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Affaires

La porte du Fogarim fermée aux associations de micro-crédit

La différence des taux de crédit et de nature des interventions empêchent les associations de bénéficier de la garantie Fogarim.
Des solutions de substitution sont envisagées. 5 MDH alloués
cette année par le ministère de l’habitat pour soutenir les
associations.

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Finalement, la garantie du Fogarim ne s’étendra pas aux micro-crédits accordés dans le cadre de l’aide au logement comme il en a été question depuis quelque temps. «Ni les conditions d’obtention des prêts, ni la nature des interventions des différents acteurs ne sont les mêmes», souligne Abdelaziz Bounakhla, directeur des fonds sociaux à  la Caisse centrale de garantie (CCG), organisme en charge du fonds de garantie. Le dernier comité de suivi du Fogarim, qui a eu lieu il y a deux semaines à  Rabat, a justement traité de ce point. Fallait-il ou non garantir les prêts accordés par les institutions de micro-finance pour encourager l’accès à  un habitat décent ? Même si aucune décision n’a été prise, les opinions des uns et des autres vont dans le sens d’une distinction claire entre les deux types d’aides financières. Les arguments avancés ont trait aussi bien à  la nature du prêt qu’aux conditions dans lesquelles il est accordé. D’abord les taux d’intérêt. Les associations (AMC) appliquent des taux supérieurs à  12 % alors que les banques accordent des prêts garantis par le Fogarim à  des taux avoisinant les 7,5 %. Ensuite, la durée de remboursement du prêt n’est pas la même. Les bénéficiaires du Fogarim ont jusqu’à  25 ans pour rembourser alors que la durée de remboursement accordée par les associations de micro-crédit est de 6 années au maximum. En outre, le montant accordé n’est pas le même. Les AMC ne peuvent accorder plus de 50 000 DH alors que la garantie de l’Etat dans le cadre du Fogarim a comme plafond 200 000 DH. «C’est pour ces raisons qu’il est difficile d’ajouter une nouvelle donne au projet Fogarim», explique Mohamed Najib Halimi, directeur de l’habitat social et des affaires foncières au ministère de l’habitat et de l’urbanisme.

Le ministère favorable à  une aide financière plutôt qu’à  une garantie des prêts
Auprès de la Fédération nationale des associations de micro-crédits (Fnam), on confirme la distinction qui fait barrage. Sur les 13 associations que compte la Fnam, quelques-unes accordent des prêts en matière d’habitat. Mais ce sont des petits prêts qui ont pour but d’aider une population pauvre à  aménager son logement. Même la nature de l’intervention diffère. «Nous ne faisons qu’accorder des prêts pour le réaménagement d’un logement, dans le cadre de la résorption de l’habitat insalubre notamment ; le montant accordé sert à  la réfection d’une toiture, au carrelage, à  la construction d’une nouvelle pièce, mais pas à  l’acquisition d’un logement dans le cadre d’un prêt hypothécaire», souligne la même source. Noureddine Ayouch, président de l’association Zakoura, ne désespère pas. «Notre association accorde beaucoup de petits prêts destinés à  l’amélioration des conditions d’habitat. Mais plutôt que de bénéficier d’une garantie Fogarim, nous sommes en train de discuter avec les départements ministériels concernés différentes solutions d’aide à  l’accès au logement via un micro-crédit».

Ces solutions, le ministère chargé de l’habitat les a mises en pratique cette année. Concrètement, un budget de 5 MDH (financé par le Fonds spécial habitat) a été alloué à  deux opérations pilotes se rapportant au recasement de bidonvillois. La première, à  Meknès, a pour population cible près de 3 000 ménages; la seconde, à  Bouznika, concerne 600 ménages bénéficiaires potentiels. Dans le cadre de ces deux opérations, les AMC choisies bénéficieront de prêts de fonds à  0 %, ce qui pourrait faire baisser les taux d’intérêts appliqués par les AMC. «Ce n’est qu’un départ. C’est une sorte d’expérience à  même de nous expliquer les réactions des ménages bidonvillois ainsi que l’aptitude des AMC à  gérer ce type de situations», souligne M. Halimi. Et d’ajouter que ces facilités ne concernent en aucun cas l’acquisition ou la construction de logement mais un accompagnement financier et social. «Pour le moment, les résultats de cette expérience ne sont pas encore disponibles», souligne le responsable du ministère de l’habitat.

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