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La croissance pénalisée par le solde négatif des échanges extérieurs

Le rythme de la croissance économique a décéléré tant au premier qu’au deuxième trimestre comparativement aux mêmes périodes de 2018. Les activités non agricoles ont augmenté de quelque 3,6% au premier semestre contre 2,7% au semestre correspondant de 2018. La valeur ajoutée du secteur primaire a baissé de 1,7% sur la première moitié de l’année.

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Croissance Maroc

La situation de l’économie marocaine, telle qu’elle apparaît dans les comptes nationaux arrêtés pour le premier et le deuxième trimestres de l’année, semble tout à fait conforme aux prévisions établies par le HCP dans son Budget économique présenté au mois de juillet dernier. Dans ce document, le Haut commissariat au Plan tablait sur une croissance de 2,7% pour 2019, une estimation bien en deçà de celle (3,2%) anticipée par le Fonds monétaire international (FMI).

Dans les comptes nationaux du deuxième trimestre, que le HCP vient tout juste de rendre publics, la croissance a accusé un ralentissement en variation tant annuelle que trimestrielle. Durant cette période, en effet, le PIB a augmenté de 2,5% contre 2,6% à la même période de 2018 et 2,8% au premier trimestre de cette année. Et le résultat de ce premier trimestre 2019 était lui-même en forte décélération par rapport au trimestre correspondant de 2018 au cours duquel le PIB avait augmenté de 3,5%. Au total, l’activité sur la première moitié de 2019, selon nos calculs, a augmenté de 2,6% au lieu de 3% au cours du premier semestre 2018.

A l’évidence, la conjoncture peut, dans l’absolu, connaître un retournement favorable durant la deuxième moitié de l’année. Cependant, pour le troisième trimestre au moins, l’activité pourrait au contraire se dégrader un peu plus, puisque le HCP estime à 2,4% la croissance durant cette période. La seule inconnue pour ainsi dire reste donc le quatrième et dernier trimestres. Ainsi, pour que l’estimation (et non plus la prévision) de 2,7% de croissance en 2019 se réalise, il faudrait que le PIB pour le quatrième trimestre augmente d’au moins 3%, soit presque autant qu’à la même période de 2018 (2,9%). Ce qui n’est pas garanti, cela va de soi.

A y regarder de près, cependant, 2019 ne serait qu’une étape, une de plus, dans la trajectoire d’une croissance qui, depuis huit ans, peine à franchir un nouveau palier, si nécessaire pour résorber les déficits accumulés. Avec une moyenne de 3% par an durant cette période, le rythme d’augmentation de la richesse nationale a baissé de 1 point par an en moyenne par rapport à la période 2004-2011.

Les deux principales fragilités de l’économie marocaine

Deux variables paraissent expliquer, dans une large mesure, le repli de l’activité durant le premier semestre 2019. Il y a d’abord la baisse de la valeur ajoutée du secteur primaire : -1,1% au premier trimestre et -2,2% au deuxième, selon les comptes nationaux. Cette baisse de la valeur ajoutée du secteur primaire cache toutefois des variations suivant la branche d’activité considérée. Ainsi, si l’activité agricole, pour des raisons liées notamment au recul de la récolte céréalière, a baissé de 3,2% au premier trimestre et de 2,8% au deuxième, celle de la pêche, en revanche, a augmenté respectivement de 18,4% et de 5,1%. Certains pourraient se demander pourquoi, dans ces conditions, la valeur ajoutée globale du secteur primaire a baissé. Eh bien, tout simplement parce que la pêche ne pèse pas autant que l’agriculture. Petit exemple pour illustrer le propos : la valeur ajoutée en termes réels (pas aux prix courants) de l’agriculture au premier semestre de 2019 ressort à 62,6 milliards de DH, et celle de la pêche à 4,55 milliards de DH.

La deuxième variable qui a tiré à la baisse la croissance durant la première moitié de 2019, c’est le solde des échanges extérieurs. Ce solde a contribué négativement à la croissance aussi bien au premier qu’au deuxième trimestre : -0,8 point et -0,9 point respectivement. Pour dire les choses simplement, le PIB a été amputé de près de 1 point, ce qui n’est pas rien, tant au premier qu’au deuxième trimestre. La raison en est que les importations de biens et services ont crû à un rythme plus élevé que les exportations.

Voici donc deux fragilités de l’économie marocaine : l’une est liée à l’offre du secteur primaire, en particulier la branche de l’agriculture, et l’autre à la demande extérieure. Mais si le comportement des activités agricoles dépend fondamentalement de la pluviométrie, un paramètre qui échappe à toute maîtrise, le déficit commercial, lui, peut être attribué, au moins en partie, à la faible compétitivité des exportations marocaines.

Au total, la croissance sur la première moitié de 2019 a été portée, au plan de l’offre, par les activités non agricoles, et, au niveau de la demande, par la consommation et l’investissement, c’est-à-dire la demande intérieure. En effet, la valeur ajoutée des activités non agricoles a augmenté de 3,8% au premier trimestre et de 3,3% au deuxième. La demande intérieure, elle, a progressé respectivement de 3,3 % et de 3,1%. Et les deux principales composantes de cette demande intérieure ont réalisé des niveaux de croissance relativement élevés. Ainsi, la consommation des ménages a augmenté de 3,8% au premier trimestre et de 3,7% au deuxième, soit une hausse de 3,75% sur les six premiers mois de l’année. L’investissement quant à lui a crû de 3% et de 3,6% sur les deux périodes considérées, soit une augmentation de 3,3% sur l’ensemble du premier semestre.

Le problème, plusieurs fois soulevé ici même, est que cette demande intérieure sur laquelle repose la croissance est alimentée dans une assez large mesure par des importations que les exportations sont loin de couvrir. Une difficulté à laquelle le nouveau modèle de croissance à bâtir devrait peut-être s’attaquer…

HCP

HCP

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[tab title= »Le besoin de financement de l’économie s’améliore  » id= » »]Le revenu national brut disponible (RNBD) a enregistré au premier et au deuxième trimestres de 2019 des hausses respectives de 3,4% et de 4% à prix courants. La consommation nationale (également à prix courants) a, elle, augmenté de 3,5% et de 3,8% sur les deux périodes considérées. Résultat, l’épargne nationale a augmenté de 3,1% au premier trimestre et de 4,6% au deuxième, représentant ainsi respectivement 27,8% et 27,1% du PIB. Avec des taux d’investissement brut de 32,8 du PIB au premier trimestre et de 32,1% au deuxième, le besoin de financement de l’économie s’améliore en se situant à 5% du PIB sur le premier semestre 2019 au lieu de 5,4% au même semestre de 2018.[/tab]
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