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La réforme de la compensation sera entamée cet été

La Banque mondiale met en exergue les expériences mexicaine et indonésienne, présentées cette semaine au gouvernement

Elle veut aider le Maroc dans cette difficile entreprise.

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On en parle depuis plus de dix ans, mais personne n’avait osé franchir le pas : la réforme de la Caisse de compensation. Mais aujourd’hui que les choses prennent des proportions insoutenables, il semble que la réforme prendra bientôt tournure. Le ministre des finances, Salah Eddine Mezouar, sans fixer d’échéance précise, en a du moins tracé l’horizon : ce sera pour cet été.

C’est que le budget alloué à la compensation en 2008 (20 milliards de dirhams) risque d’atteindre les 38 milliards, voire plus, compte tenu du niveau des cours du pétrole et des matières premières, agricoles en particulier.

La présence des experts de la Banque mondiale cette semaine, à Rabat, et la réunion qu’ils ont eue avec notamment le ministère des affaires générales, semblent accréditer l’idée que la réforme aura bel et bien lieu cette année.

Au Mexique, transferts monétaires conditionnés à la place des subventions alimentaires
Ces experts, menés par Mats Karlsson, directeur du département Maghreb à la Banque mondiale, ont exposé, lors d’un atelier sur un système de protection sociale plus efficace et équitable, les expériences internationales en matière de réforme de la compensation. Fait nouveau cette fois : les expériences indonésienne et mexicaine de ciblages de la subvention ont été présentées par les acteurs mêmes de la réforme, à savoir Bambang Widianto, qui fut ministre pour la réduction de la pauvreté, l’emploi et les petites et moyennes entreprises en Indonésie, et Evelyne Rodriguez, directrice du Budget au ministère mexicain des finances en 1995, au moment de la réforme des subventions alimentaires.

Selon le témoignage de Mme Rodriguez, aujourd’hui consultante pour plusieurs gouvernements dont l’Egypte et le Guatemala, la réforme des subventions alimentaires dans son pays a connu un tel succès qu’elle est devenue aujourd’hui une référence en la matière. Cette réforme a consisté, en gros, en la suppression progressive des subventions alimentaires et leur remplacement par un programme de transfert monétaire conditionné : visites médicales obligatoires de tous les membres de la famille et présence à l’école de tous les enfants des familles pauvres. Ce programme profite aujourd’hui à cinq millions de familles dans 90 000 communes, soit 25% de la population totale, pour un coût annuel de 3,3 milliards de dollars. Ce programme, selon Mme Rodriguez, a produit «un impact positif sur l’éducation et la santé» des populations pauvres concernées. L’expérience indonésienne, elle, a consisté en la suppression des subventions pétrolières et leur remplacement par des aides monétaires non conditionnées dans un premier temps, puis conditionnées.

Ces deux expériences, qui ont été présentées dans leurs moindres détails (processus et techniques de recensement des populations bénéficiaires, déploiement de la subvention ciblée, évaluation de l’impact, etc.), pourraient sans doute aider les autorités marocaines à mettre en place leur propre réforme.