travail avoisine 70 à 100 millions.
La production des viandes rouges, quant à elle, n’a enregistré qu’une augmentation de 27% durant les dix dernières années, passant de 304 000 à 386 000 tonnes.
Les mesures entreprises jusqu’à présent concernent principalement la facilitation de l’approvisionnement en aliment à des prix abordables. Le nombre d’éleveurs est estimé à 1,1 million associant généralement l’élevage et la production céréalière.

Agrumes

La production d’agrumes est aujourd’hui relativement stabilisée autour de 1,3 million de tonnes par an et ce, en dépit de l’augmentation relative des superficies ayant passé de 75 000 ha en 1998 à environ 86 000 ha en 2008 pour un nombre de producteurs estimé à 13 000.
Le secteur génère des effets importants sur l’emploi à travers la création de près de 21 millions journées de travail par an, dont 12 millions au niveau des vergers et 9 millions au niveau de l’industrie de conditionnement et de transformation et des autres activités liées au secteur.
Entre 1998 et 2008, la superficie globale installée porte sur 28 300 ha. Ceci est dû principalement au renouvellement massif  du verger agrumicole (renouvellement + extension) au cours des dix dernières années.
Les exportations d’agrumes, enfin,  connaissent une croissance annuelle moyenne en volume de 6% depuis 2001 accompagnée d’une grande diversification de l’offre à l’export.

Filière laitière

Le nombre de producteurs dans cette filière est de 300 000 exploitant un cheptel laitier de 1,2 million de vaches reproductrices et créant près de 461 000 emplois dont 13 000 au niveau de l’industrie laitière. Ce secteur se caractérise aussi par un réseau qui dépasse 1 000 centres de collecte de lait.
La filière laitière a enregistré des performances satisfaisantes avec une augmentation de la production de 65%, passant de près d’un milliard de litres en 1998 à 1,66 milliard de litres en 2008. Le développement de l’aval (collecte, transformation et distribution) et  la promotion de la qualité sont à l’origine de ces performances. Ce secteur constitue aujourd’hui un des modèles d’intégration les plus réussis dans le secteur agricole.