Affaires
La réduction des inégalités, un défi de taille pour le Maroc
Les inégalités entre le milieu urbain et le milieu rural, entre les différentes régions et entre les différentes catégories de la population persistent.

Lorsqu’elles dépassent un certain niveau, les inégalités peuvent avoir des implications négatives sur la transition démocratique, la stabilité politique et la cohésion sociale. C’est le constat dressé par les participants au séminaire sur «La problématique des inégalités : un enjeu crucial pour le développement du Maroc» organisé, le 20 avril à Rabat, par les services du chef du gouvernement en partenariat avec la Banque africaine de développement (BAD).
Au Maroc, la croissance a été assez soutenue au cours des dernières décennies, mais les fruits de cette croissance sont inégalement répartis entre le milieu urbain et le milieu rural, entre les différentes régions et entre les différentes catégories de la population. Ces inégalités appellent des réponses pertinentes. Le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, estime qu’«il faut plutôt s’attaquer aux injustices et à l’exclusion au sein de la société». Les résultats des enquêtes nationales ont montré que les trois quarts des urbains âgés de 10 ans et plus savent lire et écrire, contre la moitié seulement des ruraux. Et, parmi la population de 60 ans et plus, 33% des urbains savent lire et écrire (49% des hommes et 16% des femmes), contre seulement 10% des ruraux (18% des hommes et 1% des femmes).
Les inégalités régionales devront être de plus en plus considérées dans les politiques publiques
En outre, près de 15% des ménages marocains, qui ont un enfant de 6 à 15 ans, ont au moins un enfant qui n’est pas scolarisé (7% en milieu urbain et 27% en milieu rural). Par ailleurs, si le raccordement à l’électricité est en voie de généralisation, seuls 14% des ménages ruraux sont raccordés à un réseau d’égouts en 2012, contre 93% des urbains.
Tout aussi préoccupant, le faible taux d’activité, en particulier chez les femmes, est conjugué avec une croissance dominée par des secteurs pauvres en main-d’œuvre qualifiée, d’où une rigidité à la baisse des inégalités. C’est ainsi qu’en 2014, le taux d’activité des femmes ne dépassait pas 17,8% en milieu urbain (36,9% en milieu rural), alors que celui des hommes était de 68,2% (78,7% en milieu rural). Malgré tout, il ne faut pas considérer les inégalités comme des situations sur lesquelles nous ne pouvons avoir aucun contrôle. A cet égard, plusieurs initiatives, programmes et politiques publiques de lutte contre la pauvreté et la précarité ont été mis en œuvre, notamment au cours de ces dernières années. Ces programmes devraient néanmoins intégrer des mesures immédiates pour alléger les inégalités dans les différentes dimensions de leur manifestation actuelle. De même, compte tenu de la régionalisation avancée qui se met en place, les inégalités régionales devront être de plus en plus considérées dans les prises de décision.
