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La nouvelle Mamounia : Le mariage réussi entre tradition et technologie

Depuis sa création en 1923, l’hôtel La Mamounia en est à  sa quatrième rénovation. Après la période Art déco inspirée par André Packard en 1986, c’est un véritable retour aux sources qu’amorce cet hôtel de luxe dont la décoration s’inspire aujourd’hui de l’artisanat marocain sans pour autant sacrifier au confort. Voyage dans un haut lieu du raffinement.

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Mamounia de rêve, rêve de Mamounia. Le grand palace de Marrakech qui tutoie la ville du haut de ses 86 ans rouvre ses portes le 29 septembre courant après des travaux de rénovation qui ont duré pas moins de trois ans. Ceux qui connaissent ce mythique endroit très prisé par la jetset internationale seront frappés par les changements introduits, sans pour autant être dépaysés car tout le travail de rénovation a consisté à garder jalousement le cachet de ce lieu unique tout en l’équipant, de manière fort discrète, des moyens de confort les plus modernes : internet, spa, salle de sport, et d’autres commodités pour que les richissimes clients de ce lieu chargé d’histoire se sentent chez eux.
Initialement, La Mamounia, construite en 1923, suivant les plans des architectes Prost et Marchisio, ne comptait guère plus d’une cinquantaine de chambres mais, devant le succès rencontré, la capacité de l’hôtel fut portée à 100 chambres dès 1946, sachant qu’à l’époque d’éminentes personnalités avaient succombé à son charme.
La plus célèbre entre toutes fut Winston Churchill, premier ministre du Royaume-Uni entre 1940 et 1945 , et dont la suite où il avait l’habitude de séjourner conserve toujours son nom, ainsi que le bar au rez-de-chaussée.
On raconte que Sir Churchill aurait dit à Franklin Roosevelt en 1946 à propos de La Mamounia qu’il avait invité à découvrir : «C’est un des lieux les plus beaux du monde»…. Le plus célèbre des hôtes de La Mamounia s’y établissait en hiver pour guetter le coucher du soleil et capter ses couleurs afin de les reproduire sur ses toiles dont une partie est exposée au Musée qui porte son nom en Angleterre.
Il y eut Franklin Roosevelt,mais aussi Charles De Gaulle pour qui, dit-on, on a dû fabriquer un lit spécial. Il serait long de citer tous les hommes politiques qui ont été séduits par les charmes de La Mamounia et l’on se contentera de rappeler que le couple Reagan ou encore Nelson Mandela y ont séjourné.
La Mamounia n’a pas laissé indifférent le monde des arts et du show business puisque de nombreux films ont été tournés dans ce palace par les plus grands. Jean Tissier y a tourné en 1953 «Alerte au sud», Alfred Hitchkock y trouva le cadre idéal pour son célèbre film«L’homme qui en savait trop». En 1955, le grand Charlie Chaplin est venu aussi à La Mamounia et plus tard Marcello Mastroiani, Yul Brynner, Sharon Stone, Claudia Cardinale .
Enfin, le monde de la mode a aussi succombé aux charmes du célèbre palace : Yves Saint-Laurent, Pierre Balmain, qui avaient une résidence secondaire, fréquentaient régulièrement les lieux ou encore Versace, Kenzo ou Valentino. Les stars du rock s’y sont aussi installées à l’instar des Rolling Stones ou Grosby, Stills, Nash and Young qui y furent inspirés pour écrire leur fameux tube «Marrakech Express» Le grand Brel eut pour le palace cette phrase : «La Mamounia reste toujours le rêve civilisé que l’on souhaite croiser plus souvent….».
La nouvelle Mamounia n’en est pas à son premier lifting. L’établissement, filiale de l’Office national des chemins de fer (ONCF), a été rénové à plusieurs reprises : en 1950, 1953 et, la dernière fois, en 1986 par l’architecte André Packard qui a tenté un mix entre la tradition architecturale marocaine et le style Art Déco. Si l’essai fut concluant, il aura masqué quelques perles du lieu.Ainsi, à l’occasion de la récente rénovation, on découvrit que le faux plafond du restaurant gastronomique «Marrakech Impérial», cachait curieusement une superbe fresque du peintre français Jacques Majorelle, l’amoureux de la ville ocre.
Le restaurant a aujourd’hui disparu, donnant place à une galerie au nom de l’artiste au plafond de laquelle on peut admirer la toile restaurée. Autre innovation plutôt malheureuse de Packard, la vue perdue. Au gré des transformations, il avait fini par obstruer, au sein du hall d’entrée, le regard du visiteur, l’empêchant d’admirer d’emblée les jardins séculaires de La Mamounia.
Aujourd’hui, dès que le visiteur franchit le seuil du palace, il se trouve baigné dans une ambiance feutrée avec, en prime, une superbe perspective qui l’invite dès l’abord à découvrir les jardins qui s’étalent sur plus de sept hectares.
L’architecte décorateur Jacques Garcia, maître d’oeuvre de cette nouvelle restauration, a poussé le luxe jusqu’à déplacer légèrement l’allée bordée d’oliviers centenaires pour la placer dans le prolongement de l’entrée. Ce chemin qui mène droit, sur une centaine de mètres, vers le Menzah, sorte de bâtisse qui servait de lieu de repos aux invités du prince Mamoun (qui a inspiré au palace son nom), premier maître de ces vergers qui servaient de lieu de plaisance (nzaha), une coutume alors courante dans les cités marocaines.
L’histoire de La Mamounia est chargée de symboles. Au XVIIIe siècle, le Sultan Sidi Mohammed ben Abdellah avait offert le domaine, actuellement occupé par l’hôtel, à son fils Mamoun en cadeau de mariage, une habitude qu’il a perpétuée avec ses trois autres enfants, Abdeslam, Moussa et Hassan, qui ont tous les trois eu droit à leurs jardins, «arsats», connus encore de nos jours, mais qui n’ont pas eu le destin exceptionnel de Arsat Mamoun.
