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La première assurance agricole véritable voit le jour
Le niveau de garantie est augmenté de 45% par rapport à l’ancienne formule. Le produit concerne désormais tout le pays et la subvention de l’Etat maintenue selon des formules variables. La couverture des cultures maraîchères est prévue pour l’année en cours et pour l’arboriculture en 2015.

La mise sur le marché dès cette année d’un produit d’assurance pour l’agriculture, la multirisque climatique qui a fait l’objet d’une convention entre l’Etat et la Mutuelle agricole marocaine d’assurance (Mamda), est une vraie innovation. En effet, explique le président du directoire de la Mamda, Hicham Belmrah, d’abord c’est le premier produit d’assurance en la matière. Il y avait bien une forme de couverture, mais la mutuelle agissait au nom de l’Etat pour une garantie limitée territorialement (18 provinces sur le pays) et ne couvrant que la sécheresse. Et puis le gouvernement subventionnait tout le monde à hauteur de 50%, selon trois niveaux de couverture, 1 000, 2 000 et 3 000 DH/ha. Ce qui a changé, c’est la nature du produit qui est devenu une couverture étendue à tout le pays et à l’ensemble des récoltes céréalières (blé tendre, blé dur et orge) et légumineuses (maïs, lentille, pois chiche, petits pois et haricots).
Ensuite, les risques ont été revus et corrigés puisqu’ils comprennent outre la sécheresse, ceux liés aux aléas climatiques comme la grêle, l’excès d’eau, les vents violents (plus de 80 km/h), le gel, les vents de sable, etc.
La couverture est subordonnée à la déclaration de calamité agricole par l’Etat
Comment cela fonctionne-t-il ? L’Etat maintient sa subvention, mais de manière plus sélective puisque les petits agriculteurs qui choisissent une couverture de base pour un capital de 1 450 DH/ha et par an, la cotisation ne dépassera pas 26 DH/ha. Les agriculteurs qui choisissent le deuxième niveau correspondant à un capital couvert de 2 900 DH/ha pour une superficie de 3 ha, la cotisation est de 183 DH/ha. Pour ceux qui veulent souscrire une garantie de 4 350 DH/ ha, la superficie doit dépasser les 5 ha et la cotisation est fixée à 368 DH / ha. La subvention de l’Etat est respectivement de 90%, 65% et 53%. L’objectif visé à travers cette aide publique est d’augmenter progressivement la superficie couverte de 100 000 ha actuellement (pour la garantie sécheresse) à 300 000 ha lors de la campagne 2011/2012 et 1 000 000 ha en 2015.
Le produit est commercialisé à travers le réseau Mamda et par certaines banques comme le Crédit agricole et la Banque populaire.
Bien entendu, les dédommagements n’interviennent qu’à partir du moment où l’Etat déclare officiellement une calamité agricole. De plus, plusieurs paramètres techniques interviennent dans l’indemnisation, notamment les rendements de la région, le rendement de référence et la nature de la récolte. Là aussi, comme pour tout contrat d’assurance, il est recommandé de bien lire les clauses. Par exemple, on retient que pour les niveaux d’assurance deux et trois (2 900 DH/ ha et 4 350 DH /ha), il est stipulé que les exploitants ont pour obligation d’effectuer le désherbage pour le deuxième niveau de garantie et d’utiliser des semences certifiés sur au moins le tiers de la surface assurée pour le troisième niveau, sans cela le dédommagement est exclu.
Un produit pour la couverture du rendement en préparation
Larbi Lahlou, directeur du pôle financier à la Mamda, explique que le changement qui vient d’être initié est crucial parce qu’il s’agit là de l’introduction de la couverture contre plusieurs risques par un assureur, mais aussi parce que cela ouvre d’autres perspectives puisque la mutuelle travaille déjà sur d’autres développements comme un produit paramétrique et un autre sur le rendement.
L’autre grand chantier est la couverture des cultures maraîchères dès 2011 et dès 2015 pour l’arboriculture. Et tout cela, ajoute le responsable, n’a été rendu possible qu’avec des alliances avec des réassureurs, leaders dans ce genre de produits. A noter que la Mamda commercialise plusieurs produits agricoles et non agricoles (incendie, automobile, vol, RC agricole…) et a également mis sur le marché une assurance maladie/ hospitalisation pour une cotisation de 500 DH par an et une retraite à partir de 100 DH par mois pour les agriculteurs. Ces derniers se plaignaient de voir leurs ouvriers couverts par des régimes desquels ils étaient exclus.
