Affaires
La reine des potagers sous régence
Bonne nouvelle pour le portefeuille des ménages: la tomate est régulée à l’export comme au marché intérieur. Les prix sont en baisse considérable. Explications.

Pas d’inquiétude à se faire pour l’approvisionnement du marché local durant ce mois de Ramadan. Le panier des ménages ne manquera pas de tomates, produit phare de la cuisine marocaine fortement utilisé en cette période. La stratégie adoptée par le gouvernement, en coordination avec les professionnels, pour faire face à la flambée des prix a porté ses fruits. Sur le marché de gros d’Inezgane, le prix de ce produit est allé à la baisse depuis plus de deux semaines, oscillant aujourd’hui entre 50 et 120 DH la caisse de 30 kg, selon la variété et le calibre. Pour ce qui est de la vente au détail, le prix des tomates a dû baisser pour atteindre entre 4 et 5 dirhams le kilo contre, rappelons-le, 13 à 15 dirhams le kilo début février.
La hausse des températures dans les zones de production a eu pour effet de doubler la récolte, passant de 1.700 tonnes à 3.500 tonnes par jour, d’où une montée des quotas à l’export, avance un producteur exportateur. Résultat, outre la baisse des prix sur le marché local, les volumes exportés atteignent actuellement 1.350 à 1.400 tonnes par jour. Le cours se situe entre 1,50 et 1,80 euro le kilo exporté sur le marché de Perpignan. Pour rappel, le volume exporté était autour de 1.600 tonnes par jour avant le 19 février, date à laquelle les pouvoirs publics ont imposé le quota d’exportation de tomates à l’international.
En Europe, la demande pour l’origine Maroc est de plus en plus importante, surtout suite à la réduction des exportations turques.
Réorganiser la filière
«Nous avons ainsi réussi à mieux gérer la crise que l’an passé et à atteindre un équilibre pour ne perdre ni le marché intérieur ni le marché international», s’enthousiasme un producteur exportateur. Il reste cependant encore à réorganiser la filière pour lever les contraintes structurelles et conjoncturelles. En amont, l’activité est grevée par d’importantes charges : de la semence aux produits chimiques utilisés, beaucoup trop d’intrants sont importés pour la production. Et ils sont de plus en plus chers. Il y a aussi le coût des ressources hydriques de plus en plus limitées. L’énergie étant de fait nécessaire à plusieurs étapes dans le processus de production et de commercialisation, la hausse de son coût a généré de fortes retombées sur les prix de vente des produits.
L’investissement dans la R&D est plus que jamais nécessaire pour améliorer nos processus de production. Notre sécurité alimentaire en dépend. En aval, nos circuits de distribution sont encore à réorganiser et la stabilité de notre marché local appelle à la réduction des intervenants. Il reste que l’informel, qui marque depuis toujours nos circuits de commercialisation, n’est qu’un facteur de la flambée des prix de la tomate. Il faut rappeler que les professionnels de la filière ont misé ces dernières années sur le développement de la culture de tomate de segmentation. La rentabilité a motivé cette stratégie sachant que le coût de revient pour produire la tomate ronde atteint 3,50 DH à 4,50/kg avec trop souvent des ventes à perte. Les acteurs de la filière se sont ainsi tournés vers la culture des petits calibres ou tomates de spécialité, telles que la tomate olive ou tomate cerise ou encore la tomate grappe.