On raconte encore que durant la période d’avant la Seconde Guerre mondiale, les Américains et les Européens venaient à La Mamounia pour de longs séjours avec leurs meubles pour réaménager leur lieu de résidence selon leur goût.
Nul besoin de trimbaler ses propres meubles désormais de nos jours. A la prochaine ouverture, La Mamounia, avec les transformations qu’elle a subies, sans perdre une seule once de son style, aura franchi un nouveau palier dans l’art de vivre. Tournant le dos au style Art Déco, Jacques Garcia a effectué, pour réaliser les transformations et la décoration du palace, un vrai voyage dans la tradition et l’art de vivre marocains, privilégiant le style arabo andalou dont l’empreinte est présente partout. A titre d’exemple, le tout récent patio andalou qu’on traverse pour aller vers le grand salon, entièrement réinventé par l’architecte, donne l’impression d’avoir toujours été là. Les matériaux utilisés, notamment le zellige noir et blanc ornant de magnifiques colonnes et le tadelakt sur les murs, renvoient à des temps immémoriaux .
On imagine que l’architecte Jacques Garcia a dû donner libre cours à tout son talent et son imagination pour concevoir un spa à la hauteur de la renommée de La Mamounia. On jurerait que ce spa a été là depuis toujours, tellement l’endroit est inspiré par l’art marocain.Là encore on trouve un subtil mélange entre tradition et modernité car les exigences d’un centre moderne ont été plantées dans un décor qui fait appel aux matériaux et au savoir- faire de l’artisanat marocain : marbre, zellige, tadelakt et boiserie se conjuguent avec les arcades, les alcôves et saguias inspirées de la culture locale. Le spa couvrant une superficie de 2 500m2 comprend également des espaces privatifs pour une clientèle qui préfère rester dans l’intimité.
Les produits utilisés, fabriqués exclusivement pour La Mamounia par de grandes signatures, sont aussi d’origine artisanale : savon naturel, ghassoul, fleur d’oranger, etc., et sont en vente dans les boutiques du spa. 80 traitements et soins au total sont proposés aux clients en partenariat avec plusieurs grandes marques.
En dehors du spa, deux piscines, un pavillon de remise en forme et deux courts de tennis en terre battue sont à la disposition des hôtes du palace. Il ne manque plus que le golf, mais les mordus de ce sport sont dirigés vers les meilleurs greens de Marrakech.
La minutie de la signature arabo-andalouse est poussée à l’extrême, jusqu’à faire de la piscine une copie miniature de la célèbre Menara de Marrakech, alors que le restaurant marocain autrefois à l’intérieur de l’hôtel est logé désormais sur le flanc gauche du jardin dans une ancienne villa qui servait autrefois à accueillir des clients désireux rester à l’écart.Du reste, trois autres villas similaires ont été réaménagées dans ce sens pour une clientèle qui ne compte pas son argent. Dans ces villas, aménagées en riads et situées aussi à l’extérieur de l’hôtel, on trouve tout le confort et l’art de vivre de La Mamounia, c’est à- dire, terrasse, piscine, spa, salle de mise en forme, personnel et majordome à disposition, bref, tout ce qu’on trouve dans l’hôtel même,mais en privé, et pour 80 000 DH la nuit seulement.
Au total, La Mamounia offre 214 clés. En plus des villas, on compte 136 chambres de 30 à 45m2 et 71 suites de 55 à 212 m2 – dont la très luxueuse n° 7, baptisée suite d’exception. L’ensemble des pièces s’ouvre sur les jardins et donne une vue imprenable sur le non moins célèbre minaret de la mosquée Koutoubia. Les murs des chambres, du rez-de-chaussée au quatrième étage, sont ornés de photographies en noir et blanc qui évoquent le passé des lieux, ou le passé tout court, dont la réalisation a été confiée à 5 photographes de renom avec charge pour chacun d’eux d’illustrer un étage.
Pour les chambres, les prix commencent à 6 000 DH et varient selon le confort et les options de services demandés. Ceux des suites sont fixés en fonction des options des clients ainsi que des rêves qu’elles sont susceptibles d’évoquer ou de la parcelle de l’histoire qu’elles gardent jalousement. Il faut compter pour y séjourner en moyenne 50 000 DH.
En 2010, La Mamounia table sur un taux de remplissage de 55%, ce qui est supérieur à la moyenne nationale. Fort de sa réputation l’ayant précédé, le palace n’a pas besoin de publicité directe et se contente d’enregistrer ses réservations qui tombent depuis juin dernier par le canal de ses agences partenaires réparties à travers les plus grands marchés émetteurs du monde : Etats-Unis, France, Grande- Bretagne et, depuis peu, la Russie, car il semble qu’il y a une nouvelle clientèle très intéressée. Le palace privilégie des plans médias dans des supports spécialisés qui peuvent atteindre sa cible ou des news-letters pour informer les anciens fidèles de la réouverture imminente.
Une partie de cette clientèle était déjà présente, au moment de la visite, à La Mamounia pour les derniers tests avant l’ouverture.
En effet, aussi bien la partie du personnel qui est restée inactive durant la fermeture que les nouvelles recrues, des oiseaux rares certainement, sont en train de suivre une formation adéquate pour travailler dans un univers de luxe.Durant les trois années de fermeture, une partie des employés a été gardée en réserve avec le versement de l’intégralité de son salaire.C’est mieux que de chercher de nouveaux et de les former…


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